Antoine Brun « formaïre » à Aouste sur Sye en 1837

ANTOINE BRUN « FORMAIRE » A AOUSTE EN 1837


Le « formaïre » ou formeur est un fabricant de toiles métalliques pour « formes » utilisées pour fabrication artisanale du papier à la main. Cette activité a quasiment disparu compte tenu de la très faible demande.

Le type de forme utilisée depuis l’avènement du papier en Occident est construite à partir d’un cadre en bois sur lequel viennent se fixer les fils de cuivre dans le cas d’une forme vergé ou la toile de cuivre dans le cas d’une forme vélin.

Voici ce que l’on pouvait relever dans le Bulletin de la Société de statistique, des arts utiles et des sciences naturelles du département de la Drôme, Volumes 1 à 2 de 1837 en ce qui concerne Antoine Brun formaïre à Aouste sur Sye.

«  Je dois signaler dans cette section une toile métallique fabriquée à Aouste. — Ces toiles, recherchées pour les blutoirs, les filtres, les tamis, sont d’une grande importance pour la fabrication des papiers. Elles entrent pour 4 à 6000 fr. dans la dépense annuelle d’une machine. —

Il y a peu de temps nous étions tributaires des Anglais pour la fabrication de ces toiles ; eux seuls en fournissaient de bonnes ; depuis cette année seulement, une maison française de Schelestadt (Bas-Rhin) en a fourni qui peuvent être mises en comparaison avec celles des Anglais, soit pour la qualité du fil et la préparation, soit pour la bonne confection du tissage.

Antoine Brun exerçait le métier de formaire (on désigne ainsi les fabricants des formes sur lesquelles on fait le papier à la main par l’ancien procédé). Il y a quelques années seulement, c’était un bon état. Fixé à Aouste, son pays natal, c’est lui qui fabriquait la majeure partie des formes employées dans les papeteries d’Aouste et de Blacons.

La révolution qui s’est opérée dans la fabrication du papier a frappé son industrie; il fait beaucoup moins de formes. D’un autre côté, la toile métallique, fixée par des coutures sur les formes durait beaucoup ; libre sur la machine et soumise à un double mouvement oscillatoire, elle est promptement détruite; la fabrication en est devenue un objet fort important.

Sans se laisser décourager par l’incertitude du succès, le sieur Brun, ouvrier intelligent et adroit, a entrepris de fabriquer des toiles métalliques, et pour cela a établi lui-même, et d’après ses idées seules, un métier à tisser, presque tout en bois. Ce métier fonctionne depuis peu, et sa première toile d’essai a été posée sur la machine à papier de M. Charnier, d’Aouste, qui en est satisfait; l’autre portion de cette toile est celle qu’il a exposée.

Cette toile n’est pas irréprochable sous le rapport du tissage : la trame est un peu moins serrée que la chaîne; mais il ne faut pas perdre de vue que ce n’est qu’un essai, et encore avec, un outil imparfait. Brun, à qui l’observation en a été faite, a reconnu que cela provenait de ce que son balancier n’était pas assez fort; il a dit qu’il s’occupait à y remédier.

Voilà une de ces créations qui méritent toute l’attention, toute la reconnaissance de l’industrie. Elle est appelée à prendre une grande importance dans notre département, et nous délivrera d’un tribut à l’étranger. — Qu’on se rappelle le point d’où est parti M. Brun, les moyens qu’il a eus à sa disposition, les efforts qu’il a du faire, et l’on reconnaîtra qu’il a fait preuve d’une grande pénétration d’esprit. Nous suivrons son entreprise arec le plus vif intérêt.  » 


Une « forme »


La forme à papier qu’elle soit rectangulaire, ronde ou carrée, une forme à papier n’est autre qu’une sorte de tamis généralement métallique ou plutôt un treillis très serré de fils fins, bien tendus. (cuivre, bronze, laiton) sur un cadre en bois.