Le tramway dans la Drôme



LE TRAMWAY DANS LA DRÔME
 
La ligne Valence-Crest





C’est le 18 septembre 1891 que «Les Petites Affiches de Paris», journal légal parisien, annonce la première Assemblée Générale Constitutive de la Compagnie des Chemins de Fer de la Drôme.






Les lignes

Les locomotives Pinguely

La ligne Valence à Crest

Quelques incidents sur cette ligne

Le tramway de Valence à Crest

IValence

II – Malissard

III – Beaumont

La seigneurie

IV – Montéléger

V – Montmeyran

VI – Upie

VII – La Rochette

VIII – Vaunaveys

Le tramway de Crest en images

Notes





Le début d’activité est consacré à la construction des lignes de tramway à voie métrique. Les deux premières lignes, Saint-Vallier / Le Grand Serre et Dieulefit / Montélimar, sont ouvertes en 1893.
Huit lignes furent ouvertes. pour la plupart isolées les unes des autres. elles avaient leurs origines sur l’axe P.L.M. (Paris-Lyon-Méditerranée) de la vallée du Rhône. elles s’arrêtaient aux limites du département.
La première liaison fut ouverte le 29 octobre 1893, c’était de Saint Vallier au Grand Serre,
Par la suite, le réseau comptera jusqu’à 10 lignes, dont une électrique entre Saint Péray et Valence.
Il fait partie des Chemins de Fer Secondaires de France, dont les principes ont été définis en 1880 par la loi sur les chemins de fer d’intérêt local.
Par résumé d’économie le tracé de ces lignes suivait presque entièrement en accotement des routes.
Ces infrastructures moins coûteuses à la construction, permettent au réseau national secondaire de se développer très rapidement pour atteindre, à son apogée en 1920, 23 000 kms.
Les lignes du réseau de la Compagnie des Chemins de Fer de la Drôme a autant vocation à réaliser du transport de marchandises que de voyageurs.





 




D’importantes difficultés financières au sein de la Compagnie des Chemins de fer de la Drôme, obligent cette dernière à interrompre tout trafic en octobre 1920. Les coûts de maintenance de l’infrastructure ferroviaire, l’impact du premier conflit mondial, alliés à l’exode rural et le développement du transport routier lié à l’arrivée d’autobus modernes ont pour conséquence la fin de l’activité de la Compagnie des Chemins de Fer de la Drôme en 1921.
Placé sous séquestre, le réseau fut racheté par le département de la Drôme en 1922. Pour le rentabiliser on mit en service sur certaines lignes un réseau train voyageurs et autobus pour terminer avec des autobus et autocars.
La société est donc rachetée le 20 octobre 1921 par le préfet de la Drôme au nom du Département, et devient la Régie des Chemins de Fer de la Drôme. Toutefois les difficultés financières perdurent et les lignes ferroviaires ferment au fur et à mesure.
La Régie des Chemins de Fer de la Drôme se transforme en Régie Départementale des Chemins de Fer et Autobus de la Drôme, puis une nouvelle structure voit le jour en 1922 : la Régie Départementale des Autobus de la Drôme (RDAD).
L’exploitation ferroviaire cessera en 1935 et sera remplacée par une exploitation routière.
De 1935 à 1939 on déclassa toutes les lignes qui furent déposées et remplacées par un réseau d’autobus.
Du jour où on ouvrit la première liaison au dernier jour du déclassement, 46 ans s’écoulèrent.
Ce fut une vie bien éphémère pour le réseau.
A ce jour, l’héritière de cette histoire est la Régie Départementale des Autobus de la Drôme (Régie Voyage Drôme






 




 


Les lignes

  • St-Vallier – Le-Grand-Serre.
  • Dieulefit – Montélimar
  • Valence – Bourg-de-Péage.
  • Romans – Tain – St-Donat
  • Bourg-de-Péage – Le-Royans.
  • Valence – Crest
  • Taulignan – Chamaret.
  • Chatillon – Pont-de-Quart.
  • Tramway-Valence – St-Péray.





Les locomotives Pinguely




Cette entreprise de Lyon a été créée par Alexandre Pinguély, lorsqu’il reprend, en 1881, les établissements Gabert frères, qui depuis 1855 sont spécialisés dans la construction de grues, de dragues et de pompes. Elle a construit des locomotives et automotrices à vapeur entre 1889 et 1931, puis s’est essayée sans succès dans celle de locomotives diesel. Elle se procurait ses chaudières auprès des Etablissement Paponeau de Rive-de-Gier. Entre 1881 et 1932 Pinguely fabrique 361 locomotives.
Dans les années 1930, la firme abandonne la construction des locomotives. En 1984 la firme devient Pinguely Haulotte, rachetée par la holding Solem ,et fusionnant avec le fabricant de matériel de manutention Haulotte. En 1989 Solem achète la majorité des actifs de Pinguely.
Les locomotives sont destinées aux réseaux de chemins de fer secondaires, tramways à métrique. La majorité des locomotives sont de type 030 tender (trois essieux moteurs).
La firme produit également des automotrices à vapeur, constituées d’un compartiment fourgon, d’un compartiment pour les voyageurs et d’une chaudière avec poste de conduite. Ces véhicules sont à bogies.
Cette entreprise a fourni en 1906, 4 locomotives Cn2t neuves aux Chemins de fer de la Drôme , sous les numéros 23 à 26 pour l’exploitation de la ligne Valence-Crest.




 

Locomotive Pinguély T30
Locomotive Pinguély 230 T de 1906
Lignes en 1928
Horaires Chaix 1914




LA LIGNE VALENCE A CREST

 
 
Ouverture de la ligne le 5 novembre 1906 –
Fermeture le 1er octobre 1934.
Arrêts : VALENCE P.L.M. – GARE VOYAGEURS – PLACE DE LA REPUBLIQUE – LES MARTINS – MALISSARD – BEAUMONT LES VALENCE – MONTELEGER – MONTMEYRAN – UPIE – VAUNAVEYS – LA ROCHETTE – CREST.
Cette ligne avait une longueur de 27 Kms.
Le tramway de Crest à Valence, devait, à l’origine s’arrêter à Upie… C’est ce qu’avait décidé le Conseil Général de la Drôme, réuni sous la présidence d’Emile Loubet, le 22 août 1894.
Cette décision s’explique sans doute par le fait que la ville de Crest était déjà desservie par le chemin de fer du P.L.M.
La réaction de la municipalité de Crest, si elle a été longue à se manifester, n’en a pas été pour le moins vigoureuse et en tout cas efficace, puisque la demande prolongement jusqu’à Crest, présentée le 26 août 1899, a été acceptée.
Réuni le 21 avril 1904, le conseil municipal de Valence examinait un volumineux dossier relatif à la construction de cette ligne ; un seul obstacle majeur paraissait s’opposer à l’ouverture : la circulation ferroviaire très chargée sur l’avenue de Chabeuil, où circulaient déjà dix trains depuis 1891 (Valence-Chabeuil). Six trains journaliers étant prévus sur Crest, il faut bien reconnaître, malgré une circulation routière insignifiante, que l’avenue de Chabeuil risquait d’être saturée. C’est pourquoi le conseil municipal, très prudent, avait prévu une déviation entre le Séminaire et le faubourg Saint-Jacques, par l’avenue de Romans.
Finalement, les deux lignes restaient communes jusqu’aux Martins, où elles se séparaient pour desservir Chabeuil et Crest.
Ce même jour, le conseil municipal de Valence décidait « l’utilité publique ».
Le projet d’exécution fut présenté le 12 décembre 1904 par la Compagnie des Chemins de Fer Départementaux, et approuvé le 10 février 1905.
Après une sérieuse reconnaissance de la ligne, le 2 novembre 1906, son couverture a eu lieu trois jours après.
A noter qu’il y eut, entre temps (en 1901) un projet de raccordement entre les gares de Montmeyran et Chabeuil, mais ce projet devait rester dans l’ombre, malgré les perspectives séduisantes d’une liaison directe Chabeuil-Crest.
Le premier arrêt avait lieu à la bifurcation des Martins, puis le « tacot » desservait Malissard, Beaumont lès Valence, Monteléger, Montmeyran, Upie, Vaunavey-La Rochette et cinq arrêts facultatifs, où l’on faisait du « train-stop ». La S.N.C.F. a d’ailleurs repris cette formule sur certaines lignes.
Sans doute, le trafic voyageurs devait-il être très important, puisque le conseil municipal de Crest avait demandé, dans sa réunion du 21 juin 1908, la création d’un train supplémentaire. Satisfaction a été donnée à cette requête.




 




Les ateliers de réparation et le dépôt principal se trouvait à Valence (La Cécile) où existent encore les bâtiments. Mais pour être plus à l’aise, les responsables ont présenté, le 3 octobre ….. une demande d’agrandissement justifiée par l’important trafic de la ligne Valence-Crest.
A Crest existait un deuxième dépôt, dans lequel deux machines stationnaient.
Trois réservoirs d’eau de 7,45 m3 – car nous étions à l’ère de la vapeur – permettaient aux mécaniciens de faire le plein du tander à Beaumont lès Valence, Upie et Crest.
Le matériel comprenait deux locomotives de 23 T., N° 23 et 24, et deux de 18 T., N° 25 et 26.
Il y avait trois voitures mixtes 1ere et 2e classes et dix de 2e classe, deux fourgons, dix wagons couverts et quinze wagons tombereaux.
Un étrange véhicule digne de la plus fabuleuse fiction qui, en 1899, fut inauguré sur la ligne de Crest et qui eut une station à l’entrée du Faubourg. On l’appelait Train Scotte. C’était une sorte d’autobus à deux étages transportant six personnes à l’intérieur et trois sur l’impériale ! Pour véhiculer ces neuf passagers et deux conducteurs à la vitesse de quinze kilomètres à l’heure, on brûlait 5 kilos de coke au kilomètre !
L’ingénieur des Ponts et Chaussées de l’époque constate que le Train Scotte est capable de « changer de direction aisément, et qu’il n’effraie pas les attelages ».
Malheureusement ; il défonce en quelques semaines la chaussée de Crest et s’arrêtera après un bref délai.





 

Le train Scotte


Quelques incidents sur cette ligne



Le 6 novembre 1906, le train N° 6 n’a pu franchir la gare de Montmeyran par suite d’un affaissement de la voie qui s’est produit à 50 mètres du bâtiment voyageurs… Grâce à la vigilance du chef de gare, le train a été arrêté et il n’y a pas eu d’accident… Cet affaissement provenait de l’existence, sous la gare de Montmeyran, de galeries d’une ancienne exploitation de pierre.
Le 19 novembre de la même année, le train N° 6 tamponna et tua un bœuf.
Le 1er décembre (toujours en 1906), le vent violent a mis en marche un wagon vide station en gare de Malissard…. Pas d’accident, mais dès ce jour, la Compagnie a fait remettre au chef de gare une chaîne et un cadenas dont il conservera la clé afin d’enchaîner les wagons en stationnement à sa gare…
Fermée au service marchandises le 1er juillet et au service voyageurs le 1er octobre 1934, la ligne Valence-Crest a, comme toutes les autres voies métriques, été victime du progrès, un progrès bien vorace, qui avale gloutonnement tout ce qui était un peu le folklore régional. Il était pourtant noble et agréable ce « teuf-teuf » sillonnant la riche vallée, avec son sifflet strident qui effrayait les oiseaux et les troupeaux, mais qui était si familier aux riverains de la rive ferrée !


