Aouste sur Sye, ville-étape aux XVIIe et XVIIIe siècles

 

Aouste ville-étape aux XVIIe et XVIIIe siècles




 

 

A cette époque, par temps de paix ou de guerre, les troupes sont presque toujours en mouvement à travers la France pendant la belle saison.

L’envoi par la France de troupes régulières pour la défense du pays, crée le problème du « logement des gens de guerre »; faute de bâtiments adéquats, on loge le soldat chez l’habitant, dans les localités situées sur le passage des troupes, sauf chez celui qui accomplit déjà, à titre bénévole une fonction publique. « Le soldat apportant ses rations, l’habitant fournit, le couvert, la place auprès du feu et le coucher » ; en retour, le soldat peut l’aider dans certains travaux.

Ainsi, l’ordonnance de 1768 prévoit que « lors de l’arrivée d’un régiment dans une garnison où les casernes n’ont pas une capacité suffisante, les troupes sont logées chez l’habitant ». Celle de 1651 prévoyait que le logement des soldats, se fasse en priorité chez les personnes les plus riches. Les frais de logement étaient à la charge de la ville ou communauté, remboursés par les finances du Roi, mais tardivement. Par exemple, à Aouste, en 1766, l’Intendant du Dauphiné demande l’envoi d’un fondé de pouvoir à Grenoble pour qu’il puisse encaisser les sommes dues à la communauté d’Aouste pour le règlement des mulets et fourrages fournis durant la campagne de 1744!

Lors du déplacement de troupes, M. de Louvois, surintendant général, fait dresser, par ordre du roi, une carte générale des lieux destinés au logement des troupes, et à la fourniture des « étapes » sur toutes les principales routes du royaume. Cette carte servit ensuite de règle pour toutes les marches des recrues ou des corps du royaume. Cet itinéraire, appelé « route ou rootte », obligatoire pour les soldats sous peine d’être pendus, sera conservé jusqu’après la Révolution.

Ces lieux, où vivres et logement sont fournis, sont appelés « étapes » d’où le nom « d’étapiers » donné à ceux qui fournissent vivres et fourrage nécessaires aux hommes et aux chevaux.

En recevant l’avis du passage de troupes plus ou moins nombreuses dans une contrée, les consuls des communautés reçoivent l’ordre de faire les avances nécessaires et d’acheter toutes les subsistances : pain, vin, viande, fromage, fourrages, etc…

La liste des logements devant accueillir soldats ou cavaliers et leurs montures est établie par les consuls ou les notables chargés de la communauté, puis approuvée par le commissaire des guerres. Les habitants devaient « l’ustensile » au soldat, c’est à dire le lit, le pot et la place au feu et à la chandelle. A cela s’ajoute la nourriture. Les habitants concernés par l’hébergement des soldats ont la possibilité, au début de chaque année, de choisir de loger et nourrir le cavalier et son cheval contre rémunération, ou se faire ravitailler par «l’étapier» en nourriture mais aussi en lit, avoine et autres accessoires.



Carte régionale des villes-étapes en 1787

 


Par exemple, sur une année, à Aouste, fait étape en 1657, un régiment de vingt compagnies ; en l’année 1659, 7 000 hommes et équipages ; en mai 1660, dix compagnies d’infanterie du régiment lyonnais, et en juin 1660, ce sont cinq compagnies du régiment de Normandie. Les archives communales d’Aouste font état de ces fréquents et réguliers passages de bataillons et régiments.

Les sommes nécessaires à « l’ustensile », sont régulièrement perçues en supplément de la taille (impôt) et portées sur un rôle (liste des imposables) tenu  dans chaque communauté.

 


Reçu de 1690 pour la contribution d’Aouste au paiement de « l’ustensile »

 

Il arrive que l’on doive accueillir plus de personnes que la population résidente, ce qui représente une charge considérable, à tel point que l’on voit parfois des habitants quitter la ville plutôt que d’accueillir les soldats.

