Deux siècles de calamités

Deux siècles de calamités



Entre 1600 et 1800, et même auparavant, les intempéries qui frappent notre région prennent des proportions dramatiques, ayant des conséquences économiques, démographiques et sociales .

Les moyens existants durant ces périodes étaient insuffisants voire inexistants, les techniques d’alors ne permettaient pas de lutter et de contenir efficacement contre les éléments. L’intervention humaine encore très discrète se révèle incapable de régulariser les fleuves ou de modifier la vitesse des eaux. Les terres étaient insuffisamment protégées et vulnérables aux crues. La population devait composer avec la nature.

Les hommes devaient endurer ces épreuves à répétition avec son cortège de malheurs: mort, ravages des cultures, réparations permanentes des routes et chemins détruits, ruine, destruction des édifices et des maisons, famine, abandon des terres devenues improductives ou emportées par les eaux, exode vers les villes avec leur famille afin de trouver de l’emploi qui, souvent, se soldait par la mendicité.

Avec les variations climatiques, d’un climat plutôt sec et doux pendant la période romaine, à une période plutôt chaude des IXe au XIIIe siècles, succède une période de 1550 à 1850 est appelée « le Petit Age Glaciaire » ; celles-ci amènent les catastrophes climatiques.

Il a été constaté dans les diverses archives ou annales des écarts notables et soudains de température entre l’hiver et l’été, avec un froid intense, un vent du nord glacial, nombreuses et importantes chutes de grêle annuelles et dévastatrices, gel des rivières et du Rhône, qui, non canalisé, envahissait de larges étendues de terres productives et une chaleur intense desséchait toutes les cultures.

De même il est fait mention de plusieurs secousses telluriques ressenties dans la région, causant des dégâts aux bâtiments et aussi des pertes humaines.

On relève dans les registres paroissiaux des communautés de nombreuses processions ordonnées par l’évêque pour conjurer le sort mais avec une efficacité toute relative ( 1681, 1706, 1729, 1731 pendant 8 jours, 1741, 1785, 1786).

En outre, on note que les apparitions de comètes et d’éclipse sont, suivant les croyances populaires, sources de catastrophes et de fin du monde, tel pour le 12 août 1654. Le 12 mai 1706, à Etoile, le notaire Laplante écrit dans son – Livre de Raison – » le mercredi 12 mai est arrivé vers les 10 heures une grande éclipse de soleil, qui est devenu noir comme du charbon durant presque une heure qu’on y voyait goutte , le temps estant néanmoins fort calme, tout ce lieu d’Estoille estant entouré de ce temps là et les habitants sortis de leurs maisons avec des miroirs et des benattes pleines d’eau, chacun disant sa raison sur cette matière. Faut prier Dieu qu’il lui plaise de nous garantir des accidents qui peuvent arriver pour raison ce cette éclipse« .



A titre d’exemples, quelques évènements pour la Drôme :



– les inondations emportent des quartiers entiers des territoires de communautés : perte du quart du territoire à la Roche de Glun en 1686 , quartier Vivier à Aouste sur Sye en 1670, 800 setérées à Montélimar en 1674, à Etoile en 1690, 300 setérées à Vinsobres en 1739.

– ponts détruits ou endommagés : Romans (1651, 1712), Montélimar, Aouste sur Sye le 28 juin 1747 le pont de Drôme, le 30 juin le pont de Sye et en partie celui de Gervanne.

– maisons détruites en de nombreuses communautés : 1622 , à Bouchet, une vingtaine de maisons emportées par la rivière. A Aouste sur Sye en 1747, 12 maisons ruinées.

– murailles et fortifications: en 1610 les murailles de Buis les Baronnies, en 1617 et 1783 murailles de Bourg les Valence, en 1627 et 1747 remparts et fortifications de Montélimar, en 1651 château d’Ancone, en 1651 murailles à Valence, en 1737 remparts à Allan.

– moulins emportés à Bouchet en 1622, à Pizançon en 1651 et 1670, à Pont de Barret en 1691



Un aperçu sur deux siècles dans notre région où l’on voit que Aouste sur Sye n’a pas été épargné et a bien malgré lui payé son tribut aux intempéries.