 

II



Maintenant intéressons-nous au trajet et aux stations de la ligne Valence – Crest avec l’article d’A. Lacroix paru en 1907/1908 dans le Bulletin de la Société d’archéologie et de statistique de la Drôme




 

LE TRAMWAY DE VALENCE A CREST



I. VALENCE



Son point de départ, au lieu d’être placé à la Cécile (1) entre Valence et les Baumes, se trouve fixé auprès de trois statues différentes, l’une à la gare du P. L. M., représentant le député Désiré Bancel, qui a manqué le train ; la deuxième à la Porte-Neuve, consacrée à Emile Augier et à sa suite énigmatique, et la troisième au Faubourg Saint-Jacques, érigée en l’honneur de M. de Montalivet, ancien maire de Valence et ancien ministre de l’Intérieur.
Sous la triple égide de la politique, de la littérature et de l’administration, le touriste peut de la sorte compter sur un heureux voyage. Entre ces trois stations, le parcours s’effectue par la gracieuse avenue de la gare, par le Champ de Mars en face de la vallée du Rhône et des ruines de Crussol, et par la grande et belle promenade où d’élégants hôtels ont remplacé les mesquines constructions adossées naguère aux anciens remparts romains. Coupée à angle droit vers son milieu, elle dépasse le faubourg Saint-Jacques, formé en 1727, de trois ou quatre maisons à peine, et tout vivant d’animation sous le Premier Empire, à l’époque de la grande prospérité du roulage qu’entretenaient les routes de Paris à la Méditerranée et celles de Valence, Romans, Grenoble et Genève. L’ouverture toute récente des voies ferrées de Valence à Crest et à Pont-en-Royans, établies dans ce quartier, ne lui a pas encore rendu son ancienne activité et l’absence d’édifices somptueux ne lui attire point l’attention publique. Après les prisons départementales l’horizon s’élargit soudain, et le vaste édifice construit de I834 à 1838 par M. l’architecte Epailly, pour servir de séminaire, apparaît au bord du plateau qui sépare la plaine de Chabeuil de la vallée du Rhône. Sa principale façade regarde au levant les dernières assises des Alpes et comprend, outre deux ailes latérales, un corps de logis à plusieurs étages avec fronton, reposant sur de nombreuses arcades qui forment galerie.




 

II . MALISSARD



L’ancienne forêt delphinale de Chabeuil finissait jadis près de là et la bifurcation de la ligne de Valence à Crest d’avec celle de Valence au Vercors sera bientôt pourvue, sans doute, d’une petite gare. En attendant le signal du départ, le spectacle le plus grandiose s’offre là aux regards du touriste: Au levant, les Alpes, au couchant, les Cévennes, au nord et au midi, une immense plaine dont les monticules et les fermes multiplient les variétés de tons, de couleurs et d’aspects. — Pour grossir les revenus de leur grande forêt, les rois dauphins et les princes de Monaco, leurs donataires, firent surtout abandon, sous les noms d’albergement, d’emphytéose ou d’accensement, de quelques lots de bois propices à la culture, moyennant l’obligation d’en payer l’impôt. Ainsi dans cette grande plaine, on remarquait en 1790, le domaine des Riviers appartenant aux évêques de Valence, ceux de la Ruelle et de l’Abbaye, propriétés des chevaliers de Malte, ceux de la Busatte et de Saint-Ruf, aux chanoines de ce nom, celui du Grand-Rousset aux Ursulines de Valence, ceux de Billard et des Moulins ou Fontaines, aux religieuses de Sainte-Marie. La classe populaire y était représentée aussi par les Martins, les Berthets, les Silvains, les Bérards et autres dont le nom resta attaché à leurs premiers défrichements. Plusieurs familles réunies formèrent même un hameau et ensuite un village, dont le nom révèle clairement l’origine; il s’appelait Mal-Eyssart en 1504, à cause sans doute du peu de fertilité de son sol et comptait en 1727, seulement 89 habitants. Erigé en paroisse en 1769, sous la dépendance du prieuré de Chabeuil, il a été déclaré commune le 19 août 1867.
 

Malissard n’a vraiment rien d’extraordinaire
Capable d’éblouir la rétine oculaire,
Rien de beau, rien de laid, rien de monumental (2)
Vous doutez ? Allez-y. Vous verrez au total,
Sans trottoirs ni pavés, quatre petites rues
En longueur, en largeur bien vite parcourues,
Son agrément ne vient ni d’un bel horizon,
Ni d’un climat bien doux en la froide saison;
Mais c’est que Malissard est un champ de bataille.


Or, depuis la publication du Poème héroï-comique en six chants de M. Louis Roure sur le Curé de Malissard, de nombreux autres combattants ont surgi et diminué le renom des premiers lutteurs.
La nouvelle commune de 1016 hectares d’étendue et de 634 habitants possède une gare, des écoles, des bureaux de poste et de bienfaisance, une église et une mairie. Elle est distante de Chabeuil, son chef-lieu de canton, de cinq kilomètres et de six de Valence. Vouée entièrement à l’agriculture, elle n’attend que de bonnes récoltes pour se développer et s’enrichir.
Après ce village, vers le Pont-de-Quart, ainsi nommé de sa distance de Valence, la voie ferrée se rapproche d’une colline sablonneuse et boisée qui change brusquement la physionomie du paysage. De son côté, Beaumont qui est proche, offre déjà le sommet du coteau dénudé auquel le bourg doit son nom.




 

III – BEAUMONT



Une gare modeste permet de s’arrêter en cet endroit, On attribue aux Romains la route de Milan au Rhône par Luc, Die et Crest ; toutefois, l’absence d’inscriptions antiques à Beaumont, semble peu favorable à cette hypothèse, car un peuple civilisé ne laisse pas dans l’oubli les noms de parents ou d’amis regrettés, ni la croyance aux divinités protectrices.
Seulement, il est permis de supposer l’existence d’un bourg primitif, un peu plus à l’ouest, vers Laye et Lorient, où des tuyaux de fontaines en plomb, des fragments de statues, des monnaies, des bagues et des tuiles plates ont révélé une villa de quelque importance.
Les invasions barbares du Ve siècle avaient peu changé la face du pays, jusqu’à la chute, en 1032, du trône élevé à Mantaille par Boson. A cette date les comtes d’Albon, devenus Dauphins de Viennois, et les comtes de Valentinois qui, au moyen de la recommandation, s’étaient créé une puissance territoriale étendue et des vassaux fidèles et dévoués, songèrent à asseoir leur autorité féodale au moyen de bourgs fortifiés. Les Montvendre et les Latgier, Lagier ou Légers, paraissent installés dès lors dans les environs de Beaumont.






Cependant, l’ Itinéraire du pèlerin de Bordeaux à Jérusalem qui remonte à l’an 333 de notre ère, rappelle seulement les stations et haltes de Valence, Aouste, Saillans, Die et Luc. Il n’en n’existait pas d’autres alors. Le seul monument postérieur resté debout accuse par. son plan, son clocher et l’ornementation de ses croisées, les inspirations architecturales du XIe siècle. Mais à quel ordre religieux avait été confiée la direction de la paroisse ? Ici commencent les difficultés. Des auteurs guidés par le cartulaire de St-Chaffre, voient les religieux de Cluny dans les fondateurs de la paroisse, et d’autres écrivains, les Bénédictins de La Chaise-Dieu, établis en 1050 à 20 kilomètres environ de Brioude. Tant que la charte de création de la paroisse par les évêques de Valence ou par les comtes de Valentinois restera ignorée, l’origine de Beaumont le sera aussi. Un fait certain c’est que les remparts et la porte à ogive surbaissée servant de tour à l’horloge, accusent une époque moins reculée que celle de l’église, déjà terminée en 1166, et prouvent ainsi l’antériorité de la paroisse sur celle de la seigneurie.
On sait qu’à ces époques lointaines la création d’une paroisse s effectuait au moyen d’une dotation foncière, destinée à l’entretien du clergé, des édifices du culte et des pauvres, et que la dîme ajoutée à ces revenus assura longtemps une situation avantageuse au clergé paroissial.
Toutefois, le régime des commendes attribuant au roi la distribution des grands bénéfices ecclésiastiques ne fut pas étranger aux progrès de la Réforme et aux excès de la Révolution. Les cultivateurs qui voyaient leurs récoltes servir à l’entretien de trois ou quatre religieux affectionnés à leurs devoirs, se mirent à murmurer quand ils surent que de grandes familles, comme celles des Villars, des Lione et autres, emportaient au loin leurs denrées et confiaient le service paroissial à des mercenaires. Les revenus du prieuré variaient de 1700 à 2085 livres.
A l’histoire de la paroisse succède celle de la seigneurie.



La seigneurie


En 1157, lorsque les empereurs d’Allemagne, successeurs des Bosonides et des Hugonides, confirmèrent aux évêques de Valence la possession d’Etoile, Fiancey, Monteléger, Montvendre, etc., Beaumont ne faisait pas encore partie de leur domaine, mais il ne tarda pas d’y entrer. En 1183, Humbert de Montvendre, fils de Pierre, désirant témoigner sa reconnaissance aux prélats valentinois, bienfaiteurs de sa famille, donna à Odon, l’un d’eux, ses biens de Montvendre et de Beaumont sous la réserve de l’usufruit. Dès 1222, le successeur d’Odon, les abandonnait à Silvion de Crest, moyennant 100 livres de pension annuelle et la promesse de payer ses dettes et ses aumônes jusqu’à 32 000 sols. Ce jeune gentilhomme, héritier des Arnaud de Crest, devait épouser la fille du seigneur de Montélimar et se rendre en Angleterre, quand des contrariétés et des déceptions changèrent soudain ses résolutions de grandeur chevaleresque, car au lieu de franchir les mers, il entra dans le clergé et devint doyen du chapitre de Valence.
A la mort de Silvion de Crest, Beaumont fit retour aux évêques de Valence et peu à peu ils en morcelèrent le territoire au profit de familles du voisinage. On trouve ainsi en 1283 et 1336 Guillaume de Montmeyran et Andace Guyon parmi les vassaux de l’Eglise valentinoise, en 1392, Giraud Picon, en 1475, la veuve de Louis de Crussol, en 1481 et 150I, Pons de Beauchastel et Jacques de Penchinat. Non contents de s’assurer l’appui de vassaux dévoués, les évêques, à partir de 1338, commencèrent la construction de remparts et de tours en vue de parer aux éventualités d’un coup de main. On sait que de 1385 à 1390 des bandes de Raymond de Turenne, ennemi des papes et des comtes de Valentinois, tentèrent de s’emparer du bourg et que les archives de Valence mentionnent une dépense de 300 florins, lors de la prise de la place, et de 27 pour les frais de transport d’une bombarde et de l’artillerie prêtées par le pape. Cinq à six ans plus tard, les habitants traitaient avec Charles VI pour obtenir la sauvegarde royale qui ne leur fut jamais utile (3).
Le malheur des guerres civiles du XVIe siècle ayant exigé la vente en 1577 de la juridiction haute, moyenne et basse de Beaumont et du four seigneurial, André de Chastellier les acquit le 15 février au nom de Jean, seigneur de Milieu, intendant des finances du roi, au prix de 4010 livres et l’engagement d’apporter à chaque changement d’évêque un oiseau de proie, tiercelet, vautour ou faucon « prêt à voler », et de rendre hommage au prélat. La faculté de rachat stipulée dans l’acte permit à Charles-Jacques de Gelas de Leberon de rentrer en possession, le 8 septembre 1637, des droits de ses prédécesseurs à Beaumont.
Ces droits, d’après les concessions anciennes et un accord de 1456 avec Louis, Dauphin, comprenaient toute juridiction et la faculté de nommer les juge, procureur d’office, greffier, sergents et gardes, l’hommage dû par les vassaux ou tenanciers, les censes et rentes stipulées pour cessions de territoire, les lods au 5e denier, en cas de vente de fiefs et de fonds arrosés, les eaux vives et mortes, les chemins publics, le four banal entre la place et la rue du parlement, le droit d’aubaine, les fossés, la place entourée d’ormeaux dite le Besset, un terrier ou livre des redevances féodales pour 355 articles d’immeubles et 150 tenanciers, évalué 680 livres en 1728. Il suit de là que le seigneur ne percevait rien d’extraordinaire et que les particuliers en qualité de vassaux n’avaient à supporter aucune charge différente de celles de l’Etat, possesseur aujourd’hui du haut domaine (4). Quant aux droits honorifiques, Mgr de Grave les vendit en 1786 à M. de Bernon de Monteléger et à M. Cartier de la Sablière, de Livron, au prix de 2.200 livres affectées à la construction d’une chapelle près de la cathédrale.
Les redevances foncières, censes et dîmes, dues au prieur et au seigneur, librement consenties, constituèrent d’abord les seules charges de la population ; sous Charles VIl et Louis XI, naquirent les dons gratuits, noms primitifs des impôts fonciers en Dauphiné. Il fallut pour les asseoir des cadastres et pour les recevoir diverses catégories de fonctionnaires. Les documents sur la période antérieure à 1617 ayant péri pendant les premières guerres civiles, on n’est pas renseigné sur la condition des habitants avant cette date. On sait seulement que l’agriculture seule soutenait alors la population et que son appui, faute de bétail et surtout de fécondité du sol, se bornait à la production de l’impôt, comprenant les tailles qui allaient à 5,000 livres, la capitation à 1515 et les charges locales à 400 livres. Son administration municipale appartenait à deux consuls et à des assemblées des chefs de famille, depuis le XVe siècle.
Outre le manque de récoltes, les passages fréquents de troupes et les procès créaient à la communauté de très lourdes charges, sans parler des écoles, des pauvres et des édifices du culte réduits à un seul en 1806.
D’après les archéologues, l’église avec le temple offre une grande porte dégradée d’un style roman primaire et au-dessus une belle fenêtre en roman secondaire ; à l’intérieur se retrouvent aussi deux époques distinctes la partie supérieure semblable à celle de St-Apollinaire de Valence, et l’inférieure à un style plus ancien. En résumé, les fenêtres aveugles par groupes de trois, l’abside principale et les absides du chevet offrent un type curieux, et quelques chapiteaux de la nef latérale d’un très beau style méritent l’attention.
Au point de vue pittoresque Beaumont avec ses rivières de l’Ecoutay et de la Véore et avec son église romane mérite l’attention du touriste, comme son industrie intéresse le département. Il possède aussi une source assez abondante pour mettre en mouvement une fabrique à soie et diverses propriétés comme celles de la Boulinarde ayant appartenu à M. Planel et à l’encyclopédiste Daumont, né à Grenoble, celles de Chirac, de Laye et quelques autres.

