JANVIER 2020, l’INRAP SE PENCHE SUR LE PASSE D’AOUSTE
Dans le cadre du Forum des Associations, Histoire et Patrimoine Aoustois présentait, le 04/09/2021, les résultats des découvertes par l’Institut National de Recherches Archéologiques Préventives (INRAP), lors des sondages effectués en janvier 2020 sur deux sites de la commune d’Aouste sur Sye.
I – La première étude
II – La deuxième étude
Les sondages effectués en janvier 2020 à Aouste sur des parcelles distinctes ont apporté des informations intéressantes. Ceci dans le cadre de recherches en archéologie préventive. Une vingtaine de de personnes de l’INRAP Auvergne Rhône Alpes ont travaillé sur les objets découverts.
La première étude concerne l’antiquité: le haut empire (avant 284). 36 structures funéraires ont été mises à jour – dépôts de crémation, sépultures, ossements, objets métalliques, éléments en céramiques, verre … Un rapport archéologique compte plus de 100 pages !
Ces découvertes nous rappellent que chez les romains, les funérailles devaient empêcher que l’âme du mort erre sans aucun repos, dés la République, l’organisation des obsèques était confiée à des entrepreneurs de pompes funèbres, l’incinération était pratiquée jusqu’au milieu du IIe siècle, pour les plus riches ; les pauvres, eux, sont jetés à la fosse commune.
15% de la parcelle de terrain a été fouillée donc l’INRAP évalue entre 220 et 250 les structures funéraires sur la parcelle.
Ces recherches, outre le rappel des cérémonies funéraires chez les Romains, nous permettent de mieux connaître le passé aoustois, ici, ce sont les premières structures funéraires découvertes. De riches gallo romains résidaient dans la vallée de la Sye. La « petite agglomération Augusta » était un lieu de passage important : les structures funéraires se retrouvent fréquemment à proximité de voies romaines, il semblerait donc que la voie romaine se situait en amont de la chute de la Sye pour continuer, ici, en pied de colline, en direction de Fontagnal et Saillans ….
La deuxième étude concerne le Haut Moyen Age, le rapport ne fait que 140 pages. Il concerne aussi les rites funéraires. C’est un cimetière « associé à un bâtiment partiellement repéré ». Sept sondages ont permis de recenser 92 sépultures, soit en pleine terre, soit à l’intérieur de cercueils en bois, de coffres, de sarcophages, de tombes en tuiles plates. L’INRAP estime entre 1500 et 2000 les structures funéraires présentes dans ce cimetière et orientées principalement vers l’Ouest. Quant au bâtiment, il se pourrait que ce soit le prieuré Saint Pierre et Saint Christophe connu dans les textes de 1120 et 1140. Quelques murs gallo-romains ont aussi été repérés.
L’histoire de la cité cache encore beaucoup de mystères…
I – La première étude
Sondages archéologiques d’Aouste-Sur-Sye (Drôme),
Chemin départemental 731
INRAP Auvergne-Rhône-Alpes
11 rue d’Annonay, 69675 Bron Cedex
Tél. 04 72 12 90 00
auvergne-rhone-alpes@inrap.fr www.inrap.fr
Article de l’INRAP
Chronologie :
– Antiquité romaine (gallo-romain), Empire romain, Haut-Empire
Structure funéraire, Sépulture Mobilier Céramique, Objet métallique, Verre
– Époque contemporaine
Ce diagnostic a révélé l’existence d’une nécropole romaine dans la partie centrale de l’emprise foncière prescrite, secteur qui, du point de vue géomorphologique, correspond à une terrasse alluviale intermédiaire d’âge holocène (dénommée « terrasse médiane »). La mise en place de cette terrasse, qui a pu se développer jusqu’au début de l’antiquité romaine comme l’indique présence de fragments d’amphore en partie supérieure, est plutôt à mettre en lien avec la dynamique alluviale de la Sye.
Le contexte funéraire étudié au cours du diagnostic se compose au total de tente-six structures, comprenant majoritairement des dépôts secondaires de crémation mais aussi des fosses-bûchers. Ces vestiges ont été mis au jour dans quatre sondages sur les sept qui ont été ouverts sur l’ensemble de cette parcelle.
Cette nécropole présente deux phases d’utilisation Une première phase qui fonctionne au cours de la seconde moitié du 1er s. apr. J.- C. mais qui peut avoir une origine plus précoce et une deuxième phase forcément postérieure (données stratigraphiques) qui reste difficile à caler précisément sur le plan chronologique : fin Ier s., début IIe s. ?. La phase de colluvionnement intercalée entre les deux niveaux de la nécropole demeure elle-aussi difficile à calibrer dans sa durée (moins d’un siècle, quelques décennies voire moins ?).