1600 : débordement des rivières, froid intense qui gèle les rivières

1605 : sécheresse d’avril à septembre

1606 : sécheresse extrême le Rhône guéable à l’Homme d’Armes

1607/1608 : un grand hiver avec 55 jours de gel continu

1612 : à Valence le 24 août, processions pour obtenir la pluie après 2 mois de sécheresse qui avaient tari les puits et fontaines.

1615 : été excessivement chaud et hiver avec froid intense

1620/1621 : hiver très long et glacial , gelées rudes de fin janvier à fin février

1623 : cinq semaines de forte chaleur

1630 : vent glacial causa la morts de 45 soldats vers Tulette

1632 : hiver froid et long, en juin les gens sont obligés de se couvrir comme en hiver ensuite deux mois de sécheresse perdureront

1649 : le 20 juillet la grêle ravage le territoire d’Aouste sur Sye

1651 : inondations multiples et désastreuses , destructions de ponts, de moulins, maisons de la basse ville emportées à Valence

1670 : inondation dévastatrice à Aouste sur Sye (voir les extraits des archives municipales, annexe I et annexe II)

De 1660 à 1672 : le gel intense, la grêle, les inondations, et la sécheresse se succèdent, dévastent tout le territoire et détruisent les récoltes, en 1670 dans tout le Dauphiné les vignes sont détruites

1673 : inondations notamment à Montélimar Les dégâts sont évalués à cent mille écus

1676 :gelées dévastatrices à Aouste sur Sye

1681 : extrême sécheresse, les évêques ordonnent des prières publiques et des processions

1683/1684 : froid terrible en janvier 1684 et neige abondante

1684 : été très chaud, inondations désastreuses 27 et 28 juin

1689 : 26 avril inondation à Montoison

1690 : 9 octobre, inondation dramatique à Etoile, maisons emportés et plusieurs personnes noyées

1691 : abondantes chutes de neige

1694/1695 : hiver très long de octobre à mars 1695 avec de fortes gelées et de la neige abondante

1699 : été avec de très fortes chaleurs

1701 ; neige le 30 avril suivie de chaleurs extraordinaires

1702 : à Aouste sur Sye le 21 octobre un déluge ruine la majeure partie du territoire renversant arbres et murailles

1705 : été si chaud que certains thermomètres (d’époque) se brise par dilatation, les habitants se réfugiaient dans les caves

1709 : hiver terrible: gel des fleuves et rivières en France. A Nyons le froid tua tous les oliviers et fit émigrer le quart de la population. Les blés gelèrent aussi le prix du pain atteignit en juin 35 sous les 9 livres au lieu de 7 ordinairement En Août un forte tempête de grêle détruisit tous les arbres fruitiers qu’ils soient gros ou petits, jeunes ou vieux

1715 : hiver très froid et neigeux

1717 : inondation, la Drôme emporte la culée du pont d’Aouste sur Sye le 13 juillet

1718 : été excessivement chaud, 6 mois sans eau

1719 : une des années les plus chaudes et les plus sèches suivant les délibérations consulaires du département

1722 : hiver si chaud que les fleurs apparaissent en février, le 31 août pluie, orage et grêle frappent et dévastent le territoire d’Aouste sur Sye

1723 : sécheresse générale d’une durée de 3 mois provoquant une disette de fourrage mais en contrepartie, le peu de vin récolté est d’excellente qualité

1727 : chaleur considérable, sept mois de sécheresse

1728/1729 : hiver très rude, forte chutes de neige en avril, perte des oliviers

1733 : ouragan à Nyons qui détruisit les oliviers

1740 : hiver très long et froid qui dure de octobre à mars 1740, et temps froid et pluvieux en été qui compromet les récoltes; en Dauphiné et Provence, perte des oliviers

1742 : une fois n’est pas coutume dans la Drôme excellentes récoltes

1743 : gelées et sécheresse

1744 : hiver d’une extrême rigueur, le Rhône est gelé à Valence, on peut le traverser à pied

1745 : grandes et multiples inondations en fin d’année: Rhône, Roubion, Ouvèze, Aygues, Lez, Drôme, etc..