 


IV – MONTELEGER



A l’extrémité sud de la colline choisie par les habitants de Beaumont pour asseoir leurs demeures à ses pieds, une autre agglomération s’installa, vers le même temps, en face d’un gracieux paysage. Latgier, Lagier ou Léger, son fondateur lui laissa son nom, d’où Castrum Montis Latgerii, Montlagier, Montelégier et Monteléger. On ignore l’origine de ce personnage et de ses biens ; mais comme aux débuts de la féodalité, il y avait seulement dans la région quelques familles puissantes, notamment celle des Geilon ou Geilin, prédécesseurs des Poitiers, et celles des Clérieu, des Arnaud de Crest et des seigneurs de Chabeuil et d’Etoile, il est permis de croire à la possession du sol par Léger, mari de Fida de Clérieu, dont le fils devint archevêque de Vienne de 1030 à 1070. Cette hypothèse est même justifiée par les droits féodaux, en 1328, d’un Guichard de Clérieu, sur un gentilhomme d’Etoile propriétaire à Montmeyran (5).
Avant 1157 et 1238, dates de la donation de Monteléger aux évêques de Valence par les empereurs d’Allemagne, Frédéric 1er et II, le village chef-lieu de la seigneurie n’est guère mentionné que lors de la restitution de ses dîmes, en 1181, par Guillaume de Poitiers au prieur de Montmeyran.
Parmi les successeurs d’Eudes ou Odon, alors évêque de Valence, qui approuva cet acte de justice, apparaît en 1311, Guillaume de Roussillon auquel Arnaud de Rochefort près de Barbières, refusa l’hommage. Comme le prélat recourut à la force des armes pour rappeler à ses devoirs féodaux ce vassal insoumis, celui-ci, à son tour, porta le fer et le feu dans la terre épiscopale à titre de représailles.






La crainte de quelque équipée semblable engagea sans doute le chef de l’Eglise valentinoise à confier ses terres dans la suite à des familles assez puissantes pour les défendre. Guy Allard énumère à ce propos celles des Alleman, des d’Agoult, des de Vesc, des d’Urre, des Châteauneuf (d’Isère) et des Villars (6).
La notoriété de ces noms historiques ne permet pas à propos de l’une de leurs terres de s’attarder à l’histoire de toutes les autres. Il est cependant utile de remarquer un Bertrand de Villars, d’une famille lyonnaise, illustrée par le maréchal de Françe, vainqueur à Denain, en 1712, du prince Eugène de Savoie, et dont plusieurs membres furent prieurs de Beaumont et de Monteléger, Ce même personnage transigea avec ses vassaux, en 1506, au sujet du plait à merci, sorte de droit de mutation, et vendit sa seigneurie à Pierre Mayaud, de Valence, où ses parents avaient été enrichis par le commerce, au XVe siècle, et ensuite anoblis. Sa postérité quitta le Dauphiné plus tard et s’établit en Piémont et dans le Comtat-Venaissin. Le nouveau seigneur, après le paiement des lods ou consentement à la vente, prêta hommage à Jean, cardinal de Lorraine, administrateur de plusieurs évêchés, le 1er décembre 1521 (7) et ne garda pas longtemps Monteléger, témoin l’échange qu’il en fit, le 16 octobre 1545, avec Jacques de Tournon, contre la maison forte de la Motte du château d’Alixan, avec les jardins, cour et immeubles qui en dépendaient. L’acte mentionne la terre, le château, la juridiction entière de Monteléger, le moulin, une part du four, le ban champêtre, le ban-vin, les bois d’Argentan et de Corbas, des vignes, prés et immeubles divers, ainsi qu’une soulte de 10 000 livres (8).
On attribue soit au vendeur soit à l’acheteur de la seigneurie la construction du château encore existant, dont un mur solide, à l’entrée du village, soutient le poids. Ce curieux édifice, type d’une gentilhommière plus que d’une forteresse, présente, .vu de l’ouest, deux étages de croisées, horizontalement divisées par deux légers cordons en relief et deux tours cylindriques crénelées. La façade du midi n’a jamais été achevée et celle du levant avec sa terrasse, restaurée ou bâtie à grand frais récemment, permet de jouir d’un vaste horizon et de la vue agréable de jardins, de bosquets et d’allées (9).
Avant la construction de ce château, le village ancien était protégé par une enceinte de murailles avec tours, créneaux et ponts levis qui jointe à la déclivité du sol en défendait l’accès. On y entrait par une porte unique appelée la Calade vers laquelle débouchaient la Grand’Rue, des ruelles et d’étroits passages.
Quelques années plus tard, pendant les campagnes de Des Adrets, de Montbrun et de Lesdiguières, les annales du bourg restent muettes, et le 16 octobre 1575 seulement, les troupes de la Réforme s’en emparent, et sept jours après, de Gordes, gouverneur de la province le reprend. Il avait amené deux couleuvrines et ce qu’il avait pu rassembler de sa compagnie de gens d’armes, conduite par de Veaunes, son enseigne, et de celles de Suze et de Maugiron. Le feu s’ouvrit vers les dix heures du matin « et à deux heures de nuit, les ennemis se sauvèrent par la porte du château. La Croix Chevrières était en garde de ce côté avec sa compagnie de gens de pied et ne put les arrester. Il n’y avait avec elle que six autres compagnies d’infanterie, celles de Rochefort, de Laurian (10), de la Bastie, de Bernard, de Michalon et de Beauregard ».
On croit qu’après la levée du siège de Livron,
Henri III s’arrêta une nuit dans ce château, où, en juillet 1597 (11), Charles de Gelas de Leberon, successeur et parent de Jean de Montluc, se trouvait malade. Il fut vendu vers .1600 à la famille de Tournon, déjà connue sous Philippe-Auguste, au XIIIe siècle. Elle n’y résida pas souvent et l’un de ses membres, Just-Henri, maréchal des camps et armées du roi (ou général de brigade) et sénéchal d’Auvergne, y mourut en 1643 ; ses funérailles donnèrent lieu à une grande manifestation populaire, à cause des services qu’il avait rendus à la communauté. Marié, en 1616, avec Charlotte-Catherine de Lévis Ventadour, la seigneurie échut à sa veuve, après la mort de leur fils au siège de Philisbourg, l’année suivante. Cette dame la céda, en 1654, à Jean-Pierre de Luc, juge des fiefs de la maison de Tournon et originaire des environs de Tain.
Les ancêtres et les descendants de l’acquéreur furent commissaires des guerres et lui-même secrétaire du roi et de ses finances. Sa noblesse remontait à 1606 et il épousa Marie-Anne d’Espinchal de Tagenas, d’une grande et ancienne famille d’Auvergne, établie depuis peu dans le Valentinois. Cette dame devenue veuve et tutrice de ses enfants mineurs, recourut à des emprunts pour maintenir sa situation et fut ainsi la cause première de la ruine de ses héritiers, témoin la vente par les tuteurs des enfants mineurs de Claude, son fils, de la seigneurie de Monteléger, en 1712. L’acquéreur, appelé Claude Buisson, garde de la porte du roi, en avait donné 150 000 livres, outre les étrennes s’élevant à 4,000, et ce prix élevé mit en campagne tous les créanciers de la succession de Luc. Il y eut saisie du château, opposition, arrêts contradictoires et finalement sentence d’ordre en 1742, suivie d’une adjudication nouvelle en faveur de Marie-Claire Bernon, veuve. de Gabriel Bernon, juge de Romans. Une expertise, en 1712, avait évalué ainsi les revenus de cette terre : domaine de La Gamelle (13) 450 livres, la Ménagerie ou Rodet 300, Jaudinoir 200, le moulin 250, le four banal 150, le pré réservé 150, le terrier 400, les censes, pensions et rentes 400, total 1840.
Jean-Gabriel Bernon, né en 1736, du mariage de Marie-Claire avec Gabriel, embrassa la carrière des armes, devint capitaine au régiment de Bourgogne, lieutenant-colonel de chevau-légers et enfin maréchal de camp. Il décéda à Monteléger en 1833, ayant survécu à son fils Gaspard-Adolphe, officier remarqué par son courage à Redisi, aux Pyramides, en Espagne et à Leipsick et ensuite gouverneur de la Corse en 1825. M. Adolphe Pavin de La Farge, petit-fils du vieux maréchal de camp, fut choisi pour son héritier.
Ce rapide exposé des vicissitudes de la seigneurie et de ses possesseurs prouve à l’évidence l’instabilité des plus brillantes situations, l’égalité du riche et du pauvre devant l’infortune et le malheur, et l’existence d’une autre vie, à titre de compensation.
Au point de vue religieux, il suffira de constater le remplacement de l’ancienne église par une nouvelle, en 1846, et la dépendance de la cure du prieuré de Beaumont qui, en 1790, payait encore la portion congrue au curé.
Quant au tiers état, c’est-à-dire aux habitants, .leur rôle se traduit par un seul mot : cultivateurs laborieux. Un document officiel de 1689, après avoir constaté une mauvaise récolte, en porte le nombre à 60 chefs de famille soit 300 personnes en tout; il aurait été de 404 en 1698; il est de 531 aujourd’hui, pour une surface de 947 hectares (14).
Entre Monteléger et Montmeyran, une halte porte le nom de Montalivet, dérivé, dit-on, des oliviers, que le grand hiver de 1709 y fit périr. Là se trouve une maison de campagne agréablement située, dont M. Masson prit possession en 1860, au milieu d’un grand concours d’amis de la famille de M. le comte Marthe-Camille Bachasson, comte de Montalivet, ministre de l’Intérieur sous Louis-Philippe, et de son père Jean-Pierre, ancien maire de Valence, préfet de la Manche et de Seine-et-Oise, ancien directeur général des ponts et chaussées, ministre de l’Intérieur sous le premier empire et pair de France plus tard, dont nous avons, au départ, admiré la statue.




 

V – MONTMEYRAN



Ce nom et ceux de Monteléger, Beaumont, Montvendre et Montoison, tous villages voisins, sembleraient indiquer un véritable pays de montagnes, si un regard jeté sur le jardin, contigu à la gare, en montrant la beauté de ses fleurs, de ses arbres et de son site, ne révélait pas un climat tout méridional. On est ébloui du coup d’œil que le prompt départ du train permet à peine d’entrevoir.
Un ami nous a raconté que tout dernièrement, dans un wagon plein de voyageurs, l’un d’eux se hasarda a demander l’étymologie du nom de la gare. — J’ai lu, répondit alors un vieillard, qu’il vient de Marius, général romain, vainqueur des Cimbres et des Teutons, 102 ans avant notre ère. — Mais, objecta un voisin, quelles preuves a-t-on d’une victoire en ce lieu, alors que les plus sérieux auteurs la placent près d’Aix-en-Provence Le défenseur de la tradition locale reprit ainsi : — indépendamment de Mons Marii ou Mons Mariani dont on a fait Montmeyran, il existe entre Eurre et Upie une colline appelée Mont-Miéry au sommet de laquelle le général victorieux éleva un temple à Jupiter. — Mais Jupiter n’avait pas de temples, objecta un jeune voyageur. — Soit, reprit l’ancien partisan de Marius ; il y a d’autres preuves favorables à la tradition, et notamment le Champ de bataille avec ses tumuli, près de la jonction de la route de Valence et de Romans à Crest, le nom de Ruisseau de sang, donné à un petit cours d’eau voisin et le tertre des Sept princes. On sait, d’ailleurs, qu’en 1787 un anglais, le comte Du Pont, ayant fait pratiquer des fouilles dans ce quartier y trouva des armes, des urnes et un thirse en bronze damasquiné d’or (15).