Les lieux d’étape ne pouvant suffire à tout obtiennent des aides, c’est-à-dire que d’autres communautés, d’autres villages sont désignés par l’autorité, pour contribuer, à proportion de leurs feux (foyers fiscaux) à la fourniture de ces subsistances, soit en nature, soit en argent. Ordinairement, les communautés sont obligées d’emprunter pour faire ces avances, et ne peuvent rentrer dans leurs fonds qu’au bout de plusieurs années, avec des difficultés sans nombre. De plus elles sont taillables (imposables) pour tout ce qui a un rapport à l’armée : entretien de fort, réparation des routes à usage militaire, transport de soldats malades ou blessés, etc. En 1626 Aouste dut faire un emprunt sur ordre de l’Intendant pour entreprendre les réparations du fort de Fenestrelle. En outre, à titre d’exemple, la communauté d’Aouste paya entre décembre 1680 et avril 1681 la somme de 3 706 livres et trois sols pour l’entretien des troupes.

En comparaison, à cette époque, un journalier recevait en salaire 10 sols par jour; un porc coûtait 10 à 15 livres et un mouton, 3 à 4 livres. Le coût d’un pain de 6 kilos est de 50 sols et une miche peut coûter jusqu’à 17 jours de travail. La livre équivalait à 20 sols.

Les guerres des XVIe, XVIIe et XVIIIe siècles écrasèrent les populations sous le poids des réquisitions, des contributions de guerre et des tailles. Pour payer les frais d’étape et de garnison, les communautés se virent souvent dans la nécessité de recourir à des emprunts ruineux.

A Aouste, en 1667, requête est faite auprès de l’Intendant suite à un emprunt qui n’a pu être remboursé par la communauté dans les délais, provoquant l’emprisonnement du consul et la saisie de ses biens (AM – EE 10/57).

Durant cette époque, la force brutale préside seule aux exigences des autorités militaires, les troupes se conduisent souvent, dans leur propre pays, comme en pays conquis. Elles se permettent mille exactions et, suivant des habitudes contractées dans le cadre des guerres civiles, elles s’emparent de tout ce qui leur tombe sous la main (fruits, légumes, volailles et autres). Les troupes se livraient au pillage sur lesquels l’Intendance comptait habituellement pour assurer l’ordinaire ; le pillage, en effet, est un procédé de ravitaillement courant et valable en campagne.

En outre, l’année de la Révocation de l’Édit de Nantes (1685), l’installation d’un bataillon prend la dimension d’une dragonnade, puisque les familles, plutôt aisées, de « nouveaux convertis », classées sur une liste à part, se voient infliger un contingent notable de soldats et sergents. Un pareil surnombre imposé pour tout l’hiver constitue pour le moins une brimade et un avertissement.

Les populations se trouvent exposées à toutes les vexations, à toutes les violences d’une soldatesque sans frein, les officiers ne peuvent ou ne veulent pas la contenir car ils usent des mêmes procédés. Pour remédier à ces abus, Louis XIV promulgua un règlement le 8 octobre 1650, une ordonnance le 16 décembre 1650 et une lettre royale le 15 juillet 1651.

Ce fut pour pallier cette espèce de pillage, que le roi Louis XIV jugea à-propos de faire fournir la subsistance en pain, vin et viande, dans chaque lieu destiné au logement.

Grande voie de passage héritée de l’ancienne voie romaine, cet axe vers l’Italie et les Alpes qui suit la vallée de la Drôme, est un lieu d’intense circulation pour les gens de guerre. Aouste, étant une ancienne « mansio » romaine, figure comme ville-étape militaire, n’échappe pas à la règle instaurée et, de ce fait, à la charge des communautés.






Aouste et les troupes entre 1627 et 1778

 

Avec les guerres contre les ducs de Savoie dans les conflits de la Guerre de la Ligue d’Augsbourg 1688-1697 et la Guerre de Succession d’Espagne 1701-1714, la vallée de la Drôme donc Aouste, se trouve en permanence sollicitée par les troupes avec tous les inconvénients, plus que les avantages, que cela implique.

Suivons Aouste et sa population de 925 habitants en 1698, selon le recensement établi par l’Intendant du Dauphiné Bouchu, durant cette période d’un siècle et demi.

