Les péages de la Drôme avant 1790



LES PÉAGES DE LA DROME AVANT 1790.


Il y avait, en 1771, dans le département, un certain nombre de péages par terre et par eau, sur lesquels les archives de la préfecture possèdent très peu de renseignements précis.


I. PÉAGES PAR TERRE


Arrondissement de Die

Arrondissement de Montélimar

Arrondissement de Nyons

Arrondissement de Valence



II – PEAGES PAR EAU

Notes

Guy Allard, en a signalé plusieurs sur les chemins et routes (1) et Salvaing de Boissieu (2) énumère ceux du Rhône et de l’Isère en 1664. Or, une grande affiche, imprimée à Grenoble en 1772, permet de faire connaître ceux qui, à cette époque, étaient encore existants et ceux qui avaient été supprimés quelques années plus tôt.

Il a paru intéressant d’utiliser cette liste pour connaître les obstacles apportés au commerce par ces péages nombreux, et d’y ajouter quelques renseignements tirés des auteurs dauphinois



I – PEAGES PAR TERRE

Arrondissement de Die



Aix. Ce péage établi sans doute au pont de Quart, cheflieu actuel de la commune, appartenant à M. de la Tour Gouvernet, fut supprimé-le 5 juillet 1740. Chorier (3) cite un arrêt du 22 août 1670 qui en avait maintenu la jouissance à Charles de la Tour.

Aouste. Mgr l’évêque de Die, malgré la production de ses titres, vit ce péage classé, en 1771, parmi ceux à vérifier.

Auriples: On trouve ce péage, qui avait été vendu par les commissaires du roi, en 1593 ou 1693 (il y a les deux dates), attribué en 1771 au prince de Monaco et à vérifier.

Châtillon
. Mgr l’évêque de Die, en 1771, percevait les revenus de celui-ci, désigné pour être vérifié.

Cobonne. Le 5 juillet 1740, un arrêt du Conseil priva M. de Clermont-Montoison du produit de ce péage.

Crest en avait deux : l’un, propriété de la ville, maintenu par arrêt du 28 août 1753, et l’autre, propriété du prince de Monaco, désigné en 1771 pour être vérifié. Guy Allard affirme que l’un d’eux se levait sur le bétail seulement, comme à Auriples, d’après la vente du 10 juin 1693 et qu’Aimar de Poitiers l’avait reconnu au Roi-Dauphin le 31 décembre 1445.

Divajeu. M. de Bayane (de Lattier) perdit le sien le 5 juillet 1740.

Gigors. La position de cette localité explique difficilement l’existence de ses deux péages, l’un appartenant à la commune et l’autre à M. Le Clerc de Ladevèze. Le premier disparut le 5 juillet 1740 et le second fut maintenu le 8 octobre 1754.

Luc. Le 18 juin 1740, M. de Salières de Montlaur fut privé de ce péage.

Lus-la-Croix-Haute. Celui-ci, propriété du marquis de Senas, se levait dans la seigneurie et fut aboli le 12 mai 1733.

Montclar. L’arrêt du 10 janvier 1771 enleva ce péage à M. le comte de Grammont.

Omblèze, Ansage et le Pêcher, formaient-ils trois bureaux de perception ou un seul ? L’affiche ne le dit pas, se bornant à classer ce péage parmi ceux à vérifier. Il était perçu au nom de M. de La Baume-Pluvinel.

Pontaix. Celui-là, connu sous le nom de péage de St-Julien-en-Quint, relevait du même propriétaire et l’arrêt du 10 janvier 1771 le déclara uni au domaine royal, si dans trois mois, M. de La Baume-Pluvinel n’en produisait pas les titres. Selon Guy Allard, le Dauphin en jouissait en 1532. Louis XI, en 1467, en exempta les habitants de Die et deux ans plus tard révoqua cette faveur, sur la plainte de François d’Urre (4).

Saint-Nazaire-le-Désert. Le marquis de Montanègues, le 18 juin 1740, vit ce péage supprimé.

Soyans. Même sort atteignait, le 5 juillet 1740, celui de M. de Soyans.

Vaunaveys. L’arrêt du 10 janvier 1771, l’attribue au prince de Monaco et le range parmi les péages à vérifier. D’après Guy Allard, le bétail seul y était taxé en 1583.

Vacherie (La). M. de La Baume-Pluvinel levait un péage dans ce hameau, chef-lieu actuel de la commune du Chaffal. Un arrêt du 5 juillet 1740 l’avait supprimé et cependant celui du 10 janvier 1771, le met au nombre des péages sujets à une vérification.

