Histoires d’eau aux XVIIe et XVIIIe siècles

HISTOIRES D’EAU AUX XVIIe ET XVIIIe SIECLES

 
 
  
L’eau travaille pour nous de maintes façons, nous rendant la vie plus facile et plus agréable, c’est un élément essentiel de la vie, elle est en effet nécessaire à toutes les activités humaines, ou quasiment. L’eau est également une ressource essentielle au développement des sociétés humaines. Celles-ci se sont d’ailleurs fixées au bord des cours d’eau comme l’atteste l’implantation de la très grande majorité des centres urbains.

Les êtres humains ont cherché à mettre l’eau en valeur pour améliorer leur existence. D’une certaine façon, l’histoire de la civilisation est celle des moyens de plus en plus ingénieux – le feu, la roue, l’agriculture – que l’être humain a mis au point pour mettre l’eau à son service. Près de 5000 ans av. J.-C., nos ancêtres utilisaient déjà l’irrigation pour augmenter la production des récoltes. Des archéologues ont découvert des égouts en maçonnerie remontant à 2750 av. J.-C. et des toilettes à chasse d’eau datant d’une époque presque aussi reculée.

L’eau n’est pas seulement utilisée à des fins domestiques, elle l’est aussi pour la production d’énergie dans l’industrie. Aouste possédait des foulons à drap, un moulin, une papeterie et un atelier de fabrication de « bourneaux ». Elle sert également à l’irrigation.

Mais de « bonne fée », l’eau se transforme souvent en furie, et alors, rien ne l’arrête, ce sont alors pertes humaines et destructions.

La communauté d’Aouste ne sera pas épargnée au cours du temps.
 
 
Les fontaines


La communauté d’Aouste utilisait l’eau pour ses propres besoins domestiques, elle l’est aussi pour abreuver son bétail. Il existait deux petites fontaines (ou sources) dans la Sye où les habitants venaient puiser, mais était-ce suffisant pour tout le bourg ? Où se servait-elle ? Existait-il des puits ou des citernes dans le bourg ? Puisait-elle l’eau dans ses rivières de Drôme, Sye ou Lauzens ? Il existait bien des sources dans le terroir environnant depuis toujours : Font Chattée, Peymée mais trop éloignées du bourg, à une lieue et demi (environ 5 kms).

Mais la communauté d’Aouste eut à subir sur un peu plus d’un siècle, de 1687 à 1776, de nombreuses inondations détruisant les conduites d’eau qui alimentaient le village.

La population se trouva démunie face à cette situation.

à ce problème de manque d’eau potable, un autre, non des moindres, vint s’ajouter : le feu. à l’intérieur du bourg, nombre de maisons d’habitations étaient accolées à des fenières garnies de foin ou de paille. Ce « patchwork » de maisons et de dépendances et la piètre qualité des matériaux de construction où le bois était dominant, facilitèrent la propagation des incendies.
 
Les consuls de l’époque soucieux de ces situations n’auront de cesse de faire rétablir les fontaines.

Chaque fois ils durent faire reconstruire les conduites d’alimentation, demander la permission à l’Intendant du Dauphiné d’imposer la population pour les sommes nécessaires aux réparations (300 livres en 1687; 420 livres en 1735; 300 livres en 1756; 1 500 livres en 1757).

Les 1 500 livres de 1757 représentent la somme récupérée sur les réparations du pont de Drôme (le 30 juin 1747 l’arche de la rive gauche avait été emportée par une inondation), cette somme avait été affectée à l’origine à la construction de deux culées de ce pont, jugées inutiles ultérieurement et de ce fait réinjectées à la réparation du réseau des fontaines (A.C. Aouste DD 3).
 
1687

Le 2 novembre 1687, à midi, sur la place de la Cour devant le château de Monseigneur l’évêque de Die, Louis Guerimand et Henry Vandelin les consuls « modernes » ainsi que Jean Faure vice-châtelain d’Aouste ont convoqué l’assemblée générale afin que tous les habitants soient présents pour délibérer sur les propositions qui leur seront faites : ont comparu sieurs Antoine Vallon syndic des forains, M. Antoine Bodera son conseil nommé en la procédure faite à ce sujet, Étienne Chaix, Jean Antoine Guion, Jacques Charpene, Étienne Eymery, Jacques Barbeyer, Jean Esveque, Gaspard Gaillard, Louis Lambert, Jean François Esveque, Pierre Freychet, Jacques Reynier Brizon, François Peloux, Jean Perassol, Étienne Granon fils à feu Antoine, Michel Raillon, Claude Bouroulet, Guillaume Reynier, Antoine Beal, Michel Marquis, Benoît Morel, Étienne Granon Merand, Salomon Achard, Étienne Moulin, Pierre Trabillon, Claude Esveque, Paul Terrail, Jacques Vandelin, Jean Terrasse, Jean Gaillard, Alexandre Bertholet, François Chipron, Barthélemy Baral, Laurent Monteillet, Jacques Reynier d’André, Jacques Roux, Antoine Terrasse (AM Aouste DD3/32).
 