1747 : en septembre la pluie qui dure 3 jours provoque de grandes inondations, à Aouste sur Sye les ponts de Sye et de Drôme sont emportés

1749 : à partir du 10 mai pluies froides mêlées de grêle et de neige, plusieurs jours de gel en juin, dès octobre rigueur d’une température extraordinairement froide

1752 : suite à une nouvelle crue, à Aouste sur Sye le pont de Drôme nécessite des réparations pour un montant de 5748 livres

1760 :été particulièrement chaud, sécheresse

1762 : chaleur et sécheresse, pluie à partir de l’automne et il y eu un second printemps

Inquiétudes des communautés riveraines de la Drôme suite au dessèchement du lac de Luc conséquent à la sécheresse successive des années 1757 à 1762 pouvant entraîner une catastrophe économique, démographique et sociale. Envoi d’un ingénieur des Ponts et Chaussées Mr Bouchet par l’intendant du Dauphiné et de députés des communautés concernées (AM Aouste sur Sye DD 3/69)

1764 : sécheresse importante les rivières étaient taries, le 6 août fort orage de grêle qu ravagea la région, suivi de pluie qui envahit les maisons

1766 : hiver rude; froid intense de novembre à fin février, surtout du 13 décembre au 15 février; arbres fendus, vignes perdues d’où vin à 10 sols le pot, de nombreuses personnes sont mortes de froid et de manque de nourriture , car le travail ayant été interrompu pendant cinq mois par suite du mauvais temps, la misère fut effroyable tant dans les campagnes que dans les villes.

Requête auprès de l’Intendant des consuls d’Aouste sur Sye pour la construction d’une digue au quartier du Vivier pour le protéger des crues répétées de la Drôme (AM Aouste sur Sye DD 3/72 voir annexe III)

1767 : hiver très rude. Michel Forest dans ses Annales dit : » il tomba de la neige avec un froid si violent la veille, le dimanche de Pâques et le lundi suivant que la glace avait un demi pouce d’épaisseur, la gelée brûla toutes les vignes, mûriers et noyers, rien de si terrible que le froid de ces trois jours« . A Romans, le 19 avril, une délibération consulaire demanda un vœu au Sacré Cœur La neige se maintint plus d’un mois dans les campagnes.

1771 : hiver long, le gel débute en octobre jusqu’à fin février, le froid dure jusqu’en juin

1772 à 1775 : pluies diluviennes et fortes grêles, plusieurs secousses et tremblements de terre successifs se manifestent jusqu’en 1783

1774 : débordement du canal des moulins de Aouste sur Sye à Crest suite à une crue de la Drôme et dégradation du Grand Chemin Royal jusqu’au pont de la Lauzière (AM Aouste sur Sye DD4)

1776 : froid intense jusqu’à –22, vent du nord violent et très froid, arbres et vignes perdus, à ce froid succèdent les pluies fréquentes qui occasionnèrent en février une importante fonte des neiges et il s’ensuivit que la Drôme dévasta Aouste sur Sye et en amont du pont de Crest

1779 : hiver exceptionnellement doux sans pluie ni neige . Michel Forest écrit « l’hiver fut si beau que peut-être n’en avait t’on jamais vu de pareil, le froid ne vint que le lendemain du jour de l’an. En février et en mars il fit le plus beau temps du monde, sans pluie ni neige, car on n’en vit point cette année »

1780 à 1782 : violents orages de grêle dévastateurs, brouillard intense, inondations , violentes secousses de tremblement de terre

1783 : hiver rude avec des pluies abondantes provoquant des inondations, des orages violents éclatent avec leurs lots de destructions (maisons, moulins, routes terres), la foudre tue en plusieurs endroits et un épais brouillard se répand . Le curé de la paroisse des Tourettes écrit dans le registre des baptêmes : » En cette année 1783, il s’est élevé un brouillard dans l’horizon, sur la fin may, qui a duré tout le mois de juin, il n’y avait que quelques jours d’intervalle; le peuple était effrayé croyant que cela annonçait quelque malheur; les personnes instruites ne savaient à quoi attribuer ce phénomène; certains visionnaires avaient déjà prédit la fin du monde. Cette fumée était si épaisse que l’on n’y voyait pas à cent pas devant soi; dans ce même temps il y eut en Provence des tempêtes affreuses: un curé qui faisait l’abjuration fut emporté par la foudre « 

