LES CANAUX DE LA SYE




De même que la Gervanne, la Sye, au long de son cours de Cobonne à Aouste, a permis l’exploitation de divers canaux, tant d’irrigation qu’industriels tels que les canaux fournisseurs de force motrice aux moulins à farine Gresse, à l’usine à billes Barral, à l’usine de soie Thomé, et à Aouste, aux papeteries Gilles/Charnier (La Pialle) sur la rive droite et Filliat/SACNA avec le canal de la Sye rive gauche .

Il y eut de nombreux litiges plus ou moins graves entre les propriétaires fonciers qui veulent l’eau pour l’irrigation de leurs terres et les petits industriels dont l’eau est indispensable pour faire tourner leurs machines. Ces conflits se règlent devant la justice: 1729 – 1779 – an 10. Les sanctions se traduisent par des amendes pour ceux qui entravaient la répartition équitable de l’eau. En 1977, ces litiges sur les droits d’eau persistaient.

Plus d’une centaine de riverains l’utilise pour fournir l’arrosage et autres utilisation. Il a alimenté à une certaine époque l’usine de la Pialle (papeterie).  Tel le canal de Gervanne, l’entretien du canal de la Sye est, de nos jours, effectué par les divers riverains  ( qui doivent laisser le passage libre), le défaut d’entretien et de réparations du canal menace sa pérennité.

On remarque aussi  que la Sye charrie du gravier , ce qui n’est plus vraiment le cas actuellement, et, au niveau des services techniques, en 40 ans, le lit de la rivière a baissé de 20 cm.

Le canal de la Sye – rive droite – de la Pialle


En ce qui concerne le canal de la Sye, la prise du canal se situe sur la rive droite à hauteur du bâtiment Valmasel.



La prise d’eau du canal sur la Sye

Le canal remonte au moins au XVIe siècle, mais tout porte à croire qu’il est antérieur à cette époque.

C’est ainsi qu’en 1582 (sous le règne de Henri III), la communauté d’ Aouste se dessaisit des moulins « Carman », sous réserve que les prairies situées au-dessus et au-dessous du moulin continuent à être arrosées par les eaux des ruisseaux de la Sye et de Gervanne.

Ce droit est confirmé :

  • par les actes de l’Évêché de Die les 3 avril 1659 et 5 mai 1663 ;
  • par l’Assemblée générale des propriétaires à Aouste le 7 juin 1729 ;
  • par les arrêts du Parlement de Grenoble des 13 octobre 1744 et 7 août 1772 ;
  • par la Justice de Paix du 9 fructidor An X (27 août 1802) ;
  • par les actes du 19 frimaire An VIII (10 décembre 1799) de Me Guerimand notaire à Aouste et de Me Gresse du 14 décembre 1873 ;
  • par le procès verbal de visite des lieux par le Juge de Paix de Crest le 13 décembre 1930
  • par le jugement du Tribunal de Crest du 7 février 1931.

Tel le canal de Gervanne, l’entretien du canal de la Sye est, de nos jours, effectué par les divers riverains (qui doivent laisser le passage libre), le défaut d’entretien et de réparations du canal menace sa pérennité.




La cuvette de dépôts des sédiments


Plan 1811



Le canal de la Sye – rive gauche – Filliat/SACNA




Le 2 février 1852 par devant Maître Gresse Pierre notaire à Aouste ont comparu Antoine Thomé cultivateur, Mlles Brun Jeanne, Rosalie et Suzanne, François Veyrier propriétaire cultivateur, Joseph Filliat fabricant de papier porte fort pour les héritiers (Coursange frères) de Mr Frédéric Coursange négociant à Die propriétaire de l’usine, lesquels autorisent Filliat à construire un barrage mobile sur la rive gauche de la Sye pour alimenter soit les arrosages soit pour le jeu ou l’usage des usines. Le débit du canal de Gervanne s’avère insuffisant. Le barrage serait construit environ 350 m en aval de l’usine de Mr Charnier.

Mrs Filliat-Thibert (papetiers de 1854 à 1863) dépose une demande au Préfet, le 4/10/1854 afin d’ obtenir l’autorisation de dériver les eaux de la Sye pour augmenter la force motrice de la fabrique de papier ; le 14 mai 1855 une visite est effectuée sur place en présence des intéressés (Gresse notaire, Filliat Pierre frère propriétaire du terrain, Thomé propriétaire riverain, Charnier propriétaire de l’usine supérieure (La Pialle), Fillat et Thibert pétitionnaires.

L’ingénieur ordinaire de Crest, suite à son rapport, autorise le 24/10/1855 la construction du barrage (partie fixe et mobile) sous conditions d’une longueur de 276 m, à 56 m du canal de fuite de Charnier. Suite à divergences une deuxième enquête est ordonnée le 28/10/1855, reconnue favorable le Sous-Préfet de Die donne son autorisation le 19/11/1855.

Mr Charnier, ayant déposé plusieurs réclamations (les 30/10/1854, 20/11/1854, 24/05/1855, signale que lors de grandes crues de la Sye, les eaux envahissement sa fabrique (notamment ce fut le cas en 1840) et la construction du futur barrage provoquerait un amoncellement des graviers et renverrait l’eau sur la rive droite qui compromet le mur qui clôt sa propriété déjà emporté plusieurs fois. Ce qui se produisit. Le 4/09/1857, Charnier signale au Préfet un cumul important de graviers qui menace ses installations. L’ingénieur ordinaire de Crest constate la formation d’un amoncellement de graviers de 15 m et établit un rapport le 21/12/1857. L’ingénieur en chef met en demeure Mr Filliat, le 6/02/1858, de régulariser la hauteur du barrage et de curer le bief ; cette mise en demeure sera avalisée par le Préfet le 12 février 1858.

Ce contentieux durera jusqu’en 1868 avec des reprises périodiques.



Canal SACNA plan situation en 1963