1735

Le 4 janvier 1735, dans l’étude du notaire Reatier de Crest, en présence de François Achard, Louis Odon, Jean Bovet, Louis Achard, Archinard et le commis Cholet, Maître Étienne Moulin, maçon résidant à Aouste a reçu la somme de 420 livres 17 sols suivant « le prix fait » pour travaux effectués à ouvrir et faire le canal de la fontaine, l’établissement, la conduite et la perfection de la fontaine, la fourniture des « bourneaux », depuis le creux de la Font du Pontel appartenant à Raymond Bertrand sur une longueur de 150 toises (environ 295 m).

Dans cette somme sont inclus 130 journées d’homme à raison de 14 sols par jour, 14 sols pour chaque « bourneau » pour 150 toises (environ 295 mètres), 125 livres de ciment à 9 sols la livre (1 livre égale 0,423 kg), 8 « muids » (contenance d’environ 445 litres) de chaux pour la bâtisse des « bourneaux » à raison de 2 livres 5 sols le muid, 5 livres pour le charroi du sable nécessaire, 11 livres 12 sols pour les pierres plates, 10 livres pour le bois nécessaire au bassin fait à la place du Pont, et, 89 journées à 25 sols chacune pour avoir fait lui-même les travaux de « perfection » de l’ouvrage.


1756 

Le consul Vandelin de la communauté d’Aouste adresse à l’Intendant du Dauphiné une demande de permission pour imposer une somme de 300 livres sur tous les habitants et possédants de biens du mandement d’Aouste pour les réparations nécessaires à la remise en service des fontaines.

Une inondation de la Sye a détruit les canaux d’amenée ainsi que deux petites sources servant aux habitants, les privant d’eau.
Le consul insiste sur le fait qu’un quelconque incendie serait catastrophique pour le bourg sans le secours de la fontaine.
 
1757 

Le 6 mars 1757 Jean Guiremand conseiller du Roi et maire perpétuel de la communauté et Antoine Forget consul et député de la communauté d’Aouste convoquent une assemblée générale et proposent le rétablissement de la fontaine sur la place publique devant l’église paroissiale.

«… les anciennes conduites de la fontaine de ce lieu sont rompues, qu’il serait fort à propos de les rétablir, soit pour l’utilité publique, soit par rapport aux foires que la communauté a depuis peu établi et requiert qui y soit délibéré.

Conclut unanimement, attendu la nécessité pressante d’avoir des fontaines et les moyens qu’a la communauté de pouvoir faire rétablir les fontaines qu’il est donné pouvoir au sieur consul de présenter requête à Monseigneur l’Intendant pour qu’il plaise à sa Grandeur d’homologuer la conclusion prise sur les offres du sieur Rapine, et se de permettre de dresser un devis estimatif pour le rétablissement et conduite des anciennes fontaines et passer le bail à prix fait pour la construction des nouveaux ouvrages à faire et y employer ensuite la somme affectée par les sieurs Rapine ou partie de celle-ci…»

Ont assisté à la délibération Jean Louis Trabillion, Jean Pierre Milharet, Claude Baral, Jacques Lambert, Claude Charles, Jacques Galliard, Urbain de Bien, Étienne Eymery, Jacques Caron, Jean Pierre Mour, François Achard, François Dorille, François Prudhomme, Noël Chabert, Louis Freychet, Joseph Perier, Jean Pierre Ponçon, Antoine Bayle, Jean Pierre Barbeyer, Claude Silvestre, Claude Tavan, Jean Pierre Lambert, Jacques Bounier, Pierre André.