Vassieux. Mgr de Die et M. de Bardonnenche, malgré la production de leurs titres, virent ce péage rangé parmi ceux qui devaient être vérifiés.

Il résulte des renseignements fournis par l’affiche de 1772, que la route actuelle de Valence à Gap, avait des péages à Crest, Aouste, Pontaix, Aix et Luc, et que sur celle de Montélimar à Beaurepaire, les voyageurs en trouvaient à Auriples, Crest et Vaunaveys. Quant à Cobonne, Gigors, Montclar, Soyans et Saint-Nazaire-le-Désert, ils devaient exister sur d’anciens chemins peu fréquentés, comme Ansage, Le Pêcher, Omblèze et la Vacherie. Celui de Lus-la-Croix-Haute rançonnait les voyageurs et les marchands allant de Gap à Grenoble.

Arrondissement de Montélimar



Baume-Transit (La) avait un péage appparteant au marquis de Simiane et supprimé le 19 janvier 1755.

Charols perdit le sien le 5 juillet 1740 ; son produit allait au commandeur de Poët-Laval.

Châteauneuf-de-Mazenc. M. d’Yze obtint d’y conserver ses droits le 12 avril 1732.

Châteauneuf-du-Rhône en avait un qui disparut le 8 juillet 1751 ; il était perçu pour Mgr l’évêque de Viviers.

Comps. Selon Guy Allard, ce péage avait été transféré à Villeneuve-lès-Avignon, ce qui semble fort peu vraisemblable. L’affiche de 1772 n’en parle pas, car il était en Languedoc.

Derbieres (sur Savasse), d’après ce document, ce péage relevait du prince de Monaco et fut classé dans ceux à vérifier en 1771.

Garde-Adhémar (La). Levé à la Berre par M. de Moreton, ce péage disparut par arrêts du 8 mars 1740 et du 12 août 1747.

Marsanne. Pareille mesure atteignit, le 2 septembre 1759, le péage que M. de Monteil (Adhémar de Brunier) y levait.

Montboucher. Même sort était réservé, le 29 mars 1729, à celui de M. de Vesc de Combemont.

Montélimar. Le péage par terre du prince de Monaco fut soumis à la vérification par l’arrêt du 10 mars 1771.

Pierrelatte. Guy Allard y place trois péages au temps du Dauphin Louis (Louis XI); l’affiche de 1772 n’en parle pas.

Poët-Laval et Charols, le 5 juillet 1740, perdirent leurs péages.

Puy-St-Martin. Mlle de St-Maurice se vit enlever le sien à la même date.

Rac et Malataverne (sur Rac). Mgr de Viviers fut prive de ces péages et de celui de Montpensier sur Châteauneuf-du-Rhône, le 8 juillet 1751.

Roche-St-Secret (La). Même suppression pour. M. de Mantin, en ce lieu, les 23 avril 1747 et 31 mai 174g. Selon Guy Allard, ce péage, en 1532, appartenait au roi Dauphin.

St-Paul-Trois-Châteaux. Celui-ci, levé dans la ville et dans le mandement pour Mgr l’évêque, disparut le 8 mai 1744

Suze-la-Rousse. M. de Suze y perdit le sien le 5 juillet 1740. Louis, Dauphin, en 1450 avait autorisé le seigneur à l’exiger sur les marchandises et denrées passant dans le mandement pour entretenir son château et’ protéger la circulation.

Taulignan. Ce péage avait été maintenu à M. de Senozan le 21 septembre 1756. Le Dauphin, en 1453 avait obligé les habitants de Romans et de St-Donat à le payer malgré leurs privilèges (5)

Valaurie. Moins heureux, le marquis de Castellane fut privé du sien le 27 janvier 1755.


Il suit de cet exposé que la route de Montélimar à Beaurepaire avait des péages à Montélimar, à Marsanne et à Puy-St-Martin, de là à Auriples, Crest et Vaunaveys, et celle plus ancienne de Provence en Allemagne, à Charols, Châteauneuf-de-Mazenc et Taulignan; St-Paul et Suze-la-Rousse occupaient une autre voie. La grande route de Marseille à Lyon voyait ses voyageurs taxés à St-Paul-trois-Châteaux, à la Garde-Adhémar et par extension à Valaurie, ensuite à Malataverne (Rac) et Montpensier, à Derbières, Livron, Etoile, Valence, etc.
Montboucher, Châteauneuf-de-Mazenc et Poë’t-Laval, occupaient la route de Montélimar à Dieulefit.
La Roche-St-Secret taxait les voyageurs du midi allant à Dieulefit et la Baume-Transit ceux qui se dirigeaient de Suze vers St-Paul ou vers Grignan.