En voici les plus notables documents, parmi les quelques 600 et plus, dans les archives communales série EE :

1627 : le 17 juin, la communauté doit fournir avec Mirabel le logement et les vivres à dix compagnies du régiment de Navarre avec son état-major mais seul Aouste a fourni vivres et logement, ce qui n’empêcha pas Mirabel de présenter un certificat pour avoir logé un tiers des compagnies, d’où intervention du vice-sénéchal de Crest et instruction d’un procès (EE 1/38) ;

1640 : lettre d’excuses de l’Intendant du Dauphiné pour les exactions commises par les soldats et officiers de passage dans la communauté ;

1643 : rôle de taille servi par le collecteur des tailles de la communauté pour le passage d’une compagnie ;

– 1644 :

– rôle de taille péréquée* (voir lexique en fin d’article) pour le paiement d’étape suite au passage de deux compagnies pour leur fournir vivres et fournitures d’un montant de 80 livres par jour et pour le séjour de plus d’un mois soit une somme de 1500 livres (EE 1/10);

– lors du passage d’une compagnie de chevau-légers* du régiment de Balthazar, à titre d’aide, livraison par Grâne de fourrage et de paille d’un montant de 101 livres 10 sols pour 26 quintaux et 90 livres de foin et 20 quintaux et 70 livres de paille réglé le 22 juillet par le receveur des tailles de Aouste François Eymar (EE 8/34) ;

– ordre de l’Intendant* Prunier de Saint André de décharger Aouste vers Saint-Marcellin de deux compagnies du régiment de Dauphiné suite à l’impossibilité de les entretenir plus longtemps (EE 1/8) ;

– commission ordonnée par l’Intendant suite à l’information par les consuls, communautés et états administratifs d’abus, extorsions, argent, denrées mal payées, mauvais traitements par les soldats sur les communautés pouvant entraîner le mécontentement et des désordres. Responsabilité des officiers sur les soldats et recours éventuel à la justice (EE 1/6) ;

– 1653 : ordre du 15 janvier du duc de Lesdiguières de fournir le logis, les vivres et fournitures à deux compagnies de chevau-légers soit 100 hommes pour un coût de 177 livres à partager avec Saillans pour moitié (EE 1/17) ;

– 1655 :

– taille levée sur les gens d’Aouste suite à un passage de 15 compagnies du régiment de Navarre d’un montant de 46 livres 9 sols 14 deniers, (ce qui correspond au prix d’un boeuf ou au salaire d’un journalier pendant 30 mois !), et pour une compagnie du régiment de Balthazar qui séjournait simultanément à Crest, 3 quintaux 58 livres de foin et 1 quintal 79 livres de paille, et ceci pour chaque « feu »* (EE 2) ;

– ordre de loger ce 20 mars, 4 compagnies de cavalerie chez l’habitant en l’occurrence trois villages (Aouste, Mirabel, Loriol) reçues sans quittance ni certificat et cela environ quatre heures avant leur arrivée ;

1657 :

– ordre de route pour 10 compagnies du régiment d’infanterie du prince de Grand Condé au départ de Vire (Calvados) pour Suze (Italie) et rejoindre ce régiment (EE 3/38) ;

– ordre de route de 120 recrues italiennes du Régiment Royal pour rejoindre ce régiment, de Villaretto (Italie) à Vienne (EE 3/41) ;

– ordre de route du régiment de Vendôme complet soit 20 compagnies avec l’État-major, environ 3000 hommes, de Valence à Saint-Rémy-de-Provence (13) par Montélimar (EE 3/41) ;

1660 :

– ordre de mission donné à un soldat, présenté et contresigné à chaque ville- étape pour qu’il puisse être logé et nourri et ce, aller et retour (EE 6/32) ;

– ordre du roi, du 20 juillet, à la communauté d’Aouste pour fournir 10 pionniers* et 500 livres pour démolir la citadelle d’Orange. Demande d’emprunt par les consuls faute d’argent, suite aux grands froids et au passage incessant des troupes. Remise de la somme en deux fois (140 et 360 livres) à un lieutenant-prévôt dépêché sur place (EE 5/97) ;

– 1664 :