Les autres indices archéologiques se limitent à des structures hydrauliques représentées par trois canalisations, un caniveau et à deux ensembles fossoyés qui correspondent visiblement à des aménagements datés de la période contemporaine, sans plus de précision.
La crémation : Traitement des morts pendant l’Antiquité gallo-romaine
Les nécropoles urbaines antiques sont généralement situées le long des axes de communication, hors des limites de la ville comme l’exige la loi romaine. L’organisation de l’espace des nécropoles est clairement marquée. Bornées par un fossé, une palissade ou des murs, voire par des bornes et des haies ; on y trouve parfois de petits enclos funéraires individuels, ce qui laisse envisager l’existence de véritables concessions funéraires.
Inhumation et incinération coexistent ; toutefois, le rite de la crémation reste prédominant au cours des deux premiers siècles de notre ère. À partir du IIIe siècle, l’inhumation devient la règle, sans doute sous l’influence du christianisme. Les deux modes coexistent jusqu’au IVe siècle où l’inhumation prend finalement le dessus suite à l’influence chrétienne.
Dans le cas d’une incinération, le corps est déposé sur un bûcher à ciel ouvert, accompagné d’objets personnels (vêtements, bijoux) et de récipients contenant des aliments. Durant la crémation, des plantes aromatiques et des parfums contenus dans de petites fioles sont jetés dans le feu.
Les ossements recueillis sont placés dans une urne que l’on dépose dans une fosse, en même temps qu’une partie des objets brûlés. Il peut s’agir d’une urne en plomb, d’un simple vase en céramique ou en verre, et parfois d’un coffret en bois.
Lorsque le défunt est inhumé, il est souvent placé dans un cercueil en bois. Les coffres de tuiles, les sarcophages en pierre ou en plomb n’apparaissent que tardivement.
II – La deuxième étude
Conclusion par l’INRAP sur les sondages route de Blacons
INRAP Auvergne-Rhône-Alpes
11 rue d’Annonay, 69675 Bron Cedex
Ce diagnostic réalisé à Aouste-Sur-Sye (Drôme), sur des parcelles situées route de Blacons, a révélé une très forte présence de vestiges archéologiques représentés plus particulièrement par un contexte funéraire médiéval et moderne associant cimetière et bâtiment religieux. Ce contexte funéraire omniprésent sur l’ensemble de l’emprise prescrite n’est pas la seule découverte réalisée puisqu’il est question également d’un niveau d’occupation antique et d’un horizon sédimentaire contenant quelques indices (tessons de céramique) attribuables au Néolithique et au Bronze ancien.
Les découvertes sont résumées ci-dessous en suivant un ordre chronologique croissant.
Les traces d’occupation les plus anciennes sont représentées par un lot de tessons de céramique non tournée (vingt-deux fragments) extrait de deux couches sédimentaires superposées, légèrement brunifiées, qui ont été observées uniquement sur 4 à 5 m² dans un sondage profond réalisé dans la partie centrale du site à l’extrémité nord. C’est du niveau supérieur, situé à 1,35 m de profondeur sous le sol actuel que provient la majorité du mobilier céramique. La faible quantité de mobilier et des critères typologiques discrets (uniquement type de pâte) ont conduit à proposer une datation « prudente » de cette céramique ; il semblerait d’après J. Vital (CNRS) qu’il existe à la fois certains éléments pouvant appartenir au Néolithique et d’autres plutôt attribuables au Bronze ancien. Ce constat de mélange de culture pose évidemment la question de la pertinence de ces indices matériels qui ne sont peut-être pas en place dans les niveaux sédimentaires.
L’occupation antique de ce site a été observée dans les sondages localisés dans la partie centrale de l’emprise. Elle est caractérisée par un niveau sédimentaire, par des vestiges de murs, par une fosse et par des indices matériels (céramique, monnaies). Ces derniers ont été retrouvés en place dans la couche d’occupation et dans la fosse ou en position secondaire dans le niveau encaissant du cimetière Médiéval/Moderne et dans des comblements de tombes.