Suite à la délibération du 6 mars 1757, les autorités de la communauté requièrent auprès de l’Intendant à Grenoble d’attribuer la somme de 1 500 livres, précédemment affectée à la reconstruction du pont, au rétablissement de la fontaine. En effet, les réparations du pont étant presque entièrement terminées et la construction de deux culées ne s’avérant pas nécessaire à la solidité de l’ouvrage, l’entrepreneur David Rapine, sur délibération de la communauté, accepte de diminuer le « prix fait » (devis) passé le 13 mars 1751 devant le subdélégué Sibeud du montant de cette somme, tout en maintenant les garanties de l’ouvrage.

L’Intendant Porte autorise le 23 mars 1757 l’utilisation de la somme de 1 500 livres aux travaux de la fontaine.

Le subdélégué Sibeud au vue de la requête et de l’ordonnance commet deux experts pour la recherche des eaux, le 9 avril 1757, Messieurs Louis Vausseras et François Chapaix, bourgeois de Crest à charge pour eux de dresser le devis (AM Aouste DD3/44).

Le 11 juillet 1757, Paul François René Lucrécius Sibeud, subdélégué de l’Intendant de Dauphiné, département de Crest et Die, en présence de Messieurs Guiremand maire, Antoine Forget consul et Athenor secrétaire de la communauté amende le devis remis le 1er juin 1757 par les experts sur huit clauses de réalisation de la maçonnerie. La publication en est faite à l’aide d’ affiches par les soins du secrétaire. Les enchères se sont déroulées pendant que trois feux étaient allumées ; elles furent remportées à l’extinction du dernier par un entrepreneur de Vercheny, Simon Lombard qui a fait la meilleure offre pour un montant de 2 100 livres.

La recherche des eaux se fera par le dénommé Fournier d’Aouste « expérimenté au fait de la recherche des eaux », et en la présence du maire Guiremand, du consul François Achard et plusieurs autres habitants. Après quelques « hésitations », une recherche exacte au quartier du Ponteil, situé au nord-est de la commune, fut jugé qu’il y avait des sources suffisantes pour alimenter la fontaine. Il est à noter que l’entrepreneur Simon Lombard sous-traite la surveillance et l’exécution des fouilles à deux intervenants Louis Granjon maître maçon d’Aouste et Paul Charles Gros de Saillans, caution de Simon Lombard.

Les possesseurs des fonds concernés par les travaux de fouilles seront indemnisés suivant une estimation des dommages causés, que ce soit pour les 410 ceps de vignes, les 16 mûriers et pour 616 m² de froment au vu des devis dressés par Messieurs Jean Pierre Barbeyer et Jacques Vincent Bilhard en date du 21 décembre 1757. Nous avons, après le chemin des champs, le curé, Jean André Brun, Venance Athenor, Jean Claude Audra, Jean Louis Achard du fils de Pierre, Sibeud le subdélégué, Antoine Bertrand. Le montant des indemnités s’élèvera à 249 livres 5 sols 6 deniers.

Les travaux furent terminés le 2 décembre 1757.
 
Le 24 avril 1759, l’Intendant du Dauphiné, Pierre Jean François de La Porte, suite à un arrêt du Conseil du Parlement de Grenoble en date du 20 mars 1759, ordonne une imposition par un rôle particulier sur les fonds des Trois Ordres de la communauté d’une somme de 1 223 livres 5 sols 6 deniers pour solde de la fontaine, à savoir 600 livres du reste de l’adjudication, 343 livres pour les fouilles, 237 livres 5 sols 6 deniers pour les indemnités et 43 livres 2 sols pour les vacations des experts et frais de prestations de serments.


 Les inondations
 
Mais si l’eau est bienfaitrice, dans ses excès elle devient dévastatrice. La communauté d’Aouste en a eu au cours de cette période à subir les outrances.
En un siècle, de 1670 à 1776, la communauté et son terroir furent dévastés.
 
Quelques dates marquantes
 
En 1670, les consuls de la communauté d’Aouste sollicitent le Conseil du Parlement du Dauphiné par un mémoire présenté devant Monsieur de Beaufort et ensuite à Monsieur de la Conche suite aux ravinement de leur terroir par les torrents et rivières qui ont emporté plus des deux tiers de trois fonds roturiers (fonds soumis à imposition) privant ainsi les habitants des meilleures terres labourables et précisent la situation de dénuement dans laquelle la population se trouvait.