– demande par Aouste de déchargement de l’étape de la route d’Italie pour l’année 1664 au profit de Crest, qui n’est plus temporairement étape depuis 1656, suite à une année 1663 déplorable

– billet-ordre de notification d’un logement : ce billet est remis par un officier fourrier au soldat qui le remet à un logeur, lequel le remet au consul pour paiement, à charge pour celui-ci de le porter sur un registre (rôle) transmis à l’Intendant pour remboursement (beaucoup plus tard, parfois plusieurs années) ;

– 31 juillet, avis d’envoi d’un député à Grenoble suite à l’attribution des taxes afférentes aux dépenses des étapes (EE 7/12) ;

– envoi d’une compagnie de soldats à la charge de la communauté pour faire payer les termes échus des tailles royales 1662/1663; les soldats resteront jusqu’à la totalité du règlement. Par la même lettre, demande de surveillance par le commandant des soldats d’abus occasionnés, de vexations, d’extorsions exercés sur les habitants; information au roi par le châtelain et les consuls de la communauté sur ce qui a été pris (EE 7/11);



Billet de logement de 1664

 

1665 :

– rôle de paiement de vin pris le 14 juillet chez les habitants par 6 compagnies du régiment de Picardie pour 58 pots (1 pot = 1 litre) soit un montant de 42 livres 13 sols pour le passage d’un jour de la troupe (EE 8/18);

– ordre de règlement le 15 octobre par le duc de Lesdiguières de 2100 livres pour Crest et Aouste se rapportant aux quittances des années 1663-1664 et une partie de 1665 concernant la fourniture des étapes (EE 8/10);

– ordre de logement du 20 juillet contresigné pour une mission aller-retour délivré à un soldat des Gardes de Lesdiguières par le Comte de Sault (EE 8/13);

1666 : assignation de payer les taxes royales du 14 août pour l’étape suite aux plaintes de la Généralité* de Grenoble due à un retard de paiement, avant poursuites judiciaires. Règlement de 1200 livres effectué en plusieurs fois dont 400 livres le 20 novembre (EE8/35);

– 1667 : requête des consuls d’Aouste auprès de l’Intendant concernant un emprunt, effectué pour l’étape vers d’Italie en charge depuis 1656, souscrit auprès de particuliers et des religieuses du couvent de Sainte-Ursule de Die pour 6000 livres, ceci dépassant la valeur du terroir d’Aouste. N’ayant pu rembourser seulement les intérêts, entre autre exigés à un taux illégal, le consul a été emprisonné. Demande à Monseigneur Dugué Intendant du Dauphiné de sursis pour les poursuites (EE 8/34) ;

– 1668 : état et compte de la dépense que la communauté et habitants d’Aouste ont souffert en 1668 au passage des troupes du roi pour le logement et auxquelles sont jointes les pièces justificatives (EE 8 – 2° cahier) ;

– 1669 :

– un reçu d’aide du logement de 10 sols pour un billet remis par un soldat du régiment de Fustemberg (EE 9/4) ;

– ordre de paiement pour une aide de secours aux communes de la Généralité de Grenoble, délivrée par Denis le Coux de la Berchère pour la communauté d’Oulx (actuellement commune du Piémont-Italie) d’un montant de 3000 livres suite au passage de 154 compagnies d’infanterie, en cause une dotation initiale insuffisante. La somme demandée à Aouste pour 5 feux, à 25 livres 15 sols le feu, est de 128 livres 15 sols, somme réglée en espèces, la moitié sous 8 jours, l’autre moitié dans 8 jours et à porter à Oulx, en cas de défaut, une poursuite en justice sera engagée. (EE 9/1) ;

–  le 13 septembre, avis de la communauté de Die prévenant de l’arrivée d’une compagnie suisse Stoppa de 160 soldats et deux compagnies de Rambourg de 150 soldats et demandant qu’elle soit avertie dans le cas d’un passage de troupes vers l’Italie (EE 9/19) ;

– ordre de route d’une compagnie, que le roi met sur pied pour le Pape, venant de Neuvy (03) à Toulon ; passage à Aouste le 20 octobre (EE 9/11) ;

– ordre de route d’une compagnie du régiment du Piémont venant d’Italie par Fenestrelle et allant à Crolles (38) (EE 9/7) ;