Le niveau sédimentaire, repéré dans les parties profondes des sondages sud et nord, apparaît directement sous le sondage (niveau du cimetière) à 0,65 m de profondeur sous le sol actuel pour un sondage et à 1,40 m de profondeur pour un autre sondage. Cette différence d’altitude de 0,70 m témoigne apparemment d’un pendage nord-sud d’environ 5 à 6 % pour ce qui concerne l’horizon antique de ce site, il s’agit là d’une remarque avancée avec prudence car ce niveau d’occupation n’a été constaté qu’à deux endroits du site avec à chaque fois une interprétation incertaine de la couche (sol, remblai ?). En revanche, il est certain que ce niveau a été perturbé, voire fortement remanié, par l’installation des tombes les plus profondément enfouies du cimetière médiéval/moderne.
Les quatre tronçons de murs qui appartiennent à ce contexte antique présentent des modes de construction assez similaires et des orientations nord-sud et est-ouest associables, par contre ils sont individuellement trop isolés pour faire clairement référence à un même ensemble. Une fosse, en partie tronquée par l’installation d’un sarcophage, est une structure intéressante car son comblement a livré une grande quantité de mobilier céramique – quarante-deux tessons (1). Ce dernier, qui couvre une large amplitude de temps allant a minima de la première moitié du Ier au IIIe s. apr. J.-C. Les deux monnaies découvertes, l’une dans le niveau antique (un sesterce d’Antonin le Pieux : 138-161) et l’autre en position secondaire dans le contexte du cimetière (un sesterce de Marc Aurèle (?) : 161-180) viennent s’associer à cette proposition de datation.
Le cimetière médiéval et moderne occupe l’ensemble de l’emprise foncière prescrite au diagnostic des parcelles et il peut certainement s’étendre au-delà dans le sous-sol des parcelles attenantes. Ce cimetière apparaît associé à un bâtiment repéré partiellement dans la partie centre-est du site et représenté par des fondations de murs. Sur le plan méthodologique, il est utile de rappeler que dans le cadre de ce diagnostic, aucune sépulture n’a été fouillée. Le travail a consisté à un nettoyage complet des fonds des sondages afin de bien repérer tous les ensembles funéraires présents. Dans le cas des ossements, il était important de discriminer ceux qui correspondaient à des sépultures en place (ossements en connexion) de ceux disposés en désordre et pouvant se rapporter éventuellement à des réductions. Ce travail a permis de dénombrer les sépultures par sondages, d’identifier leur type et de repérer leur orientation.
Dans les sept sondages ouverts, au total quatre-vintg-deux sépultures ont été recensées en étant identifiées comme telles pour la grande majorité et uniquement supposées pour quelques rares structures. Toutes ces sépultures sont des inhumations qui se présentent sous différents types et en nombre variable : quarante-deux en pleine terre ou peut-être à l’intérieur de cercueils en bois, seize en coffres ovales ou anthropomorphes, dix dans des sarcophages, une tombe en tuiles plates et treize difficiles à caractériser ou non déterminées. Ce nombre total de sépultures repérées (82), auquel il faut ajouter un nombre estimé d’ensembles plus enfouis non visibles (total x 1,5 minimum et x 2 maximum) ramenés à la surface des sondages (212 m²), permet d’évaluer entre 1 500 et 2 000 la quantité de structures funéraires sur l’ensemble de l’emprise (2660 m²). Du point de vue densité, il semblerait qu’en s’éloignant vers l’ouest du bâtiment associé (bâtiment religieux), le nombre de sépultures se réduit.
Sur le plan stratigraphique, il faut retenir que les premières sépultures apparaissent à partir de 0,50 m de profondeur sous le niveau de sol actuel ; c’est le cas dans certains sondages où certaines affleurent quasiment sous la terre végétale. Cette situation stratigraphique laisse supposer un arasement de la partie supérieure de la couche dans laquelle les tombes ont été creusées car il n’est pas envisageable que ces dernières aient été sub-affleurantes lors du fonctionnement du cimetière. Dans la partie centrale du site , les vestiges funéraires sont légèrement plus enfouis entre 0,60 m et 0,80 m et dans le secteur ouest (sondages 5 et 6), ils ont été observés à partir d’1,10/1,20 m de profondeur, ce qui peut indiquer ici une bonne conservation du niveau sédimentaire en relation avec le cimetière.
Sur le plan topographique, les relevés altimétriques NGF de la surface (niveau du cimetière) montrent l’existence d’une amorce de pente vers l’ouest. En effet, la surface du sol du cimetière, en tenant compte de son arasement dans certains secteurs, devait se situer entre 207 m et 207,50 m dans les parties centrale et orientale du site, elle est cotée aux alentours de 206 m dans le secteur ouest.