Par ailleurs, une délibération du Corps Administratif de Valence du 19 décembre constate : » l’intempérie survenue depuis le 11 décembre, par la quantité de neige qui engorge les chemins et couvre jusqu’à près de deux pieds de hauteur la surface du territoire entre Rhône, Isère et Drôme et la gelée qui n’a cessé depuis »

Une note insérée dans les registres paroissiaux de Chateauneuf du Rhône dit : « le pain, le vin, tout était gelé sur la table, devant le feu. Le Rhône a été passé sur la glace au port du Teil par le nommé Pierre-Noël Monier. Le froid a duré du 15 novembre au 12 janvier allant à peu près toujours croissant « 

1785 : une grande sécheresse occasionna une perte importante du cheptel par manque de foin

1786 : une importante crue de la Drôme emporte les digues quartiers des Plantas et Soubeyran (archives privées)

1787 : en juillet et août de brusques écarts de température donnèrent lieu à une épidémie de dysenterie

1788 : l’hiver de 1788 – 1789 fut d’une rigueur inouïe, on subit 86 jours de gelée, jusqu’à –17° à Marseille. Quantité d’actes du Dauphiné constatent que les froids prolongés de cet hiver firent périr les vignes, les oliviers et autre arbres. Le 27 décembre il tomba une si grande quantité de neige sur les plateaux du Vivarais que les chemins furent complètement obstrués que plusieurs personnes moururent de froid.

Le Livre de Raison des frères Micault clôt l’année 1788 par ces réflexions : »Fin d’année remarquable qui fera époque dans l’histoire par trois circonstances: la première , fermentation dans les esprits et surtout dans le Tiers-Etat; la deuxième , sécheresse sans exemple pour la saison; la troisième, froid si excessif, qu’aucun vieillard existant n’en a senty de pareil, même pendant l’hiver 1709« 

Le 18 novembre 1788 Demande de délibération pour exécution d’une digue à Aouste sur Sye, sur la Drôme, avant ordonnance d’imposition (Annexe IV)

1789 : Le 14 janvier la débâcle des glaces sur le Rhône qui dura plusieurs jours fit craindre pour la solidité des ponts. Les glaçons de 14 à 18 pouces d’épaisseur et formant des plateaux de plus de cent pieds carrés de surface, entraînés par la violence du courant fient des dégâts considérables; bateaux entraînés et brisés, bacs à traille détruits, moulins et usines emportés

A Ancone , toute la plaine est couverte par plus de quatre pieds d’eau, le village est coupé en deux, les maisons sont emportées

A Saint Paul Trois Châteaux les dégâts occasionnés par le froid aux arbres et cultures sont estimés à 60850 livres

Grignan sollicite de l’évêque de faire gras quatre jours de la semaine par suite de a rigueur excessive de l’hiver qui a détruit les herbages et pommes de erre pouvant servir à l’alimentation

Le curé de Tulette écrit dans les registres paroissiaux le 6 janvier 1789 : »….nous avons, à la réquisition de Sieurs François Mondan et Elzéar Moréac, consuls, commencé à faire des prières publiques pour demander à Dieu le changement de temps, crainte qu’il n’arrive une famine par le manque d’eau aux moulins, et le 7, nous eûmes une neige très abondante; dieu exauça les prières que le peule lui adressait avec sincérité, fit changer le temps. Le 8 un grand vent fit fondre presque toute la neige qui fut remplacée par une autre du 8 au 9 , mais e jour là la douceur du temps commença à fondre cette nouvelle neige »

En novembre eut une crue exceptionnelle

Le 22 juillet, une crue de la Drôme causa des dégâts aux digues en construction à Crest

1790 : L’été et l’automne sont tellement secs que les vignes ne donnent presque rien et qu’un contemporain dira :  » ….aussi le vin est il d’une cherté horrible, sans doute par une attention de la Providence qui a, par cette privation, arrêté et empêché une partie des excès et atrocités auxquels se seraient portées les têtes déjà exaltées par un patriotisme mal entendu, si à l’effervescence de l’esprit de parti se fut jointe la frénésie bachique »

1793 : froid durable puis chaleur excessive et sécheresse.