 Arrondissement de Nyons



Ballons. Péage de M. de Gouvernet-Montauban supprimé le 3 février 1733.

Buis (Le). La commune perdit les revenus du sien le 5 juillet 1740.

Col de Soubeyran et Tarandol. Le premier sur Bellecombe et le deuxième sur Remuzat, perçus pour M. de Gouvernet, disparurent le 16 janvier 1742. L’affiche de 1772 dit qu’ils se levaient sous les ponts. Or, Tarendol est au sommet d’un coteau.

Condorcet. Péage de M. de Condorcet (Caritat) supprimé le 5 juillet 1740.

Mirabel. Celui-ci appartenait à la commune et le même arrêt l’abolit.

Mollans. Même sort attendait celui de M. de Simiane, le 3 octobre 1754.

Montauban. Ce péage vendu, en 1550, au profit du roi-Dauphin, d’après Guy Allard, n’est pas mentionné dans l’affiche de 1772.

Montbrun. En revanche elle attribue au marquis de Montbrun plusieurs péages dans la seigneurie: à Vergaux, à Château-Ribaud (Reybaud), Collignac et Aguillon ? qui furent supprimés le 26 mars 1737.

Nyons. Guy, baron de Montauban, avait obtenu les revenus de ce péage en 1309. Ils passèrent ensuite aux dauphins Guigues et Hubert II, qui le cédèrent aux de Carsan et aux Eustache. Comme il était advenu aux rois de France et qu’ils aliénèrent la seigneurie à la commune, le péage se trouva compris dans la vente; mais un arrêt du Conseil d’État du 14 février 1733, le réunit au domaine de nouveau.

Penne (La). Suppression de celui de M. d’Aubery de la Penne, le 20 décembre 1740.

Remuzat. M. de Gouvernet y perdit le sien, le 16 janvier 1742. Il était perçu sous le pont de l’Eygues.

Roche-sur-le-Buis (La). Ôté au seigneur du lieu le 5 juillet 1740.

Sahune. La commune perdit le produit de ce péage le 22 mai 1745.

Saint-Auban. Plus heureux, M. Albert de Lauzon obtint la conservation du sien, le 18 décembre 1742.

Sainte-Euphémie. Des Dauphins, il échut aux rois de France, qui, selon Guy Allard le vendirent en 1593 La perception s’en effectuait au col de Dulion ou Doulion entre Sainte-Euphémie et la Bâtie-Verdun, section de Saint-Sauveur. L’affiche de 1772 n’en parle pas.

Sainte-Jalle. Péage levé au moulin du Plan au profit de la marquise de Sainte-Jalle, qui le perdit le 28 janvier 1738.

Saint-Maurice. M. de Villeneuve fut privé du sien le 3 mars 1733.

Tarandol. Péage qui disparut le 16 janvier 1742, avec celui du Col de Soubeyran.

Verclause et Villefranche, où M. de Gouvernet-Montauban percevait également des droits de péage, les perdit le 16 janvier 1742 pour Verclause et le 3 février 1733 pour Villefranche.

Villebois. Péage à M. de Saix (de Gruel) supprimé le 28 juin 1740.

Vinsobres. L’affiche de 1772, y place un péage appartenant à M. Moreau de Vérone, par terre et sur l’Eygues, et un autre à M. d’Oyze, sur l’Eygues aussi ; l’un et l’autre abolis le 2 juillet 1737.

Cette liste nous révèle sur la route du Pont-Saint-Esprit à Sisteron des péages à Suze-la-Rousse, Saint-Maurice, Vinsobres, Nyons, Condorcet, Sahune, Remuzat et Verclause ; celle de Nyons au Buis, outre ceux de cas deux villes, en avait à Mirabel, Mollans et la Penne. D’anciens chemins alimentaient ceux de La Roche sur le Buis, Montbrun, Villefranche, Ballons, Sainte-Euphémie, Sainte-Jalle, Tarandol et Col de Soubeyran.


 



Arrondissement de Valence


Beaumont. Péage de l’évêque de Valence exigé dans le bourg et le mandement, supprimé le 20 janvier 1739.

