Des années de malheur : 1914-1918




DES ANNEES DE MALHEURS : 1914-1918



51 soldats aoustois ont péri durant la guerre de 14-18 ; la commune d’Aouste a érigé deux monuments aux morts de la Première guerre mondiale : le « monument de piété » au cimetière et le « monument de glorification» vers la «Place des Ecoles» (1).


Lors de l’inauguration, le 14 novembre 1920, monsieur Pouzin, député, rappelait le sacrifice des soldats : «ils n’avaient pas de désir de conquête ces agriculteurs, ces ouvriers qui avaient en 1914 lâché l’outil pour courir au fusil…» il remarquait aussi la difficulté de la paix :»la paix est signée mais elle n’est pas réalisée par cela même.» . La plupart des soldats ont été tués dans le nord de la France, mais Ernest Guilhaud est décédé à Faux en Belgique, Adrien Vallentin se trouvait en Bulgarie à Tirnovo, Gabriel Brocard est mort à Zeitenlick (Grèce) et Elie Cheynet à Bizerte, 2 soldats aoustois sont décédés des suite de leurs blessures : Louis Raillon à Gap et Henri Mazérat à Lyon.Des familles sont restées sans aucune information de nombreuses années, d’autres appris le décès de leur soldat que très tardivement. Ainsi Paul Rémy Mourier a disparu le 29 août 1914, son décès n’a été officiellement constaté que le 8 avril 1916 « d’après sa plaque d’identité et les effets dont il est porteur» (2)



Confection des colis pour les soldats



Un document non classé des archives communales montre en soixante treize pages un aperçu des conséquences de la « guerre européenne» .Nous avons tout d’abord un bref historique sur les événements qui ont déclenché les hostilités, événement vus d’Aouste, puis sont répertoriés les soldats mobilisés à partir du 2 août 1914. Pour cette seule années, 202 aoustois sont mobilisés, 30 sont morts ou disparus. En 1916 il y aura 37 appelés, 4 ne reviendront pas. A partir de 1916, les jeunes sont appelés à 17 ans ; les soldats morts au combat ont entre 21 et 40 ans . Ce fichier contient aussi la liste nominative et détaillée des personnes ayant participé aux diverses collectes effectuées pour les soldats ; collectes en argent ou objets (chaussettes, ceinture de feutre, cache-nez, pipes, papier à cigarettes, couvertures, passe-montagnes, savons….) la liste de ces collectes traduit l’impact des événements:- deux collectes étaient parfois organisées le même mois comme en décembre 1914

– «collecte du comités des dames pour les petits paquets»
– collecte de la société des anciens élèves de l’école publique,
– souscription et collecte pour les blessés hospitalisés à Crest ( vin , poires, pommes, livres
– chocolat, lard, noix, pommes de terre, courges, œufs…)
– collecte pour les pauvres belges
– Noël aux armés,
– amélioration de l’ordinaire des soldats du front
– collecte pour offrir un livret de caisse d’épargne de 20frs à chacun des enfants des pères
  tombés au champ de bataille
– souscription en faveur des populations envahies par l’ennemi
– souscription pour les mobilisés nécessiteux (Noël et jour de l’an)
– souscription pour la «journée serbe»
– souscription pour l’orphelinat des armées
– collecte pour les journées françaises
– collecte par les jeunes filles ensuite par les jeunes garçons puis par les jeunes hommes….
 
En 1915 sera organisée la « journée du poilu» puis une collecte pour les soldats en permission de 6 jours, ensuite une aide aux réfugiés (chaussures et vêtements) des aides successives aux mobilisés nécessiteux, ensuite une journée des tuberculeux militaires , des souscriptions auprès des personnes qui n’ont pas de mobilisés ou pour des envois aux militaires nécessiteux de la commune et aussi une souscription en faveur des armées d’Afrique.


 

Ces enfants des écoles vont participer à la confection des colis


Les registres de délibération du conseil municipal sont aussi témoins de la guerre (2) ; outre les délibérations du 13 septembre 1914 concernant l’accueil des réfugiés de Meurthe et Moselle ( 19 familles en 1914 et en 1915, 9 en 1916) , une augmentation du prix du charbon pour le chauffage de l’école et de la mairie ; une aide aux nécessiteux entraîne une modification du budget en 1915 , le conseil municipal du 27/9/1917 apporte une aide pour «les services de santé russes et de nos alliés».


Par ailleurs, en 1917, la commune est aussi concernée par les difficultés de la vie quotidienne des civils: des demandes sont renouvelées auprès de la préfecture pour des coupes extraordinaires de bois de chauffage pour les aoustois, il y a alors des difficultés à trouver des hommes pour effectuer ces travaux ; suite à la taxation des objets de première nécessité comme le blé, une indemnité «pour cherté de la vie» est versée aux employés municipaux. Une société d’entraide agricole avait été créée en 1914. A partir de septembre 1917, il sera nécessaire de modifier la rédaction des baux ruraux, de nombreux exploitants étant décédés ; le conseil municipal du 3 juin 1917 «adresse ses remerciements aux femmes et sœurs des défenseurs de la patrie pour les travaux agricoles, commerciaux ou industriels qu’elles effectuent».


La paix revenue, le 17 nov. 1918 une aide municipale sera versée aux mobilisés nécessiteux de la commune ensuite en mars 1919 suite au traité de Paris une cotisation de 328 francs sera votée pour la célébration de la «Paix durable»..


Le 8 juin 1919 puis le 14 mars 1920, la décision est prise d’ériger » un monument pour perpétuer le souvenir des mobilisés de la guerre et des combattants morts pour la France » , deux monuments seront finalement édifiés pour un coût total de 17.445,70 frs, la souscription publique ayant recueilli 14.645,70 frs, le surplus est apporté par la commune (1). Il est aussi à noter que le 1er juillet 1919, la mairie a souhaité envoyer, l’année suivante, «une lettre de félicitation et de reconnaissance à l’armée américaine et au général Pershing» (3)

(1) – doc de Pierre Baudoin : Inauguration des monuments aux morts
(2) – Etat Civil Aouste NMD 1913-1922
(3) – délibérations du CM RD 1892-1916 n°11 et RD 1916-1932 n°12


PS : Autre effet de cette guerre: le conseil municipal du 7 juillet 1918 accepte la transformation du nom de la commune en « Aouste sur Sye » ceci afin d’éviter la confusion avec la commune d’Aouste dans les Ardennes.




Extrait du livre publié par l’association histoire et patrimoine aoustois – AOUSTE-SUR-SYE…au fil du temps – éd. Le Crestois 2015 – tous droits réservés.



René Descours