L’abbé Cotte dit dans sa « Météorologie » que : « pendant les mois d’avril et de mai, le thermomètre descendit au dessous de zéro et qu’en juin on faisait encore du feu dans les appartements. Le 4 juillet l’air commença à s’échauffer , dès le 8 la chaleur était excessive et elle monta jusqu’à 38°4 centigrades à l’ombre et au nord. cette chaleur si forte succédant à un froid continu et à une sécheresse prolongée produisit des effets désastreux. dans les jardins et dans les champs, les légumes furent grillés, les fruits séchaient sur les arbres, les meubles craquaient et les fenêtres se déjetaient (sortir des châssis)….. A Valence on eut pendant plusieurs jours 40° « 

1794 -1795 : hiver rude, pluies abondantes, deux périodes de gelées intenses, grêle

1800 : violent ouragan sue la vallée du Rhône pendant deux jours (24 à 26 novembre): arbres déracinés, maisons endommagées, dégâts considérables, violent incendie occasionné par la foudre

Les deux siècles qui suivent n’épargneront pas Aouste sur Sye puisqu’en 1819, le 24 mai une pluie diluvienne provoquera des inondations dévastatrices, le désastre se renouvellera le 8 juin et tout au long des années, le lot de gel, grêle, sécheresse et inondations.



Ouvrages consultés

  • Archives municipales d’Aouste sur Sye (séries DD et EE)
  • Les Annales de Michel Forest
  • Météorologie de l’abbé Cotte
  • Recueil d’observations météorologiques de la Commission Météorologique Départementale de la Drôme




ANNEXE I



Supplique de 1670 au bureau de l’Election de Montélimar (AM Aouste DD4/48)

« ….Remontrent que leur terroir est exposé aux ravines des eaux traversé par divers torrents et par plusieurs rivières dont leurs débordements ont emporté plus sur deux tiers de trois fonds et que ce que l’on ait sauvé et presque tout possédé par le clergé ou par la noblesse qui l’on garantit par la force des dépenses qu’ils y ont fait . De manière que les suppliants ne jouissent pas de terre et fonds labourable encore la plus grande partie est ou stérile ou ne produit que de gros grains, et si dans si dans leur mandement il y a quelques vignes qu’elles sont sujettes à la mortalité que la rigueur des hivers leur cause, aux gelées leur grillent et commencent à pousser leurs bourgeons et aux grêles à « compistrer » alors que leurs fruits semblent permettre quelque recours à ceux qui ont donné leurs soins, leurs peines et leur habileté pour la culture des fonds qui les portent. Ainsi temps passé ayant tiré tous les noyers après que toutes les vignes , une bonne partie des autres arbres fruitiers à empêcher les amandiers de produire seulement une amande et de plus cette rigoureuse saison ayant mangé les germes . De plus de la moitié de leurs grains et de plus des trois quart des légumes, le peu qui était échappé à sa violence fut la proie de la grêle qui tomba dans le mandement du dit Aouste du mois de mai de l’année et la chute en fut si grande et si longue , si rude qu’elle ravagea et enleva toutes les espérances et tous les moyens que les suppliants avaient de payer la taille du roi.