1670 : ordre de route d’une compagnie d’infanterie de l’Amiral partant d’Avallon (89) et se rendant à Toulon ; passage à Aouste le 31 mars 1670 ; (voir ordre ci-dessous)

1671 : mémoire et demande de décharge d’étape de la communauté d’Aouste suite à d’importantes inondations qui ont ravagé tout le terroir : plusieurs maisons détruites, froid rigoureux, grêle désastreuse en mai et juillet, perte des cultures et faiblesse des redevables, emprunts non remboursés ayant entraînés l’emprisonnement des consuls depuis plus d’un an et saisie des biens L’état de la dette considérable se monte à 60 000 livres Demande de report d’étape sur Crest par une modification de logement justifié. Après enquête de l’Election* de Montélimar, modification de «feu» mais aucun changement d’étape (EE 9/42) ;

1674 : ordonnance du roi du 25 février pour empêcher le convertissement* des étapes en argent, c’est à dire que certains officiers en accord avec les maires (consuls) et étapiers « brûlent » certaines étapes et convertissent la valeur des fournitures en argent (EE 10/22) ;

1676 : ordre de l’Intendant du Dauphiné Dugué de faire porter à Crest pour une compagnie de dragons 176 rations de 15 livres de foin ainsi que de l’avoine. La fourniture se fera pendant un mois (EE 10/43) ;

1677 : requête auprès de l’Intendant pour le règlement d’un montant de 95 livres 2 sols concernant des rations de fourrage fournies à Crest pour l’entretien d’une compagnie de dragons. Malgré les quittances et ordonnances Crest refuse de payer. Après intervention de l’Intendant la dite somme sera régularisée (EE 10/57) ;


Ordre de route de 1670 d’Avallon (89) à Toulon (83) passant parAouste , ville-étape

1679 :

– remise aux consuls des billets de logement portés sur un rôle avec détail des noms des logeurs, soldats, grade et état de ceux qui ont fourni avoine et fourrage (EE 11/53) ;

– rôle d’emprunt fait sur tous les habitants pour payer les logements et fournitures à un régiment de dragons ;- 1679 : rôle de taille en juin pour aide à Dieulefit de 240 rations de fourrage (EE 11 3° cahier) ;

– état de dépense pour le logement d’une compagnie de dragons du 5 avril au 16 mai soit 40 jours avec une charge pour chaque habitant de 16 sols par dragon (EE 10/60 et EE 11 1er cahier) ;

– rôle de taille du 16 mars pour aider au paiement de 200 rations de fourrage pour une compagnie de cavalerie pour un montant de 278 livres soit 235 livres pour les rations et 43 livres de droits et frais divers (péréquation*, contrôle, papier timbré, portage du fourrage, etc.) (EE 11 4e cahier).

– rôle d’emprunt du 26 avril pour les dépenses faites pour l’entretien d’une compagnie de dragons de Monseigneur de Grand Pré et pour aider une autre communauté (EE 11) ;

– rôle de taille du 2 mai pour une augmentation de la taille royale, suite à un arrêt du roi en date du 10 mars, de deux sols par livre sur tous les habitants du bourg soit une somme de 238 livres 16 sols 2 deniers (EE 11 2° cahier) ;

– rôle de taille du 8 décembre pour aide à l’entretien d’une compagnie de cavalerie à Bourdeaux et portage de 134 rations de fourrage pour un montant de 138 livres (EE 11/50) ;

1683 : ordre de logement du 28 août délivré par Nicolas Prunier, Premier Président au Parlement du Dauphiné concernant le logement de 12 compagnies d’un régiment de dragons réparties sur trois communautés : Aouste, Pontaix et Saillans soit un escadron sur chaque communauté (EE 13/22) ;

1684 : ordre de faire « crier » sur la place publique, que ceux des habitants qui ont des billets de logement des « gens de guerre » les remettent au secrétaire de la maison consulaire sous huit jours (EE 13/23) ;

1689 :

– reçu d’habillement et d’équipement pour deux soldats de milice, l’un d’Aouste et l’autre de Suze d’un montant de 70 livres (EE 14/40 ;