L’état de conservation de ces ensembles funéraires apparaît relativement correct mais également variable et incertain puisse qu’aucune sépulture n’a été fouillée. Parmi ces vestiges, certains sont partiellement perturbés, voire très perturbés car tronqués par des dépôts postérieurs, d’autres sont entièrement conservés. Il en est de même pour l’état des ossements qui, malgré des disparités, restent dans l’ensemble assez correct. À première vue, la nature du sédiment encaissant n’a pas été trop agressive.
En ce qui concerne l’orientation des structures funéraires, bien que la position des crânes ait été constatée uniquement dans les sépultures en pleine terre ou en cercueil, on peut tout de même affirmer que la très grande majorité (92 %) des tombes sont orientées ouest (quarante-six tombes) et nord-ouest (trente tombes). On recense uniquement un sarcophage disposé nord-sud le long du mur ouest du bâtiment et donc influencé par l’orientation de ce dernier, ainsi qu’une sépulture d’enfant orientée vers le sud-ouest d’un sondage . Pour quatre tombes, l’orientation est indéterminée.
Ce contexte d’occupation médiévale et moderne est représenté également par l’angle sud-ouest d’un bâtiment repéré et matérialisé par des fondations de murs de tailles monumentales (largeur : 1,80/1,90 m). Ce bâtiment, qui se prolonge visiblement dans la partie centre-nord de la parcelle, apparaît en relation avec les ensembles funéraires. Son orientation générale, avec des murs nord-sud et est-ouest, a clairement influencé celles des tombes avoisinantes.
Pour répondre au mieux à plusieurs questions concernant ce bâtiment et le cimetière qui l’entoure, et plus particulièrement pour tenter d’identifier ce contexte, une expertise documentaire a été réalisée dans le cadre de ce rapport. Ces recherches, qui se sont appuyées sur l’iconographie ancienne et des sources écrites anciennes, ont été concentrées autour des éléments d’occupations médiévales et modernes d’Aouste-sur-Sye, de ses établissements religieux, des cimetières et des quartiers du bourg ancien. Les résultats de cette étude projetés sur le secteur du diagnostic peuvent se résumer de la manière suivante.
Au cours de l’Antiquité romaine, le territoire d’Aouste-sur-Sye est occupé par une petite agglomération (Augustum, Augusta) et par des établissements périphériques (villae) ; le secteur du diagnostic se trouve situé le long d’une voie importante reliant Valence à Die.
Le quartier actuel où s’est déroulé le diagnostic porte le toponyme Fontagnal qui tient probablement son origine d’une source ancienne, élément propice à une implantation humaine (cadastre ancien 1811). Le toponyme St-Pierre, qui couvrait encore au XIXe s. une grande partie de la commune à la sortie est du bourg et en rive droite de la Drôme (cadastre ancien 1811), correspond à un des vocables de l’ancien prieuré d’Aouste et au vocable d’une de ses églises.
Des sources écrites attestent l’existence d’un prieuré d’Aouste St-Pierre et St-Christophe, de deux églises St-Pierre et St-Christophe et d’un cimetière associé à chacune des deux églises. Le prieuré tient ainsi son double vocable des deux églises médiévales contemporaines, St-Pierre et St-Christophe, qui lui sont attachées. Les églises St-Pierre et St-Christophe sont connues par les textes depuis la première moitié du XIIe s. (bulles papales de 1120 et 1142 ). La mention la plus ancienne pour le prieuré St-Pierre et St-Christophe est datée de 1328 (Pouillé de Die) mais il est possible qu’il ait une origine plus ancienne.
En ce qui concerne la localisation, seule l’église St-Christophe et son cimetière sont situés par les archives : ils occupent un emplacement à l’entrée ouest du bourg (cadastre ancien 1811) et de fait ils n’ont pas de rapports directs avec les découvertes réalisées lors du diagnostic. Pour l’église St-Pierre, un seul indice est donné par des sources du XVIe s., qui la situe sans plus de précision hors et près du bourg d’Aouste. Quant au prieuré, il n’est pas localisé sur ce territoire. Cependant, en tenant compte de la localisation du toponyme St-Pierre, on est incité à placer l’église St-Pierre, le prieuré et le cimetière associé en périphérie est du bourg, c’est-à-dire vers le secteur du diagnostic. En revanche, on ignore si l’église et le prieuré sont associés ou dissociés physiquement.
Concernant le cimetière St-Pierre localisé autour de l’église St-Pierre et/ou du prieuré, il est peu évoqué par les sources avant le XVIe s. mais compte tenu des types de tombes rencontrés, ce cimetière a visiblement fonctionné dès l’origine des bâtiments (église et/ou prieuré). Il est avéré dans le courant du XVIIe s. mais on ne connaît pas précisément sa date d’abandon. Au-delà de sa datation, ses références dans les sources écrites invitent à s’interroger sur son statut. Ce cimetière prieural semble avoir une double vocation puisqu’il est aussi utilisé comme cimetière paroissial à l’époque moderne. Au XVIIe s., il accueille les défunts des religions catholique et protestante .