Et en effet comme ils n’ont pas recueilli presque pour semer, que les vins, les huiles et les autres fruits leur ont gravement manqué. La taille royale de cette année n’a pas été payée que de la vente de leurs meubles et bestiaux. Tous on été convaincus de donner à vil prix pour se décharger de la dépense des archers que les receveurs de l’Election leur avaient mandé, et que les suppliants n’avaient pas eu la puissance d’arrêter . Si bien qu’ils n’ont point celle de subvenir au paiement de la taille royale qui est sur le point d’être imposée pour l’année prochaine……. »



ANNEXE II



Extrait du registre du bureau de l’Election de Montélimar en date du 21 janvier 1671 (AM Aouste EE 43)

« …. et avec lui vient Pierre Achard, Simon Colombier et Jacob Archinard, tous habitants du même lieu, lesquels auront exposé que leurs terroirs se tiennent entièrement séparé et divisé en deux par la rivière de Drôme dont les débordements sont si fréquents que les habitants en reçoivent presque toutes les années la perte entière de leurs fruits outre la perte de leurs fonds qui aboutissent à la dite rivière que d’ailleurs leur dit terroir est encore traversé de la rivière de Gervanne, de plusieurs torrents ou ruisseaux de Creyssalon ou Lozière, Lauzens, Fontagnau (Fontagnal), Artigouler, Peyroulan (actuellement deux quartiers de Mirabel et Blacons), La Baurie (Borie) et Bourne, lesquelles par leurs débordements et leur chute des montagnes de Corneyret, Saume Longue, Cournier, Gour vieux ou Gounaud d’où ils descendent, emportent, sablent ou engravent leurs fonds qui sont au penchant des dites montagnes. De plus que l’hiver dernier fut si rude que la rigueur de celui-ci a suivi. La plus grande partie de leurs vignes et leurs noyers étant anéantis ni vin ni huile, n’étant pas même en état de cultiver de longtemps que par-dessus la mortalité, leur terroir fut affligé de la grêle au mois de mai et d’août ne leur ayant laissé aucun fruit et les mettant dans l’impossibilité de pouvoir semer le peu de fonds qui les ont nourris, exposent en outre qu’ils ont souffert d’étapes des logements des gens de guerre depuis environ quinze ou seize ans qui leur a chargé la pensée de la plus grande partie des habitants qui n’ayant pas de quoi pouvoir fournir aux dits logements ont abandonné leurs biens et maisons et se sont réfugiés aux villages voisins du dit Aouste, qu’en outre leur terroir est de toute petite contenance et de peu de valeur. Pour leur malheur, les fonds étant possédés par le clergé ou par la noblesse en franchise de taille, ne leur en restant pas pour employer six paniers d’œufs. Comme ils offrent de justifier par leur cadastre que néanmoins et nonobstant la petite étendue de leur terroir, ils sont extrêmement surchargés de feux au-delà de leurs forces et de la portée de leurs fonds et de quoi ils offrent de justifier par le cadastre de leurs avoirs. Et finalement qu’ils ont quatre poules et un coq.

Après quoi serions sorti de notre logis accompagné du substitut du dit procureur du roi, greffier et experts et conduit par le dit consul et autres habitants dans tout le dit lieu d’Aouste et suivant ceci, une maison après l’autre où aurions vu au banlieu des campagnes douze maisons ruinées dans leurs fondements et planchers sont à bas, ensemble que les maisons d’ici après sont déshabitées à cause, en logements des gens de guerre, savoir celles desdits nommés Louis Michel, Guillaume Moréty, les Bories de François Eynard, Pierre Baudouin, les bories d’Antoine Reynier, ceux de Gaspard Chanaud, Genthon Grangeraye, Barthélémy Taliotte, Jean Dufez, David Meffre, Jacques Peloux, Claude Brun, Antoine Brun, autres Antoine et François Brun, Claude et Jean Baud, bories de Jean et Pierre Reynaud, ceux de Louis Duffon Pierre de la Baume, Barthélémy Melleon, Jean Chaix, James Peyrol, Geoffroy Boulle, Philibert Finon, borie de Louis Meyneo, Ambroise Chaix, borie de Jean Reynier, Daniel Seguin, borie de Joseph Pacoi, Louis Paquelon, Guillaume Chipron, Guier de Ladret, borie de Vincent Chipron, Sauveur Monteillet, Louis Cuoc, Antoine Daurier, Antoine Railhon, Claude Chaix, Martin Grangier, Dimanche Freschet et Mathieu Guillaud, ce qui cause au dit lieu , un dommage très considérable et d’autant que dès lors que le moindre logement au dit lieu on ne trouve pas des habitants pour les loger et la dite visite faite nous serions retirer.