La même année, en exécution d’une ordonnance rendue par Monseigneur André Gleyzal conseiller du Roi au bureau de l’élection de Montélimar, un devis de réparation des ponts est fourni par Marc Davin maître maçon à Aouste pour un montant de 1 483 livres. La Drôme avait emporté la muraille qui soutient la dalle du pont entre la tourelle des latrines et la première arcade sur environ une vingtaine de mètre, risquant la chute de l’arcade. Il en était de même pour la Sye qui menaçait d’emporter la tour « la milanaise » et les murailles, elle avait déjà emporté les pierres de taille des parapets du pont. Quant au pont de la Lozière, son état était peu enviable, et celui de Gervanne avait été réparé en 1668 pour la partie aoustoise. 

Il semblerait que des travaux importants ont été réalisés sur les infrastructures puisqu’en 1681, les devis établis par l’ingénieur Hugot commis par l’élection de Montélimar pour les réparations et constructions des ponts sur les rivières et torrents dans le territoire d’Aouste, s’élèveront à 4 950 livres. Un acte à « prix fait » a été passé le 6 novembre 1691 avec Jean Vachon maître maçon de Montélimar. Ces travaux ne se dérouleront pas dans les meilleures conditions car les retards, les insuffisances de travaux, le peu d’assiduité et les cautions initiales données s’avérant non solvables nécessitent une requête auprès de l’Intendant Lebret et au recours à Monseigneur Dieulament ingénieur du Roi. L’affaire va durer. Le 8 février 1699, après requête de la communauté du 6 juin 1697, et après plusieurs notifications verbales, une ordonnance de l’Intendant somme Vachon et à sa caution d’achever les réparations dans un délai de trois mois autrement ils y seraient contraints par corps (emprisonnement). 

Le 21 octobre 1702 un déluge s’abat sur Aouste et ruine la majeure partie du terroir de la communauté, renversant les arbres, les murailles et ravageant les cultures, ce qui ne contribue pas à la bonne fortune de la population déjà passablement éprouvée. 

Le 13 juillet 1717 une importante crue de la Drôme emporte une culée du pont.

Le 31 août 1722 des pluies et des orages frappent notre terroir occasionnant encore d’importants dégâts avec toutes leurs conséquences : ruines, destructions, perte des récoltes.

Le 21 juillet 1728, le consul de la communauté A. Laget, suite à une délibération du 11 juillet, emploie la somme de 120 livres reçue de François Achard marchand à Aouste pour faire réparer la culée et la fontaine du pont de Sye endommagées par la rivière. Toutefois cette somme venait au prorata de ce que François Achard devait à la communauté.

En 1752, le 7 mars, l’Intendant du Dauphiné, Pierre Jean François de la Porte, au vu de l’arrêt exécutoire du Conseil du Parlement en date du 18 janvier, ordonne l’imposition sur une ou plusieurs années sur les fonds des Trois Ordres (Noblesse, Clergé et Tiers-état) d’une somme de 5 748 livres pour l’adjudication des réparations à faire au pont de Drôme.
 
Le 30 juin 1747 une importante crue de la Drôme emporte la culée du pont et une arche de la rive gauche privant la communauté d’Aouste ainsi que les communautés environnantes «… de Piégros, Aubenasson, Saint Sauveur, Saoû, Ansage, Omblèze, La Vacherie, Le Pescher (Le Pêcher), Eyglui, Col de Véraud, Le Cheylard, Baix aux montagnes (Plan de Baix), Gigors, Beaufort, Suze, Cobonne, Montclar, Mirabel, Véronne, Vachères, La vallée de Quint, Pontaix, Sainte Croix, Saillans et plusieurs autres… », de moyens de communication entre Montélimar, les Baronnies et le Diois.

Les consuls J.P. Ponson et Eymery, dans l’incapacité financière de la communauté de supporter une telle charge, sollicitent l’Intendant, suite au constat des dégâts par l’ingénieur des Ponts et Chaussées de la province M. Roland, un devis estimatif des réparations s’élevant finalement à 4 446 livres a été établi par Jacques Guerguy, géomètre à Montélimar. Les consuls demandent que cette somme soit couverte par des fonds des Ponts et Chaussées ou par une imposition particulière sur la province, cette espérance de financement s’avérant aléatoire, la communauté demande la permission d’imposer sur les Trois Ordres et de percevoir un « droit de pontonnage » sur les « étrangers » (c’est à dire les usagers hors communauté d’Aouste) durant 10 ans. Cette suggestion ne sera pas suivie d’effet. L’Intendant accorde seulement un dégrèvement de 600 livres sur l’année 1748 et 700 livres sur celle de 1749. La communauté ne pouvant supporter les 2 146 livres restantes sollicite à nouveau l’Intendant pour faire réparer ce pont. Quelle réponse de l’Intendant ? Mystère. Aucune archive ne fournit de réponse.