Cette réponse n’intimida point notre jeune archéologue qui, après avoir blâmé la grande indifférence de la population à l’endroit des antiquités locales parties pour l’Angleterre, reprit sa démonstration :
— L’emplacement de ce champ de bataille a pu fort bien convenir à des guerres inconnues, à des époques lointaines dont l’imagination seule a dû écrire l’histoire, mais il faut aujourd’hui des preuves quand on avance un fait; ici, on n’en connaît pas. Au surplus, même en invoquant la présence des Romains, il existe des renseignements encore peu utilisés, de nature à jeter quelque jour sur la question. La route de Milan dans les Gaules par Luc, Saillans, Crest et Valence avait de distance en distance des haltes et relais et des pierres milliaires. On sait notamment par l’Itinéraire de Paris à Jérusalem les noms des localités où les voyageurs civils et militaires s’arrêtaient plus ou moins : Valence, Cerebelliaca, Aouste, Saillans, Die, etc. Or, Cerebelliaca ne correspond ni à Chabeuil, ni à Montoison, ni à Upie, mais à Ste-Cerbelle, à la rencontre des routes de Valence et de Romans à Crest. Cet endroit s appelait plus anciennement d’Ulpilière, ou Volpilière et quartier de Saint-Pierre, à cause d’une chapelle de ce saint (16). Or, près de ce champ fameux il a donc existé un cimetière ; une tablette de marbre, incomplète, découverte en juin 1903 à Ste-Cerbelle et donnée au Musée de Valence, porte : « Dans ce tombeau repose en paix de bonne mémoire Genesius, mort à l’âge de…. » Le style et l écriture de ce monument chrétien indiquent les IV° ou V° siècles de notre ère (17). Malgré ces révélations, si l’on tient absolument à une bataille, les historiens de la province en citent deux qui peuvent y être placées : l’une remonterait à 1346 et l’autre à 1396. Selon Chorier, Aimar de Poitiers dit le Gros, après de vives discussions avec Pierre de Chalus, évêque de Valence, vit son château de Crest investi soudain par les troupes du prélat ; mais pendant les premières escarmouches, les parents du comte de Valentinois ayant rassemblé quelques soldats menacèrent les assiégeants de les cerner à leur tour et ceux-ci levèrent alors le siège; les habitants du Diois regagnèrent aussitôt leurs montagnes, et ceux de Valence, au nombre, de 5 000 hommes de pied et de 100 hommes d’armes, se dirigèrent du côté d’Eurre en désordre et confusion, 300 cavaliers du comte de Valentinois les suivaient, formant deux escadrons commandés, l’un par Amédée et Aimar de Poitiers, avec les seigneurs de Bressieu, de Claveyson et de Châteauneuf-de-Galaure, et l’autre par Gautier (Gaucher?) de Monteil et Hugues de La Garde. « Ils choquèrent les épiscopaux avec tant de force qu’ils les renversèrent et les mirent en fuite. Il en fut tué 200 et le nombre des prisonniers fut très grand ». Or ce nombre de sept chefs chez les vainqueurs, dont la tradition a fait sept princes, mérite l’attention.
La seconde bataille, au rapport d’Aimar du Rivail, écrivain dauphinois du xvie siècle,, aurait été livrée entre Eurre et Crest par les habitants de la campagne aux bandes de Raymond de Turenne, ennemi des papes, des rois et des Poitiers, qui ravageaient la région.
L’historien se borne à déclarer sans détails que depuis cette équipée, où plusieurs habitants de Livron périrent, le lieu s’appelle « le champ de la guerre » ou de la « bataille ».
Bien plus, une reconnaissance des habitants au seigneur de Montmeyran, du 12 janvier 1721, après avoir indiqué les limites de la seigneurie d’avec celles d’Upie, La Baume-Cornillane, Montvendre et Ourches, rappelle la terre de M. de Chabert, et « celle de la Bataille où soulloit être le lieu du patibulaire et joignant le chemin tendant de Crest à Romans », sur les confins des mandements d’Upie et d’Ourches (18).
Il y a loin des vaincus de Marius à l’emplacement des fourches patibulaires des comtes de Valentinois et de leurs successeurs ! — (Drôme, E, supplément, commune de Montmeyran).
Ces divers détails intéressent vivement l’auditoire qui applaudit l’orateur.
— Mais, s’écrie le vieil ami de Marias, l’étymologie de Montmeyran n’a pas encore été donnée.
— Si vous y tenez à ce point, reprend le jeune érudit, il est facile de vous en offrir plusieurs ; vous choisirez ensuite librement. Tout d’abord le mot Mont n’offre pas de difficulté, bien qu’il s’agisse d’une simple colline ; quant à Meyran ou Meran, les uns, avec M. de de Coston, y voient un nom d’homme, comme à Monteléger celui de Lagier et de sa montagne, et ils évoquent celui de Meyran, notaire du prince de Salerne, qui instrumentait à Romans en 1282 (19); D’autres, avec les Celtisants, affirment que les syllabes mey et rann, signifiant milieu et séparation, représentent, unies, une colline isolée dans la plaine, ce qui est exact; enfin, les troisièmes sur l’autorité de Ducange, invoquent l’ancien mot latin Mayranum qui veut dire bois, d’où Montmeyran équivaudrait à colline boisée.
De nouveaux applaudissements accueillent ces explications, toutes fort curieuses et aussitôt un voyageur propose la création dans chaque train d’un conférencier chargé à des époques fixes, de faire l’histoire des localités traversées On rit et l’on prie le jeune archéologue d’exposer celle de Montmeyran.
— Faute d’archives communales à la mairie et de chroniques contemporaines, il est difficile, dit-il, de préciser l’origine du bourg, placé autrefois à mi-côteau où se dressent encore d’anciennes tours, et les causes de son transfert dans la plaine. L’auteur d’une Notice historique, imprimée à Valence en 1877, pense qu’il se forma, comme bien d’autres, auprès d’une église et d’un prieuré, et les faits connus lui donnent raison. Les Romains n’auraient pas créé un village loin de la route et hors de la plaine ; au contraire, les premiers seigneurs, pour défendre plus facilement leur demeure et celles de leurs vassaux, choisirent des côteaux et des rochers d’accès difficile et les couronnèrent de tours : ceux de Montmeyran imitèrent leurs voisins et chaque agglomération nouvelle eut ses remparts, ses forts, son église et même son hôpital.
Les premiers comtes de Valentinois, paraissent sous les successeurs de Boson, élu roi de Mantaille en 879, (et le premier Poitiers rencontré à Montmeyran fut Guillaume, fils d’Aimar, qui restitua, vers 1178, à l abbaye de Saint-Bénigne de Dijon et au prieuré de Saint-Genis, les dîmes de Monteléger ; il donna aussi à ce dernier un droit de gîte et de procure qu’il avait au même prieuré au prieur du Val Sainte-Marie, qui l’échangea contre la paroisse de Bouvante (20). Aimar II, son successeur, vers 1221, confirma toutes ces donations. D’où l’on est en droit de conclure à l’importance de cet établissement religieux. D’autre part, il reste aussi du temps du même Aimar une sentence arbitrale de l’année 1290 qui lui attribue les château, juridiction et moulin de Montmeyran, et autorise Lambert de Montmeyran, chanoine de Valence, Giraud, son frère, et Guillaume, leur neveu, à bâtir un château avec l’aide des 70 livres fournies, à titre d’indemnité, par le comte de Valentinois, auquel les vassaux de Lambert, de Giraud et de Guillaume prêteraient hommage de fidélité à l’avenir (21). Il y eut donc autrefois deux châteaux sur le même versant de la colline, celui du suzerain et celui de la famille qui portait le nom du fief.
L’histoire de la maison de Poitiers déjà écrite par divers auteurs, et tout récemment par M. le chanoine J. Chevalier, ne saurait appartenir à Montmeyran plus qu’à ses nombreuses autres seigneuries, elle finit d’ailleurs en 1419 avec le dernier comte de Valentinois et en 1790 avec Louis XVI, successeur et héritier des dauphins de Viennois. Quant aux Montmeyran, après avoir reçu des Poitiers, en 1301, la seigneurie de la Rochette, ils se désintéressèrent peu à peu de leur pays d’origine pour Mirabel-en-Diois, Bourg-lès-Valence, Cornas et autres localités : leur branche aînée alla même s’éteindre, en 1544, chez les Bouvier, de Curson, tombés en quenouille à leur tour avec Louise, épouse, en 1682, de Claude-François de Coston, major de Valence, ancêtre de l’historien de Montélimar, auquel elle porta les fiefs de Cornas, Durtail et Saint-Romain-de-Lerps (22).
Evidemment les Poitiers qui possédaient à Etoile, à Grane, à Marsanne et à Crest des châteaux spacieux et de facile défense ne résidèrent pas souvent à Montmeyran ; ils en aliénèrent même, en 1380, la seigneurie et ses revenus à Pierre Eynard, seigneur de Gières sur la route de Grenoble à Uriage, moyennant 2.000 florins. On dit encore qu’en 1336, ils en avaient cédé la suzeraineté à un évêque de Valence (23).
La très ancienne famille des Eynards ou Monteynards par suite de circonstances inconnues, rendit aux comtes de Valentinois la terre de Montmeyran et ils la donnèrent en 1416 et 1419 aux Clermont Montoison, qui montrèrent leur vaillance sous Charles VIII et François Ier en Italie.
A la mort de Louis II de Poitiers, en 1419, la seigneurie advint aux rois de France, dauphins de Viennois depuis 1339, et Louis (Louis XI) en gratifia Robert de Grammont, capitaine et gouverneur de la place, dont la postérité possèda Vachères sur Montclar. Dans la suite, en 1483, Jacques de Clermont-Montoison seigneur de Valserres la réclama, à titre d’héritier de Charles et par lui d’Antoine et l’obtint en 1543, Or. peu d’années auparavant elle avait été vendue à Jean de Conches et Diane de Poitiers, usant de substitutions favorables à la branche de Saint-Vallier, fit annuler la vente, sauf pour une moitié dont l’acheteur se contenta. Sébastienne de Clermont et Claudine, épouse de Balthazar de Dizimieu sont qualifiées dames de Montmeyran, en 1583, et les de Conches conservèrent seulement la maison noble de La Condamine et s’éteignirent chez les Calvin de Saint-Marcel (24).
La seigneurie, en 1593, fut aliénée aux des Alrics de Cornillan seigneurs de la Baume-Cornillane et une fille et héritière d’Antoine, l’acquéreur, la transmit aux Berton de Crillon en 1606, illustre famille du Comtat, qui la cédèrent, vers 1780, à Claude Joseph de Saint-Germain, inspecteur des postes et fermier général, condamné révolutionnairement à Paris et exécuté le 11 mai 1794 (25).
S’il était permis de joindre à tous ces noms illustres, ceux de plusieurs possesseurs de domaines situés à Montmeyran, on arriverait à tout un nobiliaire véritable que la durée du voyage à Crest ne permettrait pas d’achever.
Pendant toutes ces mutations de seigneurs, le château dépérissait et en 1476 il exigeait des réparations considérables qui sans doute ne se réalisèrent pas. Aussi tomba-t-il en ruine fort obscurément à une date inconnue. Une reconnaissance de 1606, le mentionne encore pourtant alors que celle de 1685 le déclare en ruines, « n’y apparroissant que quelques masures depuis plus d’un siècle ? » (26).
Vers l’année 1788, un grand procès pendait au parlement de Grenoble entre les consuls et communauté de Montmeyran et Louis-Pierre-Nolasque de Barbier (27) de Berton, marquis de Crillon, lieutenant-général des armées du roi et Joseph de Saint-Germain au sujet de la banalité des moulins.
Bien que les charges féodales n’eussent jamais été bien onéreuses, il y avait alors un mouvement prononcé contre l’ancien régime et quand la communauté d’Aulan, à la même époque s’obligeait envers le seigneur du lieu à la banalité d’un moulin qu’elle ne pouvait construire, celle de Montmeyran réclamait la liberté entière. La révolution termina le procès.
Ce sera, aussi pour moi, dit le jeune voyageur la fin de mon exposé, un peu monotone.
L’orateur est félicité et remercié, avec invitation de recommencer à Upie.