Du même jour environ l’heure de midi serions parti de notre dit logis avec les ci-dessus pour continuer notre visite et être conduit au quartier appelé de la Rat (Larra) joignant le terroir de Crest et puis les quartiers de la Rouvière (Rouveyre), Fontagnau (Fontagnal) Peyroulan et Artigoulier limitrophes du terroir de Mirabel où aurions reconnu avec les dits experts que les ruisseaux et torrents qui traversent les dits quartiers leur ont causé beaucoup de préjudice en leurs fonds et notamment celui de Fontagnau qui leur a couvert de pierres ou de graviers, environ dix sétérées de leurs fonds les plus précieux que la rigueur de l’hiver dernier a été si grande qu’elle a tué un tiers de leurs vignes n’ayant pas cueilli un dixième du vin qu’ils en avaient accoutumé de percevoir et de tout n’en percevront que fort peu, que les noyers qu’ils ont le long de la rivière de Drôme sont entièrement perdus et que voir les autres qui se trouvent situés dans les environs du dit terroir Il y en a la moitié de morts ayant entièrement perdu l’année dernière toute la récolte d’huile outre ce dessus les dits experts nous ont affirmé que la grêle qui tomba au mois de mai et d’août l’en gâta le peu qui avait échappé à la rigueur. Enfin hier aurions ensuite parcouru au-delà de la rivière de Drôme les quartiers appelés Millassolle, Lauzens et la petite Baurie qui sont traversés par les torrents de Lauzens et de Beaune, lesquelles descendant des montagnes de la forêt de Saou, et de Bois Vieux, endommagent extrêmement les fonds qui sont au bas des dites montagnes. Entour lesquels quartiers, les dits experts nous auraient fait remarquer que pareil dégât était arrivé aux vignes et noyers et au restant d leurs fruits tant par la rigueur du dit hiver que de la grêle, ensuite de ce aurions visité avec les dits experts et Marc Davin, un maçon du dit Aouste , auquel nous aurions enjoint de nous accompagner voir les ponts qui sont sur la rivière de Drôme, de Gervanne, de Sye et de la Lauzière ….. »



ANNEXE III

(AM Aouste DD 3/72,;72/1;72/2; 72/3)



Assemblée Générale

Du quatorzième jour du mois de décembre mille sept cent soixante six à l’heure de midi et dans la maison consulaire du lieu d’Aouste par devant nous Jean Guiremand maire du dit lieu , le sieur Jean Louis Attenor secrétaire

Est comparu sieur Louis André consul moderne de la communauté du dit lieu d’Aouste lequel nous a représenté que de notre autorité il a fait convoquer l’assemblée générale, duquel comparant et réquisition, nous dit maire octroyons actes.

Et à l’instant sont comparus sieurs Antoine Forjet, François Dorille, Jean Pierre Milharet, Jean Pierre Bouroulet, Pierre Barthelemy, Claude Tavan, Joseph Attenor, François Prudhomme, François Vincent, Claude Bouroulet, Louis Giroder, Pierre Attenor, Antoine Terrasse, Jacques Rolland

Propose encore le dit consul qu’il a reçu une ordonnance de dégrèvement qu’il a plu à Monseigneur l’Intendant de cette province d’accorder à cette communauté le 18 novembre dernier dans la distribution des dégrèvement de la somme de 400 livres en considérations des pertes et dommages causés la présente année 1766 par différents accidents, la diminution de la taille de l’année prochaine 1767 pour être imposée de moins dans le rôle de taille de la dite année, et attendu que le quartier le plus précieux du territoire de cette communauté qui est celui du Vivier à la partie droite de la rivière de droite supérieure au pont sur la même rivière, n’a point participé aux dégrèvements accordés à différentes communautés pour des réparations quoique cette communauté soit dans le même cas et soit tout le dit quartier du Vivier qui a besoin d’être réparé par des digues ou autres pou garantir la perte totale de ce même quartier qui arrivera par les irruptions de la rivière si on ne le répare et à cet effet le dit sieur consul requiert qu’il serait nécessaire de délibérer pour supplier Monseigneur l’Intendant de changer la destination dudit dégrèvement de 400 livres et d’en accorder la main levée pour les employer à l’objet dont il s’agit et a signé