Sur la période d’abandon des différents établissements religieux du secteur St. Pierre, on sait par les textes que le prieuré est encore en service dans le courant du XVIIIe s. (1746), que la dernière notification de l’église St-Pierre date de 1787 et que ces édifices n’existent plus ou sont trop délabrés pour être recensés comme bien national pendant la période révolutionnaire. Quant au cimetière, a-t-il cessé de fonctionner avec l’abandon des bâtiments ou plus tardivement (début XIXe s.) ?
Au final, on retient que les résultats de cette étude favorisent l’hypothèse de la découverte du cimetière St Pierre et d’une partie de l’église St Pierre ou d’un bâtiment (chapelle) appartenant au prieuré St-Pierre et St-Christophe, sur l’emprise diagnostiquée.
Sur le plan chronologique, il est clair que ce cimetière à l’origine médiéval a perduré au cours de l’époque moderne au moins jusque dans le courant du XVIIIe s., période de l’abandon et la disparition des établissements (église, prieuré) auxquels il était associé. En revanche, le point de départ précis au cours du Moyen Âge de ce contexte d’occupation religieux (bâtiments et cimetière) est plus difficile à déterminer. Plusieurs informations extraites des études effectuées dans le cadre de ce rapport apportent toutefois un éclairage.
Tout d’abord, l’étude documentaire signale que l’attestation la plus ancienne de l’église St-Pierre remonte à la première moitié du XIIe s. Ensuite, en s’appuyant sur la typo-chronologie des sépultures observées dans les sondages, on peut estimer que certaines tombes peuvent se caler aux cours des Xe-XIe s. (coffrage ovale), XIe-XIVe s. (coffrage anthropomorphes) et même avant aux Ve-IXe s pour les sarcophages rectangulaires, sauf si ces derniers sont en réemplois. De leur côté, les sépultures en pleine terre ou en cercueils se rapportent aux phases plus récentes du cimetière (Bas Moyen Âge et période moderne). Enfin les analyses de datation radiocarbone, effectuées sur deux échantillons osseux prélevés dans des sépultures (structures estimées comme étant anciennes par leur position stratigraphique), ont fourni les résultats suivants à 95,40 % de probabilité pour l’une : 1016 – 1154 cal apr. J.-C. (934 – 796 cal BP – Beta-552485) et pour l’autre : 1039 – 1210 cal apr. J.-C. (911 – 740 cal BP – Beta-553486).
Toutes ces informations permettent d’envisager une installation d’un établissement (église et cimetière ou prieuré avec église et cimetière) sur ce secteur au plus tard dans la première moitié du XIIe s.
(1) Tessons – Quarante-deux tessons comprenant dix-sept fragments de sigillée sud gauloise, un fragment de sigillée claire, un fragment de commune claire, dix-sept fragments de céramique grise kaolinitique et six fragments d’amphore ibérique.
Les deux monnaies découvertes
– Sesterce d’Antonin le Pieux (138-161) frappé à Rome entre 140 et 144
Diamètre : 33,1 mm Poids : 21,34 g Axe des coins : 12 h
A/ tête laurée à droite
ANTONINVS AVG-PIVS PP TRP COS III
R/ Rome assise à gauche sur un trône tenant le palladium et une lance ; un bouclier est posé contre le trône.
ROMA – [AETERNA] / SC
Réf. : RIC III n° 621 p. 110
Commentaire : Ce sesterce conserve un relief plutôt correct et reste bien lisible malgré une oxydation inégale rendant l’ensemble assez peu uniforme dans son aspect.
– Sesterce de Marc Aurèle (?) (161-180) frappé à Rome
Diamètre : 30 mm Poids : 23,75 g Axe des coins : 12 h
A/ Tête laurée de Marc Aurèle à droite ?
Titulature illisible
R/ Victoria (la Victoire) marchant à gauche, tenant une couronne de la main droite et une palme de la main gauche.
Légende illisible
Commentaire : ce sesterce présente une usure assez marquée même si l’iconographie des deux faces reste visible. L’avant du portrait de l’empereur a cependant un peu souffert et l’absence de lettres bien lisibles à l’avers ne permet pas d’assurer qu’il s’agit bien de Marc Aurèle, même si cela reste probable. Une attribution à son fils et successeur Commode (161-192) est également envisageable.