 

VI – UPIE



Au sortir de Montmeyran, une plaine fertile se développe au midi jusqu’au pied des collines boisées de Miéry qui dominent le village d’Eurre, et au levant, jusqu’au dernières assises des Alpes dauphinoises. Après un rapide coup d’œil sur ce gracieux paysage, les voyageurs partis de Valence ayant repris leurs places et reconnu leurs compagnons de route, saluent le jeune conférencier si bien au courant de l’histoire du pays, et font éclater leurs applaudissements lorsqu’ils le voient serrer la main du partisan de Marius. — Nous vous serions bien reconnaissants, lui dit ce dernier, de nous renseigner sur Upie dont nous apercevons les plus hautes maisons au sommet d’un monticule sablonneux. — En ouvrant de nouveau mon livre de notes tout rempli de lacunes inquiétantes, je craindrais de me poser en professeur de pédantisme et surtout de blesser vos convictions par l’exposé même impartial des vicissitudes subies par nos ancêtres. — Parlez, parlez, répond l’assistance, votre leçon nous sera aussi agréable qu’utile.




 




Constatons, tout d’abord, le remarquable degré de puissance et de civilisation du peuple romain et sa chute effroyable lors des invasions barbares au cinquième siècle.
Au témoignage de Montesquieu, « Rome était un vaisseau tenu par deux ancres dans la tempête, la religion et les mœurs ». Nos soi disant novateurs actuels ont-ils jamais lu l’ Esprit des lois où est écrite cette pensée profonde ? L’auteur des Lettres persanes n’était pas cependant un clérical féroce.
— Quelle autorité peut avoir un seul homme en histoire ? objecte alors un voyageur. — Évidemment, si un orateur vulgaire lisant un article de journal, ou un pédant prétentieux juché sur des études incomplètes, ne pourront jamais passer pour des philosophes sérieux, tel n’est pas le cas de Charles de Secondat, baron de la Brède et de Montesquieu, né en 1689 et décédé en 1755, qui d’abord magistrat, consacra plus de 20 ans à l’étude de la République romaine et de l’histoire de tous les pays pour découvrir les principes des lois, combinés avec les besoins moraux ou physiques des peuples. On peut donc se confier à son savoir et à son honnêteté et, sans adopter toutes ses idées, les soumettre à un examen attentif. Cela dit, je rappellerai seulement la présence des Romains dans la région et leur conversion au christianisme dès le règne de Constantin au plus tard, à l’aide de quelques inscriptions encore existantes. La plus ancienne gravée sur le socle du bénitier de l’église d’Upie, qui est un cippe rond (28) de 60 centimètres de hauteur et 35 de diamètre, se lit ainsi :

CONSTAN TI AVG PII
FILIO
Ait fils de Constance,
Auguste et pieux.