Chabeuil. Dépendant du domaine royal, aliéné en 1550 et en 1638, lui fut réuni de nouveau le 22 mai 1745. MM. Du Crest (de laTour), du Vache et autres l’exigeaient dans le bourg et le mandement, en 1771, comme engagistes, sans doute.

Chantemerle, près de Tain, perdit son péage le 3 janvier 1736. Il était levé pour le comte de Saint-Vallier.

Charmagnieu (ou Pont-l’Isère). L’affiche de 1772 en met un par terre et un autre sur l’Isère, en cet endroit, appartenant à M. de ?

Chevrier (La Croix de Chevrières), supprimé le 21 octobre 1738.

Claveyson. Enlevé à M. de Lyonne le 17 mars 1739

Clérieux. Des arrêts du Conseil de 1664 et du 3 janvier 1736 confirmèrent ce péage aux successeurs des barons de Clérieux. A la dernière date, c’était le comte de Saint-Vallier, En 1152, l’empereur d’Allemagne le concéda à Silvion de Clérieux et ses pancartes remontaient à 1496 et 1530, selon Guy Allard. Il se levait à Curson, entre Tain et Romans.

Etoile avait un péage sur le Rhône et un autre à Parpaillon ou Papillon sur la route de Lyon à Marseille. Les Poitiers tenaient ce dernier des empereurs d’Allemagne et dans un hommage des comtes de Valentinois aux Dauphins, ils se le réservèrent. Vendu à M. de Ville par les commissaires du Roi, le 30 avril 1648, il fut conservé à sa famille le 28 janvier 1738 (6). L’affiche de 1772 mentionne en outre des péages par eau et par terre à Brumpt et Charmant ; mais ces deux bureaux ne sauraient être déterminés aujourd’hui.

Lens-Lestang et Moras. Les Dauphins y tenaient un bureau de recette en 1332. Mais l’affiche de 1772 ne mentionne ni l’un ni l’autre.

Livron. Péage confirmé à Mgr de Valence, le 28 février 1747.

Peyrins. Les revenus de ce péage delphinal appartenaient à M. de Chabrières, avec ceux de Saint-Paul-lesRomans et de Saint-Jean-d’Octavéon (Châtillon-St-Jean), en vertu d’un arrêt de maintenue du 18 octobre 1744.

Romans. Le même seigneur de Peyrins en levait un autre aux trois portes de Romans, supprimé aussi le même jour.

Saint-Barthélemy-de-Vals. Levé à la Villeneuve, ce péage des Poitiers-Saint-Vallier, mentionné en 1445, et confirmé en 1664, disparut le 3 janvier 1736.

Saint-Jean-d’Octavéon et Saint-Paul-lès-Romans, avaient été attribués à M. de Chabrières, avec celui de Peyrins, en 1744.

Valence. La ville en possédait un par terre et Mgr l’évêque un autre ; tous les deux furent classés parmi les péages à vérifier le 10 mars 1771.

On voit maintenant que la route de Marseille à Lyon avait des péages à Saint-Paul-trois-Châteaux, à la Berre, à Rac, à Montélimar, à Derbières, à Livron, à Etoile, Valence et Charmagnieu, que celle de Valence à Grenoble en possédait à Romans, Saint-Paul et Châtillon-St-Jean, et celle de Valence à Die, à Beaumont, Vaunaveys, Crest, Aouste, Pontaix, Aix et Luc. Des chemins anciens alimentaient ceux de Vais, de Claveyson, de Chantemerle, de Clérieux, de Peyrins et de Chabeuil.

En résumé, il y avait en 1771, dans les quatre arrondissements, sauf erreur, 90 péages dont 14 maintenus, 9 à vérifier et 4 réunis au domaine, ainsi répartis :
 


Il y avait à Séderon un péage aboli le 2 août 1747 et levé au profit de M. d’Astouaud, marquis de Murs (Drôme, E, 3321), à la charge d’entretenir un pont sur la Meuge. On manque de renseignements sur les péages des autres communes de la Drôme, dépendant alors de la Provence et du Comtat-Venaissin.



