Incident sur la voie publique à Aouste en 1832



INCIDENT SUR LA VOIE PUBLIQUE A AOUSTE EN 1832



(A.M. Aouste RV 3 – 1832)
Procès verbal du maire Antoine Tavan adressé au Procureur du Roi


Ce jour d’hui du 8 du mois de juillet mille huit cent trente deux, à six heures du soir, moi, soussigné , moi Antoine Tavan maire d’Aouste me trouvant assis adossé à la maison du sieur Seve Chapelier au moment où passaient cinq charrettes vides dont la dernière conduite par le sieur Gasquet propriétaire et voiturier de la commune d’Allex, canton de Crest nord ; cet individu se trouvant à coté de l’auberge du sieur Chapel a crié aux autres conducteurs de s’arrêter ‘sans doute pour y boire). Alors dans l’intention d’empêcher l’encombrement vu que c’était l’heure où passent ordinairement celles qui vont coucher à Crest en descendant ou à Saillans en montant ; que c’était aussi l’époque où se charriait les gerbes , j’ai cru devoir lui observer que s’il voulait faire halte il fallait conduire les leurs hors du passage, le dit Gasquet m’a grossièrement répondu  » ce que je foutais là moi-même « . Sur une observation qu’une personne assise n’empêchait pas la circulation comme une charrette arrêtée, attendu la facilité de se lever à l’instant, il soutenait que la voie publique devait être libre et que les autres qui étaient comme moi assis mais loin de l’endroit où je me trouvais devaient aussi la débarrasser, enfin une série d’observation grossière de sa part pendant un long espace de temps au point de causer un rassemblement. Fatigué de cette lutte malhonnête j’ai cru devoir lui dire que s’il ne cédait pas à mon invitation comme particulier, je saurais l’y contraindre comme maire. Ce caractère honorable dont j’ai cru devoir me revêtir n’a pas empêché une suite d’apostrophes impertinentes et prolongées qu’il a terminé en m’envoyant promener et disant qu’il me souhaitait de savoir conduire ma place de maire comme lui sa charrette. Cette dernière grossièreté a excité l’indignation de tous les assistants parmi laquelle Monsieur Gresse notaire qui, dans ce sentiment s’est écrié qu’il aggravait ses torts, qu’il mettait le comble à son impertinence. J’ai pour témoins la moitié des habitants de cette commune. Je vous citerais plus particulièrement les sieurs Seve Chapelier, Chapel Henri aubergiste et Hylaire Marchand tailleur. Comme particulier, Monsieur le Procureur du Roi je méprise souverainement ses insultes mais je dois aux fonctions dont j’ai l’honneur d’être revêtu de vous dévoiler des faits qui si oubliés me rendraient méprisable aux yeux de mes concitoyens si je les passais sous silence.