Ce fils de Constance Chlore est Constantin le Grand, rappelé dans plusieurs passages du savant travail de M. Allmer sur les inscriptions de Vienne et de la Drôme, surtout celles de Grignan, Erôme et St-Sorlin.
L’épitaphe de Genesius, trouvée à Serrebelle sur Ourches, a été mentionnée déjà et la troisième, conservée à la Baume-Cornillane, rappelle le sous-diacre Constantin, décédé le 5 août, après le consulat de Justin Ier ou de Justin II, c’est-à-dire en 618 ou en 566 (29).
Une autre preuve se tire de la trouvaille, près de la ferme de Marmousi sur Montoison, d’un grand nombre de médailles en argent, de Septime Sévère et de ses successeurs jusqu’à Maximin. « Elles étaient, au témoignage de M. Long, toutes disséminées dans un champ de petite étendue, comme si on avait voulu les semer ».
Le même archéologue dauphinois dans ses Recherches sur les antiquités du pays des Vocontiens, mentionne aussi à Upie des restes de la voie romaine, sans en préciser autrement la situation.
— L’étymologie du nom d’Upie, demande un auditeur, pourrait-elle servir à élucider la question ?
— Hélas ! M. de Coston, un descendant par sa mère des anciens seigneurs de Montmeyran, auteur d’un savant travail sur les Etymologies des noms de lieu de la Drôme (30), avoue son embarras pour Upie et déclare ne connaître aucun nom analogue en Dauphiné et dans les provinces voisines, ni de radical celtique capable de l’expliquer ; comment oserais-je prétendre en savoir plus que lui?
Voici d’abord les formes anciennes : Castrum de Ulpiano, en 1231, Upianum, en 1238, le chastel d’Upiet, en 1381, Ulpian, en 1617, Uppie et Hupie:, en 1627 ; en résumé, tout se réduit à Ulpianum et Upianum. Or, des auteurs admettent qu’Anum signifiant domaine, ajouté au nom latin Ulpius, équivaudrait à domaine Ulpien ou d’Ulpius ; d’autres, les Celtisants surtout, y trouvent la lettre U en latin ou signifiant hauteur et le mot pian, ondulation montueuse avec pente très douce. Il existé même en Bulgarie et en Servie, de nos jours, (et autrefois Mésie), une ville portant jadis le nom d’Ulpianum et de Kustendji actuellement, qui rappellerait peut-être une colonie venue, en Dauphiné. on ne sait quand, des bords du Danube, ou des émigrants gaulois dans cette région. Elle peut aussi indiquer un usage bien naturel de dénommer une localité d’après la configuration de son territoire.
Le Dictionnaire d’histoire de Dezobry et Bachelet cite en faveur de la première opinion Ulpia Sardica ou Sophia, ville de la Turquie d’Europe, fondée par Justinien ; Ulpia Trajana, ou Sarmizegethusa. ancienne capitale de la Dacie, colonie romaine sous Trajan, et Justiniana Secunda remplaçant Ulpianum dans la Mésie ; quant aux Ulpius, l’auteur de la Science des Médailles cite Ulpius Cornelius Laelyanus, Augustus et Ulpia Severina et le Dictionnaire Dezobry, la prêtresse Ulpia Marcella, le juriconsulte Ulpius Marcellus, contemporain d’Antonin-le pieux et Ulpien, ministre d’Alexandre Sévère, aussi jurisconsulte. La tribu Ulpia était une des trente-cinq de la population romaine; Trajan lui appartenait et il créa la 30e légion sous ce nom.
Comment, je vous prie, le nom de Marius s’est-il conservé dans la tradition locale, propose son ancien partisan.
D après les Celtisants, le champ de bataille se retrouverait dans le mot Cere belli aca (31) et supposerait une bataille très ancienne. Les altérations de ce nom sont du reste curieuses. Serrebelle ou Serbelle, est appelée en 1690 et en 1777 (32) ; Notre Dame de Sainte-Serville (la lettre s remplaçant le b) et placée entre la rivière d’Ourches et le chemin d’Upie à la Baume-Cornillane ; quant à Marius, sa valeur et sa conduite lui assurèrent chez les Romains la réputation de fameux général et la tradition la consacra. Il ne reste aujourd’hui pour élucider la question que les fouilles d’un tumulus de 8 mètres de hauteur sur 50 de circonférence, sous la direction et la surveillance d’un archéologue instruit. Mais où trouver le citoyen dévoué qui fera les frais d’une semblable entreprise et assurera la conservation des armes et autres objets découverts ?
La Grande encyclopédie nouvelle donne au mot tumulus la signification de tertre artificiel, à l’aspect de mamelon circulaire, elliptique ou conique. Comme il en existe sur tous les points du globe, isolés ou réunis, on ne saurait en connaître la date précise. La plupart recouvrent des corps inhumés ou incinérés ; quelques-uns ont servi de postes d’observation, de limites de propriétés ou de monuments commémoratifs. La chambre funéraire n’est pas toujours au centre et peut se trouver sur un des côtés. De là, nécessité d’une direction sérieuse pour les fouilles.
— Par quels moyens pourrait-on initier la jeunesse à la connaissance du passé de nos populations? demande-t-on au conférencier. — Il faudrait, répond-il, remplacer en partie au moins, l’histoire des peuples anciens par celle de la commune, de la province et de la France; provoquer des leçons publiques données par des hommes instruits et non par des politiciens ; engager nos jeunes gens à étudier les archives locales, la critique historique, la paléographie et bien d’autres sciences au lieu de s’éprendre de théories qui ébranlent la société et remplacent les. croyances et les traditions familiales par des rêves de félicité irréalisable.
Ces réformes se feront attendre sans doute et l’instruction populaire demeurera encore à la merci d’un journalisme souvent inconscient, ignorant ou pervers.
On a essayé aussi de créer dans chaque mairie de petits musées locaux pour écrits ou médailles : mais par ignorance ou négligence la tentative a échoué. Faute de direction, cet échec était inévitable. Cela dit, nous retournons à notre étude sur Upie.
Après les Romains, les Gallo-Romains et les rois de Bourgogne, il faut arriver jusqu’aux Poitiers, comtes de Valentinois, pour en trouver une mention. En 1231, Flotte de Royans, veuve de Guillaume de Poitiers est chargée par lui de la tutelle de leur fils, Aimar III. Irrité de cette préférence, Aimar II, père du défunt, déclara la guerre à Flotte, déjà en hostilité avec l’évêque de Valence, au sujet de la possession de Crest. La jeune veuve obtint, par l’intervention de deux amis de sa famille, un traité de paix avec le prélat, en juin 1227, par lequel il lui promettait sa protection, moyennant la cession des châteaux d’Upie et de Montoison (33) et la promesse de 45000 sols viennois (de 5 fr. 70 l’un) dont 20000 représentaient la rançon des prisonniers qu ‘il avait faits. De son côté, Flotte, par sa jeunesse et ses charmes, agit plus efficacement encore auprès d’Aymon de Faucigny, défenseur de l’évêque. Comme ce seigneur était veuf de Béatrix de Bourgogne, elle lui donna sa main et 40,000 sols de dot ou de remboursement de ses dépenses. Pour garantie de cette somme, Aymon de Faucigny reçut la château de Crest, qu’il rétrocéda, le 9 octobre 1231, à Guillaume de Savoie, évêque de Valence (34).
Quelques années auparavant, vers 1217. à l’époque de la croisade contre les Albigeois, Simon de Montfort, qui en était le chef, vint à Crest et des bandes de soldats portèrent la désolation et la mort à Grane, Roche-sur-Grane, Autichamp, Rochefort, Vaunaveys, la Baume, la Rochette, Montmeyran, Upie et Montoison. En 1244, Philippe de Savoie, évêque élu de Valence, réclamait à Aimar III de Poitiers les châteaux de Montoison et d’Upie, ainsi que celui de Vaunaveys enlevé à Guillaume de Savoie,(34) élu de Valence. Une sentence arbitrale exonéra le prélat de la restitution au comte des châteaux de Montoison, Upie et Gigors et de la parerie de Crest. Le comte acquit Upie et Montmeyran. en 1307, au moyen d’un échange avec Guillaume de Montoison qui reçut les châteaux de Suze-la-Vieille et la-Jeune et le territoire de Chosséon. Sous Aimar V, dit le gros, eut lieu la bataille déjà signalée contre les troupes épiscopales (1346, et c’est en 1356 que la paix fut conclue définitivement entré l’évêque et le comte). Là se bornent les renseignements.
Après la mort de Louis II, en 1419, Upie échut à Diane de Poitiers, de la branche dés seigneurs de Saint-Vallier, qui l’échangea contre Illins avec un membre de la famille Rabot en 1544 ; Louis XI le donna même, en 1446, au pape, et à Louis Baile et en 1521 à Guillaume Peccat, dont Agnès, son héritière, le porta aux Rabot. Jean, l’un de ces derniers, avait épousé la fille naturelle de Louis Ier, comte de Valentinois, et de simples notaires d’Upie et de Crest, ses descendants devinrent les confidents et les hommes d’affaires des Poitiers et des rois-Dauphins, leurs successeurs. Jean, né en 1429, fut visénéchal de Crest, conseiller au parlement, ambassadeur à Milan, Florence et Rome, chef de la magistrature à Naples, négociateur du mariage de Louis XII avec Anne de Bretagne et député auprès de l’empereur Maximilieu, du pape, du roi d’Aragon et de Castille, et chargé, en 1490, de diriger la croisade contre les Vaudois. Il mourut en 1509, laissant une postérité de magistrats éminents. Chorier loue son mérite dans l’Etat politique.
— Dans votre énumération des seigneurs d’Upie, j’ai remarqué, dit l’ami de Marius, la croisade contre les Albigeois, la mission de Rabot pour convertir les Vaudois, et les guerres des évêques contre les Poitiers ; que pensez-vous de tout cela ?
— Il me serait facile de répondre que l’histoire d’Upie n’est pas celle de l’Eglise, ni même celle du diocèse dé Valence, et que les guerres se trouvent sous tous les régimes, dans tous les siècles et chez tous les peuples. La Statistique de la Drôme s’est fait l’écho des accusations portées contre les catholiques par l’école de 1830 et de la Révolution. On est plus calme dans la nouvelle école, par la raison que les questions sont mieux étudiées aujourd’hui et que chaque religion n’est pas exempte de reproches d’intolérance, Puisque nous sommes à Upie, en voici une preuve curieuse, signalée par l’Inventaire sommaire des archives départementales de la Drôme, tome III, p. 182. Des Adrets avait convoqué à Montélimar, en 1562, une assemblée dont les délibérations délivrées en copie aux consuls d’Upie par le notaire Cheyssieu, n’avaient pas été remarquées suffisamment, à cause de l’absence des premières pages du document. Or la partie vraiment curieuse existe intacte et l’on y trouve l’obligation : 1° « pour les habitants des villes et villages du pays d’assister aux assemblées qui se font aux temples, d’ouïr les prêches et prières du dimanche et du mercredi ; 2° pour ceux qui auront des enfants à baptiser de déclarer leur naissance aux diacres et anciens ; 3° pour les hommes et femmes de mauvaise vie, de vuider le pays dans trois jours, à peine du fouet, à moins de protestation de repentance en l’église crestienne ; 4° pour les habitants de ne plus danser ou baller, à la façon des païens, comme cy-devant, on en abusoit ; 5° de ne plus chanter aulcunes chansons dissolues ni profanes et de ne tenir sales et infames propos ; 6° pour les maistres d’escole avant d’entreprendre aulcune charge d’enseigner, d’être examinés par les colloques et de signer la confession de foi ; 7° pour les magistrats, de faire sortir les moines et nonnains de leurs monastères et de les faire retirer chez leurs parents ou dans les villes et villages les plus proches, en laissant toute superstition d’habits et en assistant aux assemblées publiques pour ouïr la parole de Dieu ; 8° pour les séquestres des revenus desdits monastères de leur bailler certaine portion desdits revenus pour leur entretènement, et le semblable à toutes aultres personnes qui ont esté ecclésiastiques romains vieux, valétudinaires… »
— Dans ces conditions, je reconnais volontiers qu’il n’y a rien de nouveau en histoire, s’écrie alors le vieux partisan de Marius et de la Statistique de la Drôme, et j’attends des jeunes savants une histoire du pays impartiale et vraie.
L’auditoire applaudit et accorde un moment de repos à l’orateur.
Après un court arrêt en face d’Upie, le train reprend sa course et les voyageurs prient le conférencier de leur faire connaître la situation économique de la commune dans le passé, comme il l’a fait pour celle de la seigneurie. — Je serais heureux de vous donner cette satisfaction, répond-il, si les archives locales le permettaient ; mais à quelles difficultés se heurte ma bonne volonté? Tout d’abord, les variations politiques qui ont détruit les archives, la négligence des autorités responsables et l’insouciance du public sont les principales causes de notre commune ignorance.
Il est inutile de remonter aux habitants des cavernes vivant de chasse et de pèche pour connaître leur genre de civilisation. Les Gaulois et les Romains en avaient une remarquable, témoin les écrits et les monuments des premiers. Après eux, les invasions barbares du ve siècle couvrent notre sol de ruines. C’est la monarchie qui rétablit l’ordre dans le nord et chez les Burgondes, au midi. Dans le même temps, le christianisme remplace par le servage et la mainmorte,
l’esclavage ancien, en attendant la féodalité, fille de la Recommandation du faible au puissant et de l’association à l’aide du serment et de l’hommage. Des troubles incessants et des malheurs sans nombre provoquent en 879 à Mantaille, l’élection du roi Bozon par les prélats et les principaux habitants. Sa dynastie s’éteint en 1032 et le régime féodal morcelle le territoire au profit des comtes d’Albon ou Dauphins, des comtes de Valentinois et de Diois, des Mévouillon et des Adhémar. C’est l’époque où rochers et collines se couronnèrent de châteaux-forts.
Malgré la solide structure du nouveau régime, un mouvement formidable, parti à la fois du nord et du midi, oblige les seigneurs à concéder des franchises à leurs vassaux et à favoriser la naissance des communes au XIII° siècle. En 1349, le dauphin Humbert II annexe ses états à la France et après la mort du dernier comte de Valentinois, en 1419, le roi Charles VII donne en apanage le Dauphiné à son fils, Louis XI, qui vient s’y réfugier pendant dix ans et réunit le Valentinois à son royaume. On sait que ce prince, en organisant l’armée et la justice nationales, eut besoin de recourir à ses sujets au moyen de dons gratuits votés par les trois ordres de la province. Une fois l’impôt foncier établi, il fallut créer une administration pour l’asseoir et en percevoir le montant. La création du cadastre remonte à cette époque. Or, en 1447, le prince chargea Jean Bayle de s’assurer des ressources de la province, et son délégué visita Upie et diverses localités voisines. D’après cette enquête, Montmeyran comptait 21 familles solvables, 45 misérables, 1 noble et 1 curé, soit à 5 personnes par famille, une population de 240 habitants environ. Malgré une apparence de fertilité, le sol y est d’un médiocre rapport ; beaucoup de gens venus de la Savoie y sont malheureux parce que les meilleurs fonds appartiennent à la noblesse et au clergé. A Barcelonne, la situation est bien pire ; la terre arable y fait défaut et il y est parfois difficile d’inhumer les morts. Trois seigneurs possèdent le mandement : Antoine de Cornilhan de la Baume, Jacques de Haut-Villars et Arnaud Odoard. A cause de leurs vignes, les corvées sont nombreuses et les droits de lods ou de mutation de propriétaires y atteignent le tiers du prix de l’immeuble des défunts.
Les habitants d’Ourches, pour 2 familles solvables, 10 misérables et 2 nobles pouvant recevoir l’aumône, sont au nombre de 60 et paient le vingtain ou 20e partie des fruits, du vin et du blé au seigneur, et à la mort d’un habitant le tiers du prix des biens du défunt, qu’il ait ou non des enfants, et le même droit au décès du seigneur. Aucune famille ne saurait y vivre avec le produit de ses récoltes. Les habitants de la Baume-Cornillane au nombre de 9 solvables, de 21 misérables, de 2 nobles et de 2 ecclésiastiques, qui possèdent les meilleurs fonds, doivent le vingtain du blé et du vin, et les corvées y sont si nombreuses que les cultivateurs offrent pour s’en décharger 5 florins par paire de boeufs. Enfin, il compte à Upie 16 chefs de famille solvables et 34 misérables, 2 nobles et 2 ecclésiastiques. Le sol de peu de valeur y est cultivé par des étrangers, venus de la Savoie pour la plupart, qui ne peuvent acheter le bétail agricole nécessaire et de plus sont chargés de dettes (35).
En 1679, les consuls d’Upie en vue d’obtenir une diminution d’impôts déclaraient à la Chambre des Comptes de Grenoble que leur bourg, clos de murailles et entouré de fossés, renfermait le château du roi, tenu par albergement ou bail à long terme par Louise de Grolée, veuve de Fabien de Gelas de Leberon, à la charge de fournir de bonnes et fortes prisons, un grenier, une cave et une chambre pour recevoir les rentes féodales. Ils ajoutaient que S. M. y possédait toute juridiction, un four banal avec droit de fournage au 20eme, un pré, 2 moulins et des bois à Serrelong où le bétail gros et menu pouvait aller paître, un droit de lods en cas de mutation par vente au 4e denier et à moitié moins pour échange, et des redevances portables au château, le 29 août, à la mesure de Crest (36).
Dix ans plus tard, un conseiller de l’élection de Valence, en chevauchée ou tournée, apprenait à Upie que le principal revenu du lieu consistait en seigle et que la récolte en avait été fort petite cette année-là, à cause des brouillards et des inondations ; que le chiffre de la population atteignait 160 chefs de famille environ et qu’il n’y avait ni fief, ni arrière-fief, ni pont, ni chemin à réparer (37).
En 1714, la commune avait 245 hommes, 200 femmes, 150 enfants et 60 domestiques, 2200 sétérées de terres labourables, 900 de terres incultes, 122 de vignes, 200 de prés et 3000 de bois. Madame de Leberon tenait les domaines de Marcon, de Peccat, de Mignon et du Moulin; M. de Corbeau de Saint-Franc celui de Morouze; Rigaud celui des Chaberts; M. du Poyet celui de Rabot; Bonnement celui de Vaugelas, M. de Pluvinel celui de Peroulier et M. de Bécone celui de Romezon (38).
En 1907, Upie est habité par 1115 personnes pour 1,053 hectares de contenance, d’un revenu de 7858 fr. L’inventaire imprimé des archives communales présente le territoire comme montueux et traversé par les ruisseaux de Loye, d’Ourches, de la Baume, Bachassole, Nodibert, Grenouillet et Barnodon, que les impôts s’élevaient en 1739 à 5292 livres (francs) de recettes et à 5258 de dépenses, les charges locales comprises.
Deux consuls annuels faisaient exécuter les résolutions prises dans les assemblées particulières et dans les assemblées générales des chefs de famille, sous la présidence du châtelain ou représentant du seigneur.
Il ne sera pas question ici des dettes contractées pendant les XVI° et XVII° siècles à cause des logements et passages de troupes, du clergé, des écoles, des milices, des intempéries, etc.
Il y a une fin à tout et je ne voudrais pas abuser de votre attention bienveillante, et après avoir donné l’histoire de la commune, il ne reste plus qu’à dire un mot d’un enfant du pays qui se fit un nom sous la Restauration. Jean-Paul Didier, fils unique d’un avocat des mêmes nom et prénoms et de Marie-Anne Combelle, naquit à Upie le 25 juin 1753 et alla exercer la profession paternelle à Grenoble où il se distingua, tout en s’occupant de politique. Il assista aux Etats de Romans et se rendit à Lyon, où il défendit la ville contre l’armée de la Convention. Contraint d’abandonner cette cité, il gagna la Suisse et l’Allemagne, et en l’an IV, fut élu juge au tribunal civil de la Drôme.
On le trouve ensuite à Paris dirigeant un cabinet d’affaires pour les émigrés qui lui rapporta de fortes
sommes et, en 1799, publiant une brochure anonyme en faveur des Bourbons et trois ans après une autre pour le retour à la religion. Cette dernière publication lui valut une chaire à l’école de droit de Grenoble (1805). Cependant cette faveur ne l’empêcha pas de se lancer dans des spéculations sur les vins qui l’obligèrent à se démettre et à tenter la construction d’une route dans l’Oisans, le recreusement du canal de Pierrelatte et le dessèchement des marais de Bourgoin. Grâce au retour
des Bourbons et à la réimpression de sa brochure de 1790, il obtint une place de maître des requêtes au conseil d’Etat et la décoration de la légion d’honneur. Ces faveurs perdues, il se jeta dans les conspirations et entra dans celle de l’Indépendance nationale qui tenta de soulever le Lyonnais et les environs de Grenoble. Il échoua dans son entreprise et se réfugia en Maurienne où il fut arrêté. Jugé par la cour prévotale de Grenoble et condamné à mort; son exécution eut lieu le 10 juin 1816. Sous Louis-Philippe, le fils de Paul Didier devint préfet des Basses-Alpes, conseiller d’Etat et secrétaire
général du ministère de l’Intérieur, et Fluchaire, son gendre, préfet de la Seine-Inférieure et procureur général à Montpellier (39). Cela dit, nous saluons Upie.