II – PEAGES PAR EAU


 



Les Romains connaissaient les péages et leurs revenus servaient à l’entretien des routes (7) ; après la chute de ce vaste empire, la circulation devint si dangereuse que le commerce fut contraint d’adopter la voie fluviale. Dès lors aussi les seigneurs établirent des péages le long des rivières et des cours d’eau importants. Le Rhône pour sa part, en eut sur chacune de ses rives : dans la Drôme, à Albon (Patte de Saint-Rambert), à Saint-Vallier, Serves, Roche-de-Glun, Valence, Etoile, Savasse, Ancone, Châteauneuf-du-Rhône et Donzère ; dans l’Ardèche, à Serrières, Arras, Crussol, Beauchastel, La Voulte, Baix-surBaix, Viviers et le Teil.

L’Isère, la Durance, le Buesch et jusqu’à l’Eygues ne furent pas oubliés ; mais on manque de moyens de contrôle sur le produit qu’on retirait de ces péages.

L’affiche de 1772 n’est pas explicite sur ce point; elle n’est pas d’ailleurs bien exacte dans tous ses détails : ainsi elle place le péage par terre d’Etoile au rang des péages maintenus, alors qu’en 1781, le propriétaire déclarait en avoir été privé de 1735 à 1740, et perdu ainsi 800 livres de revenu annuel; enfin elle semble indiquer plusieurs péages à Montbrun, ce qui n’est guère vraisemblable.

 

Péage d’Ancône au XVII°s


Cela dit énumérons, d’après elle, ceux du Rhône et de l’Isère dans le département de la Drôme.


Albon. En 1779, la Patte de Saint-Rambert appartenait au prince de Soubise.

Saint-Vallier. Péage du prieur, supprimé le 1er octobre 1737.

Serves. Ceux de M. de Fontager, et de M. de Lionne (sur le sel) eurent le même sort le 2 février 1784 et le 17 mars 1739.

Roche-de-Glun. Le prince de Soubise, en 1770, retirait par an 19087 livres des péages de Tournon, Arras et la Roche-de-Glun.

Valence. L’affiche mentionne un arrêt du Conseil du 20 janvier 1739 qui prive l’évêque de ce péage et un autre du 10 mars 1771 qui le met au rang de ceux à vérifier.

Etoile. Il sera question plus loin de ce péage.

Mirmande. Celui-là, bien que supprimé le 20 janvier 1739, figure en 1771 parmi ceux qui étaient soumis à la vérification. Il était acquitté à Valence en 1651 (8).

Ancône, eut le sien maintenu le 6 juin 1744 à MM. de Bimard, de Rozans, de Chambouet et d’Agoult, pour une moitié, l’autre appartenant au Roi.

Châteauneuf-du-Rhône. Le chapitre de Viviers obtint même faveur, le 18 août 1758 et l’évêque de Viviers, le 10 février 1754. Ce dernier se levait sur le sel, à Donzère.

Les péages sur l’Isère se trouvaient, dans la Drôme, en 1772 : à Rochebrune, près Saint-Nazaire-en-Royans, confirmé aux représentants du marquis de Sassenage, le 16 mars 1751 ; à Pisançon ou Bourg-de-Péage pour M. de La Croix ; à Romans, sous le nom de grandes gabelles, maintenu le 28 octobre 1744 à M. de Cézarges, héritier de M. d’Hautefort et consorts ; à Châteaimeuf-d’Isère, ce péage par arrêt du 10 mars 1771, devait être vérifié. Il appartenait à l’évêché de Valence, avec celui de Valence sur le Rhône, qui subit le même sort.

Charmagnieu. Un plan communiqué par M. Mellier, notre obligeant confrère, place ce péage à Pont-sur-1’Isère. Il appartenait aux La Croix-Chevrières et fut supprimé le 21 octobre 1738.

Jusqu’ici les renseignements sur les droits perçus nous ont fait défaut ; mais une ordonnance du 11 novembre 1747, rendue par l’Intendant de Dauphiné, fixe ainsi au prince de Monaco les chiffres de sa perception au péage d’Etoile sur le Rhône (9):

9 sols par charge de drap, d’étoffes ou toiles descendues sur le fleuve et 4 sols 6 deniers en le remontant ; 4 sols par charge de poissons salés.

Coches d’eau grands et petits, ainsi que les bateaux, en montant et en descendant sont exempts ; mais la première fois qu’ils passent ils doivent le neuvage et un droit sur les planches neuves qui les couvrent.

5 sols 7 deniers obole pour lès tonneaux vides neufs, d’un muid (5 sommées ou ânées et 1 barral) ; les demi-quarts de tonneaux à proportion. Les marchandises qui passent en transit sont exemptes tout comme les livres, tant manuscrits qu’imprimés ou gravés, reliés ou non, vieux ou neufs, les estampes et cartes géographiques, les fontes, encre, lettres et caractères d’imprimerie, vieux ou neufs, les glaces de la manufacture royale et les marchandises non comprises dans la pancarte.