– ordre de remplacement par l’Intendant d’un soldat de milice mort ou déserteur. Celui-ci prendra sa place et attendra le passage de son régiment; il lui sera payé 2 sols par jour, aucune arme ni équipement ne lui sera fourni ; mise en garde des consuls sur un meilleur choix des recrues, éventuellement une amende de 30 livres au consul en cas de non respect des recommandations (EE 14/39) ;

– ordre de Jean Bouchu Intendant du Dauphiné en date du 15 novembre concernant la mise en place des quartiers d’hiver avec ses règlements, ses avertissements et ses barèmes de soldes. Le paiement des soldes est exigé pour 10 jours d’avance. Aouste est obligé en forme de sanction de recevoir une compagnie de cavalerie et une compagnie de dragons, car avec son faible revenu, il lui est impossible de se libérer du logement des gens de guerre contre paiement d’une somme majorée, en pure perte et non remboursée sur la taille (EE 14/13) ;

1690 :

– 10 avril, ordre de fournir « des chevaux et mulets armés », aux troupes de passage à Crest par les communes de Aouste (8 chevaux ou mulets à bâts), Vaunaveys, Eurre, Allex, Montoison, Upie, Grâne, Chabrillan, Autichamp, Piégros, Cobonne; à défaut « les contrevenants seront châtiés comme de raison » (EE 14/19) ;

– le 17 juillet demande par un habitant du remboursement d’une mule réquisitionnée par un bataillon et non rendue, le propriétaire menace la communauté d’un procès ; après délibération, consultation de la valeur de la mule par un « expert » et inscription de la somme sur le prochain rôle d’imposition (EE 14/10) ;

– part de la Généralité de Grenoble pour les quartiers d’hiver d’un montant de 197 205 livres ; la part d’Aouste est de 106 livres qui en verse les 3/5 soit 61 livres 17 sols 9 deniers (EE 14) ;

1692 : le 22 février, lettre d’un brigadier demandant, sur ordre du consul de Crest, la fourniture de chevaux ou mulets de bât afin de convoyer des armes, des sabres et autres fourniments pour les troupes en quartier à Suse (Italie), ainsi que l’avoine et le fourrage pour une somme de 2 livres 10 sols (EE 14/20) ;

1693 :

– ordre du 1er avril de l’Intendant Pucelle à la communauté d’Aouste de fournir cinq miliciens pour le régiment de Monseigneur d’Ansage, de les conduire à Grâne le 19 avril, lieu d’assemblée du régiment, avec leur habillement, à la charge de la communauté. Modalités et recommandations sur ce recrutement (EE 14/66) ;

– le 26 mars, suite à délibération, ordre du consul d’Aouste Jacques Lamande au receveur des tailles Claude Bourroulet, de donner à deux soldats de la milice, François Ogier et Hercule Montheillet, 15 livres chacun pour leur départ. La somme sera portée au compte de la communauté. (EE 15/13) ;

1694 :

– le 24 mars, avis de l’Intendant Bouchu : du 13 avril au 10 juin les troupes en place dans la province seront remplacées au même nombre par le régiment de dragons de Bretagne et l’imposition sera maintenue pour le même nombre de places (EE 15/9) ;

– le 24 décembre, suite à l’arrivée d’une compagnie d’infanterie du régiment de Furstemberg, alors qu’une compagnie de cavalerie du régiment de Saint Maurice est en place depuis un mois, une délibération est prise pour solliciter des autorités le déchargement du logement car la communauté très pauvre (925 habitants) ne peut supporter une telle charge en plus des désordres et disputes incessants ;

1695 :

– le 22 janvier, réponse du Maréchal de Catinat invoquant l’impossibilité, pour sa part, de surseoir au logement d’une compagnie du régiment de Furstemberg. Il transmet la requête à l’Intendant (EE 15/11) ;

– le 24 juin, arbitrage du sénéchal de Crest, de Richard entre le consul d’Aouste J. Lamande et la compagnie de Parisot du régiment de Saint Maurice suite à un contentieux relatif au paiement du logement d’un montant total de 163 livres 12 sols 6 deniers pour le quartier d’hiver, dont seulement une partie concernait Aouste, le reste étant pour Saoû et Pont-de-Barret. (EE 15/14) ;