Toutefois un document (AM DD 4/60) nous dit qu’: « En exécution de ses ordonnance des 20 et 29 mars 1749 et ensuite de la commission donnée au sieur Guergui par M. Sibeud votre subdélégué, le dit sieur Guergui a dressé un devis estimatif des réparations à faire au pont de Aouste sur la Drôme, ce devis porte les sommes nécessaires pour les réparations à celle de 6546 livres 5 sols, il reste Monseigneur, de passer l’adjudication pour l’entreprise de cet ouvrage… ».

De même la communauté d’Aouste avait en charge pour moitié, avec Mirabel, les réparations du pont de Gervanne à Blacons endommagé par la crue de Gervanne. Au début de 1750, une autre crue de la Drôme avait entièrement emporté tout ce qui avait été « refait de frais » et avait rendu le pont à nouveau impraticable.
 
En 1766 suite aux inondations de la Drôme au quartier du Vivier, rive droite en amont de la rivière, après une délibération de la communauté en date du 1er décembre 1766, le consul Louis André sollicite l’Intendant Christophe Pajot de Marcheval pour obtenir la permission de faire dresser un devis estimatif et passer un bail au rabais pour construction d’une digue. Le 22 janvier 1767, l’Intendant ordonne au subdélégué Sibeud de nommer un expert ; ce sera M. Granjon, maçon à Aouste. Un dégrèvement de 400 livres sera accordé par l’Intendant.

En février 1776, la Drôme se manifeste à nouveau avec ses violents caprices, les pluies fréquentes font fondre les neiges de février. Elle ravage le terroir d’Aouste en amont du pont de Crest.

Force est de constater que nos aînés avaient de sérieux problèmes avec les crues de nos ruisseaux et rivières, qu’ils devaient appréhender chaque pluie et chaque orage qui s’annonçait. Annihiler tous leurs efforts, tous leurs biens, leurs cultures semblait chose assez fréquente et les indemnités de secours étaient plus que rares en ces siècles.

 
Le réseau d’eau potable


Situées tout près du torrent de Sye, à 700 m environ au nord-est du bourg, au quartier des Gauchoirs, les eaux destinées aux fontaines d’Aouste-sur-Sye sont toutes réunies à l’angle nord de la propriété de M. Gresse Pierre.

Par délibération du 26 mai 1872 le conseil municipal affecte les remboursements de dépenses pour la garde nationale à la construction des fontaines. Un descriptif complet des travaux de construction du puisard (regard), du réservoir (180 m3), les métrés et section des conduites (tuyaux en terre cuite de Bollène) est arrêté en date du 2 septembre 1874. Les bornes fontaines et la dalle sur laquelle elles reposent sont en pierre de Saillans. L’alimentation en eau s’effectue au moyen d’un tuyau en plomb sur lequel est fixé un « robinet à bascule ». Le marché de travaux, conclu le 28 avril 1875 avec le sieur Thomas, entrepreneur, s’élève à huit mille cinquante six francs quarante quatre centimes.
 
A partir de 1943 plusieurs bornes fontaines sont en service dans le centre bourg. L’alimentation en eau potable jusqu’au robinet de chaque habitant débutera dans la deuxième moitié du XXe siècle.


Où se situent les sources?
 
Sur un document des Archives communales de 1660 deux sources sont répertoriées proches du ruisseau de Sye (rive gauche), l’une dans le fonds de Pierre Bonnardel et l’autre dans le fonds de Jean Monestier.

En 1735 Étienne Moulin, maçon, effectue des travaux pour l’établissement et la perfection d’une fontaine depuis le terrain de Raymond Bertrand, au quartier du Pontel jusqu’à la place publique et prolongation jusqu’au pont de Drôme ; ceci pour un coût de 425 livres. (En 1735, un journalier gagnait 15 sols par jour, cela représentait 570 jours de salaires ou, l’équivalence de 4 bœufs, de 33 porcs ou de 106 moutons).

En 1757, un devis est établi pour 990 livres pour le rétablissement de fontaines suite à une crue de la Sye qui a détruit les conduites.

 

  Claude Grangeon