L André consul

Conclu et délibéré à la pluralité des voix vu l’ordonnance de dégrèvement énoncée dans la proposition du dit consul de laquelle lecture en a été présentement faite, que pouvoir est donné au dit consul de se pourvoir par requête à Monseigneur l’intendant au nom de la dite communauté pour le supplier d’accorder la main levée des dites 400 livres en changeant la destination du dit dégrèvement pour les employer à des réparations contre la rivière de Drôme au quartier du Vivier attendu que ladite communauté n’a point participé aux dégrèvements accordés sur ce fait, à l’effet de quoi mondit Monseigneur l’Intendant sera supplier d’ordonner que sera dressé un devis estimatif des dites réparations contenant l’adjudication de l’endroit où elles seront posées, le tout par devant le commissaire qu’il lui plaira de nommer à ces fins.

De tout quoi nous dit maire avons donné actes pour servir et valoir ce que de raison et nous sommes soussignés avec ceux qui ont lieu non les autres pour être sortis avant la clôture de la présente, savoir de ce enquis et requis, Guiremand maire, L André consul, Dorille, Guiremand fils, C Bouroullet, P André, F Esveque, J P Milharet, P Achard, Tavan fils, C Baral, Forjet, F Achard, P Barthelemy, Attenor secrétaire

Collationné Attenor secrétaire

Requête

Supplient humblement sieur Louis André consul moderne de la communauté d’Aouste , Election de Montélimar, subdélégation de Crest

La communauté d’Aouste ayant reconnu dans la délibération du 14 décembre 1766 qu’elle est intéressée en corporation de communauté de défendre contre les irruptions de la rivière de Drôme le quartier du territoire de la dite communauté appelé le Vivier, elle a chargé le suppliant de se pourvoir à votre Grandeur Monseigneur pour obtenir la permission de faire dresser un devis estimatif et passer un bail au rabais des ouvrages nécessaires pour repousser la dite rivière

A ces causes le suppliant recourt à votre Grandeur Monseigneur, vu la délibération ici humblement jointe du 1°décembre 1766 permettre à la communauté d’Aouste de faire dresser par expert à ces fins énoncées un devis estimatif des ouvrages à faire pour garantir des irruptions de la dite rivière de Drôme le quartier du territoire d’Aouste appelé le Vivier, et ordonner qu’il sera passer adjudication au rabais des dits ouvrages par devant le commissaire commis pour cet effet pour le tout rapporté à votre Grandeur , être pourvu ainsi qu’il appartiendra et les habitants de la communauté continueront leurs vœux pour la santé et prospérité de votre Grandeur

Réponse de l’Intendant

Vu la délibération du 14 décembre 1766 et la présente requête

Nous intendant ordonnons que, par experts qui seront nommés par le sieur Sibeud notre subdélégué au notre département de Crest ou celui qui sera par lui commis il fera dressé par lui un devis estimatif de réparations à faire contre la rivière de Drôme, pour le dit devis lu dans une assemblée de la dite communauté et a nous rapporté. Etre ordonné ce qu’il appartiendra .

Fait à Grenoble le 22 janvier 1767

En l’absence de Monsieur l’Intendant

Moisson

Nota : le devis estimatif sera de 400 livres le 26/1/1767 fait par Louis Granjon maçon du lieu

d’Aouste



ANNEXE IV



(AM Aouste DD3/73)

A Romans le 18 novembre 1788

Monsieur le Directeur Général, Messieurs, désirant avant de faire expédier l’arrêt du conseil pour autoriser l’adjudication et de permettre l’imposition à laquelle vous devez contribuer pour la construction d’une digue contre la rivière de Drôme, connaître par une délibération en forme le consentement et le vœu des intéressés à l’exécution de cet ouvrage , vous voudrez bien en conséquence tenir une assemblée sans perte de temps et en m’adressant une copie de la délibération qui aura été prise pour faire passer au ministre

Je suis, messieurs, votre très humble et très obéissant serviteur