Les glaces encadrées ou miroirs paient 4 sols 6 deniers par charge.

Les droits ne sont perçus que sur le pied du poids de marc comme ceux du demi-Montélimar.

Défense est faite d’exiger argent, fruits, denrées ou marchandises, sous prétexte d’étrennes ou de gratifications, même volontaires.
Les fermiers sont obligés de donner quittance de tout ce qu’ils reçoivent et de spécifier la qualité et la quantité des marchandises taxées, comme aussi d’afficher au port du Bourg-lès-Valence, le tarif de leur péage.

Ils ne peuvent exiger les 2 sols par livre du péage de Montélimar que sur le pied du tarif de 1744.

D’après un document publié par M. Mazon, les péages par eau de La Voulte, Montélimar et Rochemaure, en 1770, avaient produit en douze ans, 437382 livres ou 36440 par an ; ceux de Tournon, la Roche-de-Glun et Arras 19037 livres, celui de Beauchastel 1004 et la Patte de Saint-Rambert 1419 (10).

Outre les péages par eau le prince de Soubise en possédait aussi par terre : à Montélimar d’un produit de 9087 livres ; la moitié de ceux de Lène et Anses de Savasse, de 375 livres, à Rochemaure de 2436 livres, à La Voulte de 2271 ; à Beauchastel de 175, à Tournon de 213, à la Roche-de-Glun de 2374, à Arras de 60 et à Serrières, néant.

Le prince reçut 3.131.962 livres, 19 sols d’indemnité pour la suppression de ces divers péages, au denier 30.

A Châtillon, l’évêque de Die, en 1670, percevait pour son péage : 1 denier par quintal de fer brut, 1 par brebis ou mouton, 3 deniers par bœuf, 12, pour les chevaux, 1, par quintal de fromage ; 4, par âne ou cheval chargé de blé ou d’avoine ; 2, si la charge était de sel, 12, si elle était d’huile, de fer ouvré, de métal ou de billon, d’épices, de toile ou de laine, de souliers ou de cuirs préparés ; 1 denier par charge de vaisselle de terre ou de chair salée, 4, par charge de vin (11).

J. Ollivier a donné le texte de la pancarte de Valence en 1724 (12).

La photographie de la pancarte de Châteaubourg, péage par terre, fort obligeamment communiquée par M. Mellier, donne à peu près les mêmes taxes et, à l’aide de ces indications, encore fort incomplètes, on peut se faire une idée des sommes prélevées sur le commerce avant 1790, et cela sans parler des leydes exigées sur les menues denrées à l’entrée des villes et de la douane de Lyon et Valence sur les soies et diverses marchandises, entre la rivière d’Ardèche et les Roches, près de Vienne.
 

A. LACROIX.

Notes

(1) Chemins et routes – Dictionnaire historique.
(2) Salvaing de Boissieu – De l’usage des fiefs.
(3) Chorier – Jurisprudence de Guy Pape.
(4) Urre – E. Pilot, Catalogue des actes du Dauphin Louis.
(5) Privilèges – M. Pilot, ouvrage cité.
(6) Janvier 1738 – Dans une déclaration imprimée en 1781, M. de Ville se plaint de l’avoir perdu, de 1735 à 1740. La concession impériale de 1178 à Guillaume de Poitiers fixait ainsi les taxes à percevoir : 12 deniers par cheval ou mulet chargés ; 6, par âne, 1 par charge de sel ; 2, par cheval ou mulet non chargé et 1 par âne. (U. Chevalier, Inventaire des Dauphins de 1277, p. 28).
(7) Entretien des routes – Voir Chorier, Jurisprudence de Guy Pape.
(8) En 1651 – Inventaires des titres de l’évêché, par Molinier de la Fabrègue, (manuscrit).
(9) Etoile sur le Rhône – Archives de la Drôme, E, 1732
(10) Patte de Saint Rambert – Notice sur la baronnie de La Voulte, p. 308 et 309.
(11) Charge de vin – Archives de Châtillon, FF.
(12) En 1724 – Essais historiques sur la ville de Valence, nouvelle édition, p. 314


 Sources : Texte de A. LACROIX paru dans le Bulletin de la Société d’archéologie et de statistique de la Drôme en 1902