1700 :

– requête de l’exacteur* Jean Pierre Terrail auprès du bureau de l’élection* de Montélimar pour le règlement restant du dernier quartier d’hiver, d’un montant de 74 livres 11 sols 11 deniers; il ne sera réglé que 49 livres 11 sols 11 deniers. En effet, une somme de 25 livres ayant été payée à un lieutenant le 30 janvier, quittance à l’appui (EE 15/27) ;

– requête des consuls d’Aouste auprès de ceux de Crest afin de demander aux communautés voisines d’effectuer le transport des charges d’un régiment de troupes car la communauté d’Aouste n’a plus de chevaux ou mulets à fournir (EE 15/38) ;

1726 : le roi recrute 60 000 hommes de milice en France; le Dauphiné doit en fournir 1 200 hommes soit deux bataillons mais, par ordonnance du 10 juillet 1743, se sera seulement 36 000 hommes. Les hommes de la milice étant équipés par les communautés, c’est une charge supplémentaire que l’État n’a pas à supporter ;

1744 :

– ordre pour les consuls de Aouste de faire « voiturer » du magasin de Saillans à Luc des sacs de grains et de farine, au retour, rapporter les « lettres de voiture » au garde-magasin sous peine de prison ou de garnison militaire et payer 10 sols au conducteur ;- 1744 : registre de 52 pages répertoriant les diverses dépenses militaires, principalement pour le transport de soldats blessés ou malades à 5 sols chacun (EE 16 1er cahier) ;

– ordre de M. Sibeud, subdélégué de l’Intendant à Crest, de faire réparer le pont de Blacons à Aouste et Mirabel. Suite aux crues de la Gervanne le grain pour l’armée ne peut plus être acheminé en urgence ; la population locale est sollicitée à peine de prison et, en sus, les frais de garnison seront à la charge des communautés (EE 16/27) ;

1745 : le 11 octobre, ordre de faire conduire le lendemain à Die un cheval ou mulet de selle, pour le transport de soldats malades, sous peine 20 livres d’amende et envoi d’une garnison militaire et « d’être déclaré responsable du retardement du service du Roi » (EE 16/19) ;

1747 : convocation du 31 mai par Sibeud de jeunes gens pour servir dans la milice et mise en garde aux consuls en cas de mauvaise application de l’ordonnance de sélection des recrues (au moins avoir 16 ans, nouveaux mariés jusqu’à 21 ans, être en bonne santé) (EE 16/28) ;

1751 :

– décompte fait à la communauté d’Aouste pour le paiement d’un cheval loué et d’un cheval mort au service du régiment d’artillerie du Piémont en 1744 pour un montant total de 282 livres (EE 16/12) ;

– décompte fait à la communauté d’Aouste pour le paiement de la fourniture de fourrage et grains au service du régiment d’artillerie du Piémont en 1744 d’un montant total de 506 livres 12 sols (EE 16/13) ;

1755 : le 14 mai demande d’information par le service du roi sur des bandes armées qui envahissent le Dauphiné ; lui communiquer rapidement par lettres envoyées au subdélégué par « exprès » et payer le porteur par avance contre reçu. Informer le subdélégué sur la composition, les routes empruntées, les dates de leur passage, leurs faits ou toutes autres informations sur ces bandes (EE 16/9) ;

1761 : ordonnance du 27 novembre de l’Intendant pour le recrutement de volontaires en vue de remplacer les hommes manquants afin « d’être en état de soutenir une guerre » L’emploi de volontaires ayant été jugé préférable à la milice, le roi licencie par préférence les bataillons de milice et offre pour procurer le succès de cette opération :30 livres d’engagement et « honnête pour boire, gratuitement une culotte, un chapeau, deux chemises, une paire de souliers, une de guêtres, un havresac de forte toile et être de bonne mine, de 5 pieds 1 pouce, bien conformé et ne pas être repris de justice ». L’effectif demandé à Aouste est de « au moins un ou deux hommes » (EE 17/56) ;