VII – LA ROCHETTE



La gare isolée, bâtie dans la vallée silencieuse qui s’ouvre au sortir d’Upie, dessert La Rochette et les fermes de son voisinage. Elle a pris le nom de cette petite commune de 229 habitants pour 876 hectares de surface, dotée de deux villages distincts. Le nouveau renferme l’église, la mairie et les écoles dans une situation plane et agréable ; l’ancien abrite ses maisons derrière des rochers nains qui narguent ceux de la montagne de la Raye, dernier massif des Alpes entre les rivières de la Drôme et de l’Isère. De là, son nom de Rupecula et de Rupeta, petite roche. On la surnommait autrefois la Rochette Cormaille ou Cornaille, ce qui, au dire des Celtisants signifie roche minuscule et la distinguait de son homonyme des environs de Saint-Auban-les-Baronnies.
D’anciens documents lui donnent pour premiers seigneurs les comtes de Valentinois qui, en 1301, en cédèrent la jouissance à la famille de Montmeyran. Trente ans plus tard celle-ci renouvelle le même devoir féodal; mais en 1341 Jean Rabot et en 1349, Jean d’Urre, de Crest, héritier de Bertrand de Montmeyran, son oncle, se déclarent encore vassaux des Poitiers, alors qu’en 1540, Claudine de Beauvoir, veuve de noble Jean Bérenger de Morges reconnaissait le roi de France pour légitime suzerain.
Ces Bérenger s’étant établis à Puygiron près de Montélimar, vendirent La Rochette. en 1606. aux La Baume qui la firent ériger en marquisat, en 1693 sous le nom de Pluvinel avec Eygluy et Omblèze.
Chorier et Guy Allard font venir de Bretagne la famille des acquéreurs et M. Rivoire de la Bâtie la dit originaire de Crest. Ce fut Pierre, conseiller au parlement de Grenoble qui acheta la terre de la Rochette à Antoine Bérenger, seigneur de Puygiron, au prix de 6000 livres, y compris les granges de Roure et de Pierre-Blanche.
Comme le service religieux était confié au prieur de Vaunaveys et que le tiers-état, faute d’archives communales, ne peut établir son histoire, il faudra se borner à l’énumération des charges et droits usités dans la seigneurie ; justice entière, château, maison, pigeonnier, garenne, lods au denier trois, près, vignes, terres et bois, prélation, vingtain et pouvoir d’accenser les eaux, deux terriers ou résumés des redevances foncières dues par les emphythéotes, ainsi évalués dans un dénombrement de 1692 : censés, 35 sétiers de blé, mesure de Crest, 10 ras d’avoine, 15 ou 16 poules ; corvées à 1 gros l’une, 9 florins 4 gros, moulin 9 sétiers de gros grains de ferme, four, 23 florins vingtain, 16 sétiers de bons grains. Malheureusement cette énumération incomplète manque de total.
La famille de la Baume qui prit le nom de Pluvinel après le mariage de Catherine, fille unique de Jean, frère d’Antoine, avec Gabriel de la Baume, maître en la Chambre des Comptes de Dauphiné, est honorablement connu dans cette province et tous les auteurs font l’éloge d’Antoine de la Baume, décédé en 1586 et de ses trois fils Pierre, Gabriel et Bon, magistrats distingués, Quant à Antoine de Pluvinel, premier écuyer et chambellan du roi Henri III et créateur des manèges en France, il fut l’auteur d’un ouvrage sur l’équitation plusieurs fois réimprimé.

Un procureur du roi au siège de Crest, P. de Reclus, bel esprit de son temps, a dit de lui :


Crest, dauphinois, mon bers, Naplcs fut ma nourrice,
Ma demeure Paris : Trois roys ont recogneu mon fidelle service
D’inestimable prix. . Paris, cet oeil du monde et mon académie,
S’honorant de mon los, Ont ma cendre en leur tombe endormie
D’un éternel repos… (40).


Cela dit nous passons à Vaunaveys.





 

VIII – VAUNAVEYS



Comme la fin du voyage approche, le jeune conférencier est prié de révéler le passé de la dernière commune traversée. — Je le ferai, répond-il, sans abuser de votre bienveillante attention.
Vaunaveys environné de toutes parts de collines boisées, au pied de la montagne de la Raye, offre un cirque irais et verdoyant ainsi qu’un village gracieux avec château féodal en ruines et l’ancienne église bénédictine de Saint-Michel. Toutefois, l’absence d’une station offerte aux touristes les prive d’un arrêt suffisant pour une étude attentive du paysage et de ses curiosités.
On a prétendu découvrir l’étymologie de son nom dans la ressemblance du rocher de Saint-Denis, avec un navire renversé, soit vau pour val, vallis et naveys, navigii, vallée du vaisseau.
Or, il existe près de la splendide station thermale d’Uriage une localité de même nom dépourvue d’emblême maritime bien visible, ce qui rend difficile l’explication proposée et permet aux celtisants d’en présenter une autre. Vau, disent-ils, suivi de Nave pour aven, rivière et d’Ys, encaissée, équivalent à rivière basse de la vallée ou à vallée de la rivière basse. A la vérité les petits cours d’eau qui traversent la belle pelouse de l’une et l’autre localités sous les noms de Sonnant, affluent de l’Isère, et de Saleine, tributaire de la Drôme, méritent à peine le nom de rivière.
Sans donc insister sur une question assez ardue pour avoir embarrassé M. de Coston, si bien au courant des étymologies des noms de lieu de la Drôme, nous ajouterons que naves, navon, navois, etc., signifiant à la fois hauteur et lieu bas et humide se prêtent peu à une solution rigoureusement irréprochable.
Le célèbre Crestois, Roch Grivel, dans son Sourcier de Vaunoveys nous a conservé la tradition sur le rocher de Saint-Denis a figure de vaisseau ; la voici :
 

Quand lo mer jusqu’ici venio se permena
La Rayo sus sous flots fosio veire son na,
Un long et gros veissé bottu per lo tempesto,
Vinguet com’un frappa se li fendre lo testo,
Per lou pertus qu’où frant lou rouera li feiguet,
Comme dedins un pous l’eigo s’engloutiguet.
Pechaïre ! quand fuguet rempli coum’uno escuello
Tout lou long du roucha, fosant la concubuello,
Vinguet jusqu’o sous pés, voun sei peilrifia.
Voqui ce que mon grand m’o bien certifia.



