Voie ferrée et aménagement à la fin du XIXe siècle



VOIE FERREE ET AMENAGEMENTS A LA FIN DU XIXe SIECLE



En 1857, afin de chasser les Autrichiens du nord de l’Italie, le ministre Cavour demande l’aide de la France, Napoléon III décide la construction d’une voie ferrée permettant d’acheminer des troupes à la frontière italienne.
 
La voie de la Vallée de la Drôme est choisie pour des raisons géographiques, financières et militaires. La société PLM (Paris-Lyon-Marseille) est retenue pour effectuer les aménagements de Livron à Crest. Le premier train est finalement accueilli à Crest le 25 septembre 1871.
 
Le deuxième tronçon Crest-Die est construit de 1875 à 1885. Le 18 janvier 1875, le sous-préfet indique aux maires le projet de prolongement de la ligne jusqu’à Die, en 1878, il est décidé de relier Crest à la ligne Grenoble-Gap; le 21 juin 1880, les géomètres Léon Legendre et Charles Traumann de Crest sont chargés d’effectuer les études. Les difficultés sont à la fois techniques (construction du tunnel de Saillans et ponts sur la Drôme), mais aussi financières, les propriétaires refusant de vendre leurs terrains; ainsi à Aouste, toutes les ventes ont été effectuées sous la contrainte: les dix huit propriétaires sont expropriés par le tribunal civil de Die le 7 septembre 1881 (voir annexe) (le maire d’Aouste ayant été informé par la sous-préfecture de Die de la décision de construction de la ligne Crest-Aspres les Veynes le 31 août 1881) (1). Le premier train entre Crest et Die circule en septembre 1885, après s’être arrêté dans les gares de Aouste, Piégros, Saillans, Vercheny, Pontaix, Sainte-Croix.
 
La construction de la voie de Die à Veynes dure de 1885 à 1894, le coût moyen au kilomètre, sur ce secteur, est de 489 000 francs. La ligne est ensuite prolongée jusqu’aux frontières. Le travail s’effectue dans des conditions très difficiles, en 1887, deux explosions de grisou tuent sept personnes et font trente deux blessés. Les deux premiers tronçons emploient trois cents personnes, le tronçon de Die à Veynes nécessite trois à quatre mille ouvriers dont la moitié d’Italiens vivant dans des conditions d’hébergement déplorables, travaillant dix heures par jour, six jours sur sept. Les ouvriers italiens sont moins bien payés que les français.
 
En 1892-1893, la ligne sert uniquement aux militaires, jusqu’à vingt-quatre convois quotidiens, la protestation des populations locales arrache l’ouverture de la voie au public en 1894. Mais, en 1914, il n’y a qu’un seul train de voyageurs car la ligne sert à transporter les militaires: convois de mille cinq cents hommes, mesurant plus d’un kilomètre.
 
L ‘ouverture de la ligne modifie profondément l’économie locale : importation d’engrais, de pâte à papier, de charbon, exportation du vin, des céréales, de la soie, du bois, puis de la chaux, ceci durant plus d’un demi siècle. Les trains de voyageurs transporteront environ quatre cents personnes par jour, réparties pendant longtemps en trois classes, dans des wagons à compartiments. La relative facilité des voyages en train contribue aussi à la transformation des mentalités.
 
En parallèle à la construction de la ligne de chemin de fer et de la gare d’Aouste, la commune va se développer au sud de la Drôme. L’hôtel de la gare sera l’un des témoins de cette époque, c’est aussi le tracé de l’avenue de la Gare qui rejoint la nouvelle église par le nouveau pont en fer en empruntant, seulement en partie, le tracé du chemin de Piégros (chemin de communication n°20). En 1880-1882, trente-six propriétaires sont concernés par l’achat de terrains pour la mise en alignement ; la vente des terrains s’est effectuée à l’amiable (2). Le début du XXe siècle voit la construction de l’esplanade et du bâtiment mairie-école.
 

 René Descours



Sources:
 
Les documents concernant la construction de la ligne ont été gracieusement transmis par Vincent Raucy suite à une exposition réalisée par Coraline Neveu pour la Gare des Ramières en 2010 sur «L’Histoire du train Livron- Veynes»


(1) Archives communales 1.o1
(2) Archives communales 2.o1,2.o2, 1.o1

 
Notes complémentaires



1 – La gare d’Aouste ferme définitivement en 1973, le service fret, fonctionnera encore une dizaine d’années géré par la gare de Crest. La fin du XXe siècle voit l’arrêt du transport de marchandises. Les touristes français et étrangers rejoignant les Alpes du Sud ont ainsi succédé aux soldats (ceux-ci voyageaient souvent pour la première fois, comprimés dans les wagons de troisième classe).
2 – 2013 voit le remplacement de cinq mille traverses et divers travaux sur les huit kilomètres entre Saillans et Livron ; le devis initial était de 5,4 millions d’euros ; il a été nettement dépassé.
3 – On lira aussi avec un vif intérêt, sur Wikipédia, l’article très documenté : La ligne de Livron à Aspres-sur-Buech.