1763 : lettre du 8 janvier aux consuls, suite à la séparation des bataillons de milice, tous les effets d’habillement resteraient aux sergents et soldats à condition de les présenter en bon état toutes les fois qu’ils en recevront l’ordre, à charge des communautés responsables de veiller à la conservation des habits et tenues et éventuellement de les remplacer à leurs frais (EE 17/2) ;

1766 :

– ordonnance du 1er mai de l’Intendant au consul pour nommer un fondé de pouvoir afin de permettre la régularisation des dépenses d’utilisation de mulets, chevaux et prix du fourrage de la campagne de guerre de 1744 ; état arrêté en 1745, et seulement réglé en 1752 pour les hommes; paiement suspendu à cause des dépenses excessives de la dernière guerre (EE 17/45) ;

– état de diverses dépenses militaires relatives au secours de 19 soldats ou pauvres malades pour la somme de 3 livres 15 sols. A noter une omission régularisée pour 12 sols à la demande de l’Intendant concernant sa venue en 1744 ! (EE 17/10) ;

1767 :

– récépissé de l’Election* de Montélimar pour la levée et équipement des soldats de milice du premier et second quart des bataillons de Valence et Romans d’une somme de 52 livres (EE 17/9) ;

– proposition du 29 septembre faite aux consuls d’Aouste par M. Sibeud, subdélégué de l’Intendant à Crest pour envoyer un député, Pierre Archinard de Saillans, à Grenoble afin de pouvoir recevoir et acquitter les sommes dues aux communautés de l’arrondissement et ce, sans délai (EE17/19) ;

1768 : lettre d’information du 16 mai signalant qu’une amende de 200 livres a été donnée à un journalier pour l’achat interdit par ordonnance d’une culotte d’uniforme à un dragon, soit 13 mois de salaire d’un journalier! (EE 17/23) ;

1778 : en date du 30 août, les maire et échevin de Crest, Rouveyre d’Ozon et Bernard Achard, suite à la suppression de la maréchaussée par l’État à cause des frais d’entretien trop importants ; demandent aux consuls d’Aouste ainsi qu’aux communautés de l’arrondissement une participation aux frais d’entretien de la maréchaussée et pour son maintien. La communauté d’Aouste refusera de participer à la dépense trop élevée (EE 17/34).


 


Lexique


 

– chevau-légers : les chevau-légers sont plus légèrement équipés et armés que les autres corps de cavalerie. C’est uniquement par cet équipement et cet armement léger que les chevau-légers se différencient des autres cavaliers, car ils remplissent les mêmes fonctions ;

– compteur : receveur des contributions, trésorier ;

– convertissement : changement, échange ;

– élection : sous l’Ancien Régime circonscription financière administrée par des élus ;

– exacteur : celui qui recouvrait les redevances, l’impôt ;

– feu : foyer fiscal ;

– généralité est une circonscription administrative de la France d’Ancien Régime ;

-intendant : sous l’Ancien Régime, l’Intendant était un personnage central de l’administration royale dans les provinces. Son rôle s’apparente, dans une moindre mesure, à celui de notre actuel préfet ;

– livre et sol : la livre est une monnaie de compte utilisée en France dans le système de l’Ancien régime de 1781 à 1795, date à laquelle elle sera remplacée par le franc. Elle valait 20 sols, soit 240 deniers, le sol valant 12 deniers.15 livres équivalent à un mois de salaire d’un journalier ;

– livre : mesure de poids sous l’Ancien Régime équivalait à 0,423 kg et le quintal à 48,95 kg ;

– mesureur : officier public qui a le droit de mesurer certaines marchandises dans quelques marchés ;

– péréquation : répartition égale d’une charge ;

– peseur : personne chargée de vérifier les pesées ;

– pionnier : soldat employé aux travaux de terrassement ;

– visiteur : employé chargé de faire la visite des marchandises, de fouiller les voyageurs à la frontière.

 

Info : Voir aussi  le livre édité par Histoire et Patrimoine Aoustois –  » Aouste sur Sye … au fil du temps « – réédition de 2019

Renseignements mail : histoire.patrimoine.aoustois@orange.fr