Malgré l’affirmation de l’aïeul du poète, et malgré la présence de requins et d’huîtres pétrifiés à Vaunaveys, il est permis d’avoir des doutes sur la transformation d’un vaisseau en rocher.
Si les premiers habitants du lieu n’ont pas laissé de traces de leur passage, les Romains se sont montrés beaucoup plus généreux. « Il y a quelques années, écrivait en 1835, l’auteur de la Statistique de la Drôme, que la charrue y retira d’un champ des objets de la plus haute antiquité. C’était, entre autres, une statue de Mercure, représenté nu avec un pétase surmonté de deux ailes. De la main droite, il tenait une bourse et sur son épaule gauche était attachée une chlamyde qui lui enveloppait le bras jusqu’à la main. Son attitude était celle d’un homme qui marche. On y trouva aussi de petits coqs en bronze, des cassolettes et des javelots d’une forme particulière » (41).
Tout cela joint à l’ouverture de la route de Milan à Vienne et Lyon proclame hautement la puissante organisation de l’empire romain.
Sa chute ouvrit la Gaule à toutes les invasions barbares et l’on y vit tour à tour les Burgondes, de 414 â 534, les Francs, les Lombards, les Sarrasins et les Hongrois, en 924. Sous les faibles successeurs de Charlemagne, Bozon y créa le deuxième royaume de Bourgogne et quand en 1032, les Comtes d’Albon et de Valentinois s’en partagèrent le territoire, les populations de toutes les communes traversées aujourd’hui par le train devinrent leurs vassales. Bien que l’origine de ces nouveaux souverains ne soit pas encore bien connue ils régnèrent sur nos pays pendant plusieurs siècles et ne donnèrent leurs états à la France qu’en 1419. Comme le Bulletin de la Société d’Archéologie de la Drôme a tout au long publié leur histoire, écrite avec savoir et impartialité, il suffira en passant à Vaunaveys de rappeler le seul comte plus particulièrement digne de la reconnaissance des habitants. Ce fut Aimar IV de Poitiers qui, de 1277 à 1324, guerroya contre les évêques de Valence à Crest et dans les environs.
Aussi n’est-il pas étonnant que les nécessités de la lutte l’aient conduit à surcharger d’impôts les habitants de ses terres. Toutefois, ces exactions lui causèrent à la fin de cuisants remords et sa vieillesse en fut vivement agitée. Comme, sous le nom de vingtain, il avait à l’exemple des autres seigneurs, exigé de ses vassaux la vingtième partie de leurs récoltes en blé et en vin, pareil impôt donnait à ses agents de nombreux moyens de vexer les contribuables, et il semblait au comte parfois entendre les plaintes des vieillards, des veuves et des orphelins. La nuit surtout des scènes de deuil se présentaient à son souvenir, troublaient sa conscience et lui arrachaient des larmes. Il consulta un cordelier de Crest pour calmer ses inquiétudes, et le religieux lui répondit que l’unique remède à son mal consistait à réparer ses torts. Aimar IV ayant encouru les censures ecclésiastiques par ses guerres aux évêques de Valence désirait aussi se réconcilier avec l’Eglise, et il envoya le même cordelier à Avignon. Le pape le reçut, leva l’excommunication encourue et donna l’absolution pour les exactions commises, à la condition expresse de restituer les sommes indûment perçues.
Le comte se soumit et pour obtenir une satisfaction complète appela auprès de lui son fils Louis, évêque de Viviers.
Le 14 août 1318, le prélat convoqua au château de Crest les syndics et procureurs de Vaunaveys et là, en présence de deux notaires et de plusieurs témoins déclara absolument abolie la redevance du vingtain. Le parchemin constatant ces faits, conservé à la mairie, a été analysé déjà en 1861 par M. Brun-Durand, le savant auteur de tant d’utiles travaux sur l’histoire locale, et témoigne de l’importance que la population attachait à ce document curieux (42).
Louis II de Poitiers, en 1419, en donnant ses états à la France, réserva Montmeyran et Vaunaveys pour Antoine de Clermont-Montoison, son cousin, sorti lui aussi d’une famille dauphinoise aussi ancienne que puissante. Par suite de difficultés inhérentes à la succession du comte Louis II, l’annexion du Valentinois ne s’effectua qu’en 1446 après le traité conclu à Chinon entre les délégués de Charles VII et le duc de Savoie un des héritiers du défunt. Or, la même année le Dauphin Louis (plus tard Louis XI) venait prendre possession de la province où il régna dix ans. La position stratégique de Pierrelatte ayant attiré l’attention du prince, il traita avec les Moreton pour une part de la seigneurie et avec Aimar d’Urre pour l’autre, qu’il échangea en 1450 contre Vaunaveys. On ne connaît pas les motifs de l’aliénation de ce fief, attribué aux Clermont-Montoison en 1419, et racheté par eux le 18 mai 1504. De cette date à 1791, ils en restèrent les maîtres. Leur famille se couvrit de gloire dans les armées de la France et Philibert, l’un d’eux, mourut à Ferrare capitaine de 50 hommes d’armes et lieutenant général de l’armée de Louis XII dans cette ville. Les historiens affirment que les Florentins avaient demandé au roi de France ce vaillant guerrier pour commander leurs troupes, en échange de 300 hommes d’armes, et que le monarque refusa de se séparer de lui.
Ajoutons que les archives locales signalent d’excellents rapports constants entre les seigneurs et leurs vassaux de Vaunaveys pendant plus de deux siècles et que ces constatations nous amènent naturellement a examiner la condition des habitants sous l’ancien régime.
L’administration communale au moyen âge nous est peu connue faute de documents, mais pendant les derniers siècles ils abondent assez pour permettre une appréciation impartiale.
L’administration provinciale dirigée par un intendant et des subdélégués s’occupait de la sécurité publique, et l’administration communale des petites localités offrait les caractères essentiels d’une sage démocratie. Le pouvoir exécutif confié à un ou deux consuls annuels électifs se composait d’assemblées délibérantes de tous les chefs de famille réunis, après convocation, sous la présidence du châtelain ou représentant du seigneur. La rentrée des impôts s’opérait ou par des fonctionnaires en titre, ou par des receveurs à gages. Il y avait, depuis Louis XI les tailles ou impôt foncier, la capitation, impôt personnel et mobilier depuis 1690, et le dixième transformé en vingtième, véritable impôt sur le revenu, depuis 1710. Il était rendu compte chaque année des recettes et des dépenses communales.
L’armée comprenait les milices et se recrutait par le tirage au sort. Pour la justice, on l’avoue, trop de sortes de juridictions la distribuaient, et elle laissait place souvent à la partialité.
Quant au clergé, Vaunaveys était desservi par le prieur de St-Michel, dépendant de l’abbaye de Cruas, fondée dans l’Ardèche au IX° siècle. Le titulaire percevait la dîme dans la paroisse et dans celle de la Rochette.
En 1624, les revenus ne suffisaient plus à payer le traitement ou portion congrue du curé, car les troubles du XVI° siècle avaient singulièrement diminué les recettes. C’est qu’alors, eu effet, il fallait loger et payer tour à tour les troupes protestantes et les troupes catholiques, ainsi que l’armée royale sous Louis XII et François Ier allant en Italie ou en revenant ; il fallait approvisionner les étapes et assurer les transports militaires. Ces charges multiples n’ont pas été encore mises en évidence. Les consuls, d’ailleurs, savaient fort bien réclamer au besoin des améliorations, ainsi, en 1771, ils exposaient au roi que leur territoire pour deux tiers comprenait des coteaux, des montagnes et des rochers et que le restant produisait du seigle pour nourrir à peine la majeure partie des habitants le tiers de l’année ; les récoltes étaient mauvaises et les charges publiques obligeaient une bonne partie de la population a chercher du travail au dehors ; le froid avait tué les vieilles vignes et une partie des noyers : les frais de brigade pour la rentrée des tailles et les travaux de la grande route de Valence à Montélimar écrasaient les habitants : dans cette situation, les dettes anciennes ne pouvaient être payées et une surséance de dix ans devenait nécessaire. Une autre cause de plaintes naissait de l’exemption des tailles accordée aux fonds nobles et ecclésiastiques ; voici les chiffres fournis : M. de Clermont-Montoison possède château, maison et ferme avec 334 setérées ; Pierre Picon de Montchaud, une maison et une grange de 340 setérées ; Gaspard de Lastic de Chaffin, une maison et une ferme de 305 setérées ; Gabriel de La Baume, auditeur en la Chambre des Comptes, une maison et une ferme de 190 setérées, le prieur de Saint-Michel 33 setérées de terre et le recteur de Saint-Biaise 14. Les privilégiés, possesseurs des meilleurs fonds, en avaient ensemble plus que les roturiers (43).
Avant de quitter Vaunaveys, il paraît utile de rappeler ceux de ses enfants qui ont donné des preuves de savoir et de dévouement.
Le premier, Guillaume Rabot de Saleine appartenait à une famille parlementaire déjà rencontrée à Upie. Bertrand, son père, lui légua, le 27 mars 1536 la seigneurie d’Espenel et tous ses biens de Crest ; mais il préféra la carrière de l’enseignement à la vie tranquille de village. Vers 1549, il professait le droit à Grenoble et les années suivantes il écrivait à Calvin d’Avignon et de Padoue, ce qui prouve ses croyances religieuses. On le trouve ensuite à Strasbourg et à I^on où en 1557 il publiait la traduction du Miroir d’Alquimie de Bacon (44), puis, en 1572 à l’Académie de Villemberg où il enseignait le français, comme le prouve son discours imprimé sur cette langue. Des auteurs l’ont représenté à la tête d’une compagnie de chevau-légers en Allemagne et marié richement dans le pays. Le nom de Sale?iius qu’il prenait lui vient de la petite rivière de Saleine qui bordait son domaine.
Avec M. Faure-Biguet (Jean-Pierre-Joseph-Marie) fils d’un lieutenant particulier en la sénéchaussée de Crest et d’Hélène Biguet, né le 1er octobre 1750, nous avons à rappeler une existence plus calme et plus entièrement scientifique ; jeune encore il alla étudier le commerce à Lyon et l’exerça quelques années. En 1797 il retourna à Crest et y devint, en 1800, receveur principal des droits réunis et entreposeur des tabacs. En même temps il correspondait avec les savants et avec les naturalistes genevois. Comme il possédait une maison de campagne à Vaunaveys il y résidait souvent et devint maire de la commune et membre de la Société d’Agriculture, Commerce et Arts de la Drôme et de la Société d’Agriculture et des Sciences naturelles de Lyon. Il mourut en 1820, après avoir publié des mémoires sur quelques insectes nuisibles à la vigne, sur la modification de la greffe à oeil dormant, et sur les plantes grasses. On lui doit aussi des Considérations sur les bélemnites et des manuscrits sur les coquilles fossiles et sur celles des environs de Lyon (45).
Le culte des lettres et du dévouement à la science s’est perpétué dans sa famille et aujourd’hui l’un de ses membres, conseiller à la. cour de cassation, a déjà traité quelques questions historiques avec talent et l’autre est un arabisant renommé.
Il existe aussi une brochure de M. Bonnet Dorion parue en 1815 et traitant d’économie politique. Son seul tort est d’être trop concise sur des points d’un vif intérêt. Mais ce qui nous recommande son auteur, c’est la conservation à Vaunaveys d’une belle inscription en lettres onciales du XIV° siècle sur pierre blanchâtre très dure, rappelant une petite donation de rente à une église de Saint-Jean.
Je crois avoir exposé tout ce que les archives de Vaunaveys et les historiens de la province rappellent de plus saillant et je vous remercie de l’intérêt que vous m’avez témoigné depuis Montmeyran.
De chaudes acclamations accueillent les adieux du jeune archéologue et l’on se quitte à regret, mais avec l’espoir de se retrouver quelque jour dans une autre direction.

 


A. LACROIX
A. LACROIX



Le tramway à Crest en images





Notes


(1) Cécile – Ce nom tout moderne de la Cécile a prévalu sur celui de la Palla où exista jadis un édifice romain, sur celui de St-Joseph et de sa belle chapelle gothique, et sur celui de St-Victor, ancienne dépendance d’une abbaye marseillaise, ensuite de celles du Monastier St-Chaffre et de St-Ruf de Valence.
(2) Monumental – Le poète a oublié la margelle du puits communal, formée d’un énorme caillou perforé, amené là jadis par les eaux.
(3) Jamais utile – Les évènements militaires postérieurs se réduisent à la défaite en 1574, du régiment suisse, gardien de la place, par la garnison de Livron et par de fréquents et ruineux logements militaires.
(4) Haut domaine – En 1758, Chaix devait 3 ras d’avoine, 2 chapons, et 2 sols pour 7 sétérés de terre; Chanas, 9 deniers pour 8 sétérées de terre; Astier 1 civayer 1/2 de blé pour 2 sétérées de vigne; Barnier 1 denier 1/2 pour 4 fosserées de vigne, etc.
(5) Guichard de Clérieu, – Dictionnaire topographique de la Drôme — Inventaire manuscrit de la Chambre des Comptes de Grenoble.
(6) Villars – L’abbé Vincent Notice historique sur Monteléger d’après Columbi. Archives de la Drôme, E, communes : notes.
(7) Décembre 1521 – Archives de la Drôme G 48
(8) Soulte – Archives de la Drôme E 2175
(9) Allées – Jouve, Guide Valentinois.
(10) Laurian – Chorier Histoire de Dauphiné, II, 672. Charles orient, capitaine anobli en 1590, acheta une petite grange de Fournier sur Monteléger en 1572 et M. Billion du Rousset en fit dans la suite une gracieuse villa.
(11) Juillet 1597 – Archives de la Drôme E 673
(12) Pas de Note N° 12
(13) Gamelle – Ce nom d’un domaine du Bourg-lès-Valence fut donné à celui de Monteléger qui appartint à la famille de François Roys ou des Rois, marié en 1545, avec la fille du doyen de la faculté de médecine de Valence (Drôme, 6,997).
(I4) Hectares – Archives de la Drôme
(15) Damasquiné – Delacroix Essai sur la statistique de la Drôme.
(16) Saint – Archives de la Drôme E 2134. 5,373 Inventaire, du chapitre de Valence, à la fin.
(17) Notre ère – Revue Epigraphique Juillet à décembre, 1903, p. 36.
(18) Ourches – Un acte semblable de 1526 mentionne aussi les gibets seigneuriaux. (Drôme, E, supplément aux communes).
(19) En 1282 – Giraud Essai sur l’histoire de l’abbaye de Saint Bernard et de la ville de Romans, II, p. 120.
(20) Bouvante – Jules Chevalier Mémoires pour servir à l’histoire des Comtés de Valentinois et de Diois, dans le Bulletin de la Société d’Archéologie de la Drôme, t. XXVII, p. 278 et 281. – PERARD, Recueil de plusieurs pièces curieuses pour servir à l’histoire de Bourgogne. –
(21) Avenir – Inventaire de la Chambre des Comptes pour le Valentinois, t. III, p. 459.
(22) Saint Romain de Lerps – Etymologies des noms de lieux de la Drôme, par le baron DE COSTON, p 250, et l’abbé GARNODIER, Histoire de Saint-Romain-de-Lerps.
Un ami a bien voulu m’offrir un petit volume, imprimé à Paris en 1650, intitulé : Les synonymes et épithètes françaises, par Antoine de Montmeran, advocat au Parlement, et. dédié à M. de Montescol, conseiller au Parlement de Paris. Nous ignorons la parenté de cet auteur avec la famille dauphinoise du même nom.
(23) Evêque de Valence – Notice historique sur Montmeyran.
(24) Saint Marcel – Le bulletin de la Société d’Archéologie de la Drôme a donné, en 1886, une notice sur la famille.
(25) Le 11 mai 1794 – Drôme E, supplément.
(26) Un siècle – De Coston, Histoire de Montélimar, t. III, p. 408-9.
(27) Barbier – Il y a Balbes ailleurs.
(28) Cippe rond – Recherches sur les antiquités romaines du pays des Vocontiens, p. 74 et 70, le Corpus inscriptionum, et le Bulletin de la Société d’Archéologie de la Drôme, t. IV, page 159,
(29) En 618 – Revue épigraphique de f903, t. 5, p. 17.
(30) Drôme – Pages 60, 61.
(31) Cere belli aca – Pour eux, ker signifie bourg, hameau, belli est un mot latin équivalant à guerre ou bataille et aca veut dire maison.
(32) En 1777 – Archives de la Drôme B 815 et G. 48.
(33) Montoison – En 1206 et 1 238, les empereurs d’Allemagne avaient donné Upie aux évêques de Valence.
(34) Guillaume de Savoie – Quarante années de l’histoire des évêques de Valence par M. J. Chevalier, où se trouvent les chartes
(35) Dettes – Archives de l’Isère B. 2737.
(36) Mesure de Crest – Inventaire de la chambre des comptes aux archives de la Drôme.
(37) Réparer – Archives de la Drôme, série C tome I.
(38) Romezon – En 1734 on comptait 2070 sétérées de biens nobles, 117 de biens du clergé et 5921 de biens roturiers.
(39) Montpellier – Voir Biographie du Dauphiné de Rochas et Dictionnaire biographique de M. Brun-Durand.
(40) Repos – Voir Biographie du Dauphiné de M. Rochas, et le Dictionnaire biographique de M. Brun-Durand, pour renseignements complets.
(41) Particulière – Statistique p. 644.
(42) Document curieux – Inventaire sommaire des archives de la Drôme, t. VIII, CC. 25.
(43) Roturiers – Inventaire précité, passim.
(44) Bacon – Brunet attribue cette traduction à un autre.
(45) Lyon – Dictionnaire biographique de la Drôde M. Brun-Durand, t. Ier,





Sources :

– Bulletin de la société d’archéologie et de statistique de la Drôme
– http://www.le-tramway-de-la-drome.com/