Les remparts d’Aouste sur Sye aux XVIIe et XVIIIe siècles




MURAILLES ET PORTES AUX XVII° ET XVII° SIÈCLES


Entre les XVIIe et XVIIIe siècles Aouste sur Sye devra supporter d’écrasantes charges pour réparer ses murailles afin de sécuriser le bourg.

Au Moyen Âge, les murailles furent une réponse adaptée à l’état d’insécurité dans lequel vivaient les populations et concrétisent la fonction du pouvoir seigneurial.

Les murailles d’Aouste datant du XIe siècle furent détruites au XIIIe siècle et reconstruites aux XIVe et XVe siècles et à nouveau endommagées en 1626 lors du « sac de Aouste« . En 1587 le duc de Lesdiguières, alors chef protestant, fit renforcer les murailles pour en faire une place forte que les capitaines de son gendre Berton de Sault dévastèrent.

Il reste encore visible un pan de la muraille, rue des Remparts. Elles formaient un quadrilatère avec quatre tourelles aux angles aménagées pour permettre de surveiller les abords immédiats de l’enceinte. De ces tourelles il ne reste rien, le dernier vestige dénommé  » la Tourelle », (aussi mentionné « Tour des Campanes » ), situé à l’angle nord-ouest a été démoli en 1932 par mesure de sécurité. Les trois autres tourelles se situaient; une au nord-est , en amont du pont de Sye, une autre à l’angle sud-est vers le confluent de la Sye et de la Drôme, et la troisième aussi à l’angle sud-ouest en bout de la rue des remparts. Cette muraille, haute par endroits de plus de 10 mètres, délimitait le bourg, au Nord, par la rue actuelle de l’Allée prolongée par la rue des Moirans, et par deux remparts naturels, la Sye à l’Est et la Drôme au Sud, à l’Ouest par l’actuelle rue des Remparts.

Au XVIIe siècle, au pied des murailles Nord et Nord-Ouest existait un grand « plaçage » (lieu où se tenait les marché) allant de la porte de Surville à celle de Saint Christophe d’environ une dizaine de mètres de large appelé « les fossés » qui servaient de promenade et arrentés comme pacage. Pendant les guerres de religions, Jean de Grammont, seigneur de Vachères, s’étant emparé du bourg en fit creuser des fossés et les fit remplir d’eau. Toutefois, déjà, en 1594 par trois délibérations (les 12/3, 25/4 et 6/11), en conseil privé et assemblées générales, il fut demandé de les faire mettre les fossés en eau pour se préserver des compagnies de soldats qui se trouvent dans les villages voisins.

Quatre portes permettaient l’accès au bourg. Une au nord, la porte de Surville qui ouvrait sur la route de Cobonne (route de Saint Jean en Royans à Nyons) qui après avoir traversé le bourg débouchait au sud sur la porte du Pont de Drôme où existait un péage; une à l’est, la porte de Sye ouvrant sur la route de Die, route royale actuelle RD 93; et une à l’ouest, la porte Saint Christophe en direction de Crest.



Rue des Remparts (à droite, vestige de la muraille)

Pendant ces deux siècles, et même auparavant, l’entretien de ces murailles et de ces portes, afin d’assurer la continuité de la sûreté de population, nécessitait un investissement financier important, ce que la communauté d’Aouste ne pouvait assurer faute de ressources suffisantes Le peu de revenus qu’elle avait de ses rentes s’élevait suivant les années entre 40 et 60 livres . Elle dut avoir recours à des emprunts par voie d’imposition sur les habitants après accord de Mr l’Intendant de Grenoble. Ainsi, à titre d’exemple, en 1655, 53 livres sont empruntées à certains bourgeois de la communauté pour subvenir partiellement aux frais et dépenses qu’il était nécessaire afin de réparer les brèches et murailles d’Aouste. En 1686 une imposition de 500 livres fut exigée pour reconstruire la muraille de Sye écroulée dans la rivière, et le 2/10/1689 une autre demande de 300 livres est formulée pour réparer les brèches et trous des murailles.

Les années 1655/1656 semblent être les plus grosses réparations effectuées sur deux années, 213 livres en 1655 et 340 livres en 1656, représentant pour ces deux années 1102 journées d’homme pour les réparations des murailles et un total de 782 livres sur toute la période 1630/1723. Pour les portes, les dépenses sont de 235 livres en 1655/1656, et 551 livres sur toute la période de 1630/1737.

De même il est payé des gages annuellement renouvelables par mise aux enchères pour fermer les quatre portes du bourg. A titre indicatif, en 1661, comme il a été délivré à la place de la Croisière lors de la délivrance des émoluments de la communauté pour leurs gages d’une année, Barthélemy recevra 6 livres pour celle du pont de Drôme, Simon Chabert 6 livres pour celle de St Christophe et Pierre Lambert le Jeune 4 livres pour celle de Surville,

Durant ces périodes agitées et incertaines, la sécurité des habitants était à ce prix.


La tourelle en 1910, dernier vestige des remparts, au centre et au second plan