Le canal Souvion à La Clastre
Au cours du 19ème siècle, dans une période de forte croissance démographique, les priorités des habitants sont la protection contre les crues de la Drôme et l’irrigation des terres agricoles.
Ce nom de canal Souvion, du nom du citoyen qui, le premier, en conçut la pensée, se chargea de l’exécuter, avança pour cela ses propres capitaux et donna, pour le remboursement, des facilités qui prouvent son désintéressement et le désir bien louable de concourir à la prospérité de son pays.
Le canal de la rive gauche de la Drôme en aval de Saillans est creusé en 1815 pour alimenter les moulins de Gourdon. Il prend les eaux de la Drôme près de Saillans, traverse une partie du territoire de cette commune, ceux de Saint-Sauveur, Aubenasson et Piégros, et va porter ses eaux dans le mandement de la Clastre. En 1829-1830, l’ouvrage est prolongé jusqu’aux limites de Piégros et d’Aouste.
Il a coûté 60000 francs pour une longueur totale de 7500 mètres. Il arrose 800 sétérées de terres qui, brûlées par les chaleurs de l’été, ne produisaient presque rien avant cette belle opération, tandis qu’elles donnent aujourd’hui autant et plus que les meilleures terres de la vallée : l’augmentation de produit de la première année a presque suffi pour couvrir la dépense. On est ravi, en voyant cette plaine, naguère si aride, présenter partout le tableau de l’abondance et de la fécondité. Les arbres, dont la végétation était arrêtée par la dureté de la terre qui ne laissait point percer les racines , prennent chaque jour un admirable accroissement. Les eaux sont si abondantes, qu’elles pourraient être portées plus loin, et fertiliser 150 sétérées de plus, sans l’inconcevable opposition de deux particuliers, qui s’obstinent à refuser le passage sur leurs terres, quoiqu’on leur ait maintes fois offert une indemnité de plus du double de la valeur réelle de leur propriété. L’opinion publique de la contrée a fait justice de cette entrave malveillante. Espérons que l’administration saura y mettre un terme, et que l’excédant des eaux, qui, arrivé à ce point, est maintenant rejeté dans la Drôme, faute d’emploi recevra bientôt une destination plus conforme aux véritables intérêts de l’agriculture.
En 1832, Balthazar Souvion crée un moulin à farine et un pressoir à huile ; mais l’installation ne fonctionne que le quart de l’année, par manque d’alimentation pérenne en eau. Le moulin à huile existe toujours, en amont de l’église.
Sources :
- Statistiques de la Drôme de Nicolas Lacroix (1835)
- Extrait du PLU de Piégros-La Clastre